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La Réunion, victime de la gestion impérialiste de la France

25 septembre 2019

Lors d’un débat sur ’L’urgence climatique face à l’impérialisme’, Gaëlle Antoine a expliqué la situation de La Réunion d’hier à aujourd’hui, évoquant les conséquences du colonialisme et des politiques menées dans l’île depuis 1848.

Après avoir exposé l’histoire de La Réunion, la jeune femme a expliqué : "on est passé d’une société esclavagistes a une société capitaliste comme cela a été analysé par Karl Marx, en seulement 50 ans. Alors qu’en Europe, il aura fallu plusieurs siècles. La société réunionnaise se structure alors entre grands propriétaires, petits propriétaires et ouvriers qui étaient d’anciens esclaves, et les engagés".

Le contexte économique se base alors sur "la canne et le chemin de fer (qui, ndlr) ont été la matrice du mouvement social à La Réunion. Le chemin de fer faisait le lien entre le prolétariat agricole et le prolétariat industriel jusqu’au docker".

Le front populaire d’avril 1936 à avril 1938 "a un échos fort à la Réunion. Mais les réunionnais veulent l’égalité de traitement et la fin du système colonial. Se forme alors le CRADS, une alliance entre les politiques, les syndicalistes et les intellectuels de tout bords politique pour mettre fin au système colonial", a expliqué cette dernière.

En 1945, le mot d’ordre de la Départementalisation émerge, afin de permettre le développement des îles et surtout de rattraper le retard de développement sur la France continentale, et de bénéficier des mêmes droits que les français. "Mais le gouvernement va trahir cet espoir et prendre des mesures qui vont augmenter les inégalités et ont encore des conséquences aujourd’hui", a assuré Gaëlle Antoine.

En effet, cette dernière a évoqué la prime de vie chère pour les fonctionnaires du continent et non les réunionnais, ce qui est encore aujourd’hui considéré comme "un apartheid social", favorisant l’implantation de monopoles d’importation.

Pour preuve, "des grandes firmes telles que le groupe Bernard Hayot qui bénéficie de zones franches, sans oublier le géant Tereos, la Caisse d’Epargne, ... qui "pillent les richesses de l’île, et permettent aux capitaux de sortir du pays".

"Nous sommes donc actuellement face a un système néocolonial", a assuré Gaëlle Antoine. A cela s’ajoute, la suppression du train entraînant la suppression d’emplois, le renforcement des monopoles automobiles et pétroliers : "cela a aggravé la dépendance de La Réunion vis-à-vis de l’extérieur. Le tout voiture pose un énorme problème environnementale et de santé publique".

"La forte démographie fait que nous sommes face a un coma circulatoire. La seule réponse apportée par les autorités nationales et locales sont de développer les infrastructures routières", dégradant l’environnement de l’île.

Ainsi, "la politique de développement ne prend pas en compte l’évolution démographique qui a explosé ces dernières décennies. Aucune anticipation. L’urbanisation se fait de manière anarchique et sans normes adaptées à un pays tropicale", a assuré la saint-pierroise.

"La réponse apportée par le gouvernement est purement raciste et sexiste", a assuré cette dernière, notamment avec les campagnes menées auprès des femmes réunionnaises dans les années 1960 à 1980 avec la politique de Michel Debré : expériences contraceptives criminelles, avortements et stérilisations forcés.

A cela s’ajoute "des déportations d’enfants (vers la Creuse), et un départ organisé des jeunes prolétaires vers la France par le BUMIDOM et aujourd’hui le CNARM. Du coup, la classe ouvrière réunionnaise est à 10 000km du pays".

La Réunion est passée très rapidement d’une société de plantation, basée sur l’agriculture à une société de consommation capitaliste avec 23% d’illettrisme avec chez les jeunes, 49% de la population sous le seuil de pauvreté, 50% des actifs sans emplois...

D’ailleurs, "la crise de la canne mêle les crises écologiques et sociales de La Réunion. En effet, la convention établie entre l’État et les planteurs, permettant la priorité d’achat de la canne réunionnaise, va prendre fin d’ici 2020, alors que la production sucrière réunionnaise n’est plus rentable depuis longtemps. Aucune transition n’est engagée, or la canne fait vivre des milliers de familles. C’est un exemple de gestion impérialiste : la France a fait de la réunion une île sucrière, et maintenant qu’elle n’en a plus besoin, elle abandonne les planteurs à leur sort".

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Messages

  • Impérialisme ou néocolonialisme ou les deux en même temps sont des mots peut être un peu trop forts pour définir le comportement de la France envers la Réunion . C’est vrai que la France aurait pu mieux faire pour l’île de la réunion compte tenu de son appartenance à la nation française sans conteste depuis plus de 3 siècles . Mais Il faut bien admettre que les réunionnais n’ont jamais vraiment été dans une situation de liberté d’égalité et de fraternité totale par rapport aux populations métropolitaines comme l’exige notre devise nationale . Le principe de gouvernement qui a prévalu le plus souvent pour la gestion de l’île de la Réunion a été la discrimination négative pour favoriser certaines catégories de la population réunionnaise ou pour réduire au minimum le coût des obligations de l’Etat français pour ses français d’outre mer . Les seules discriminations positives ont profité aux plus riches sur le plan fiscal ou aux fonctionnaires de l’Etat en poste à la Réunion qui ont bénéficié peut être de manière abusive d’une sur rémunération par rapport aux salaires pratiqués dans l’île et aux conditions de vie dans l’île .

    Cependant malgré cette discrimination négative ,il faut rester réaliste et admettre également que compte tenu de la situation économique et sociale dans laquelle se trouvait la Réunion au lendemain de la 2eme guerre mondiale nous avons eu beaucoup de chance d’appartenir à la nation française jusqu’ici .Que serions nous devenus si dans les années 1960 La Réunion avait obtenu son indépendance comme la plupart des pays de l’empire colonial français ? Si cela avait été le cas, il est probable que notre situation ne serait pas actuellement beaucoup plus différente que celles de nos voisins malgaches ou comoriens .

    Certes il y a nos voisins mauriciens qui ont bien tiré leur épingle du jeu et qui sont devenus un exemple à suivre pour beaucoup de pays pauvres mais c’est sans doute parce que l’île Maurice appartenait à l’empire colonial britannique et que la politique de décolonisation des anglais a été très différente de celle de la France et aussi parce que les dirigeants mauriciens ont surtout travaillé pour la progression de leur pays et ont su exploiter tous les atouts qu’ils possédaient dans ce but .

    Aujourd’hui les réunionnais subissent toujours plus ou moins les méfaits de l’impérialisme et du colonialisme mais ils n’ont pas besoin d’obtenir l’indépendance pour se libérer de ces deux fléaux . ils peuvent prendre leur destin en main en tant que réunionnais mais en réclamant le droit d’être français à part entière par les moyens qui leur sont donnés par les lois et les institutions françaises . Le monde a beaucoup changé depuis 1960 notre population a été multipliée par trois et les progrès de la technologie nous permettent de communiquer instantanément avec toutes les parties du monde pour faire entendre notre voix . Si nous nous laissons le champs libre au néocolonialisme et à l’impérialisme nous devons nous en prendre qu nous même et assumer totalement les conséquences .

  • Bonjour,
    Globalement Gaelle Antoine a raison, bien que certaines de ses affirmations paraissent quelque peu péremptoires.
    Cependant on ne peut pas laisser dire qu’il existerait une différence de traitement entre métros et Réunionnais.
    Les fonctionnaires de l’Etat sont traités de manière égalitaire n’en déplaise à certains. La majoration de traitement (et non la prime de vie chère) est appliquée, sur le territoire de la Réunion sans distinction d’origine.... Et c’est heureux !!! Métropolitains, Réunionnais, autres domiens, femmes, hommes, tous avons la même majoration de traitement. Je n’y voit aucun colonialisme. A force de vouloir forcer le trait, on en arrive au mensonge et conséquemment à l’impossibilité d’un quelconque dialogue. Bien à vous.

  • Enfin, une reunionaise lucide ! La France leur a lavé et délavé le cerveau qu’ils avaient perdus leurs identité, et sentiment de révolte qu’ils ressentaient autres fois avait disparus.


Témoignages - 80e année


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