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Conversation avec Paul Vergès - 2/4 -
5 janvier 2009
Le journaliste et intellectuel réunionnais Patrick Singaïny, qui vit et travaille en Martinique, a rencontré Paul Vergès le 20 août dernier pour une longue interview. Nous continuons à reproduire de larges extraits de cet entretien, publié par des confrères antillais (voir notre édition de samedi dernier). Dans le premier volet, paru donc samedi, il a surtout été question de la célébration du 20 Décembre, du 10 Mai et de la mémoire historique à cultiver autour de l’esclavage et du marronnage. Pour Paul Vergès, un des symboles forts de cette lutte des Réunionnais pour la liberté est le piton Cimendef, du nom de cet esclave marron qui signifie en malgache : « Celui qui ne courbe pas la tête »...
Patrick Singaïny : Donc, pour vous, la sérénité du moi ne peut être qu’une chose que l’on prend, que l’on arrache ?
- Paul Vergès : C’est une chose que l’on revit en soi. Il s’agit d’un processus relativement inconscient.
Le premier signe de barbarie de l’espèce humaine se manifeste quand on se regarde sans connaître l’autre et qu’on le juge par la couleur de sa peau. Cette attitude a prévalu pendant des siècles.
Or, celui qui est sous le regard de l’autre, sous sa domination politique, physique, souvent violente, intègre cette dévalorisation. L’ambiguïté du métissage, c’est qu’il n’est pas reconnu comme valeur propre à la rencontre de deux êtres.
Parfois, le métis se sent fier d’avoir en lui une part de l’être perçu comme supérieur. On classe les gens selon des degrés différents de métissage. C’est une des valeurs les plus réactionnaires que je connaisse. Il faut la combattre jusqu’à la faire disparaître.
Une victoire inconsciente des Réunionnais, c’est qu’aujourd’hui, quand on demande à un Réunionnais ce qu’il est, il ne répondra pas qu’il est une couleur ; il dira : « je suis métis » ou « réunionnais ». C’est le début d’une prise de conscience de la richesse que représente l’apport de tous, sans que l’un ou l’autre soit privilégié.
Le passage au statut de Département
Quand on considère l’épopée de la conquête de la départementalisation, on est surpris, d’emblée, de découvrir que le cadre culturel de la lutte anticoloniale est paradoxalement franco-français.
- Quand on est parvenu à vouloir abolir les étouffantes inégalités sociales, on s’est tourné instinctivement vers le modèle de la “métropole”. Ce sont les luttes ouvrières de là-bas qui ont inspiré cette partie des salariés de La Réunion qui englobaient toutes les couches sociales, ouvriers agricoles, petits agriculteurs, ouvriers d’usines, cheminots, dockers...
Avec les grandes luttes du Front populaire est née simultanément à La Réunion et aux Antilles la revendication qui devait permettre en un seul acte d’acquérir toutes les lois sociales en vigueur en France : le passage au statut de Département.
Nous étions certes des citoyens français ayant le droit de vote, mais soumis au régime des décrets. On ne pouvait étendre les lois françaises que par décret du Ministère des Colonies. Les forces anticolonialistes ont donc pensé que si on abolissait ce régime des décrets et qu’on obtenait la pleine citoyenneté par la départementalisation, on aurait automatiquement le bénéfice égalitaire de ces lois.
Cette revendication portait en elle une contradiction qui s’est révélée ultérieurement, mais qui était alors masquée par l’ampleur de la conquête sociale. Si à La Réunion la loi était portée par Raymond Vergès - mon père - et par Léon de Lépervanche, c’étaient aux Antilles Aimé Césaire et Léopold Bissol, Gaston Monnerville en Guyane.
Les bénéfices de ces conquêtes, qui ont changé nos sociétés, ont primé sur les dangers que comportait cette réforme de caractère assimilationniste. Cette ambiguïté est d’ailleurs incarnée par Aimé Césaire lui-même, rapporteur de la loi du 19 mars 1946, lui qui avait déjà livré cet écrit fondamental qu’est “Le Cahier d’un retour au pays natal” (1939) et réveillé ainsi toute la société martiniquaise.
Une contradiction toujours portée par nos sociétés
Aimé Césaire a déclaré qu’il avait créé le néologisme “départementalisation” en remplacement du mot “assimilation” en songeant qu’avec un tel aménagement, il aurait été possible d’y revenir afin de faire évoluer le processus.
- Il portait cela en lui. Cela explique à la fois la revendication d’autogestion du Parti Progressiste Martiniquais et celle d’autonomie du Parti Communiste Martiniquais qui ont abouti finalement à la revendication d’autonomie de nos pays. On essayait de concilier les conditions d’une intégration, notamment sociale, et le respect de l’identité propre de nos peuples. Cette contradiction est toujours portée par nos sociétés, dans des conditions autres.
(à suivre)
• Les inter-titres sont de notre Rédaction.
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