Propositions pour l’avenir du Sud - 1 -

« La route de la corniche n’est pas la seule priorité »

17 octobre 2006

Voici la première partie d’un communiqué du Collectif pour le développement de la micro-région Sud dénonçant l’inégalité de traitement entre le Nord et le Sud et avançant des propositions pour remédier à cette situation.

Nous sommes actuellement au carrefour de décisions qui engagent La Réunion non pas pour 20 ans, 30 ans mais pour 100 ans voire 150 ans, soit plus d’un siècle. Nous faisons référence ici à la nouvelle liaison Saint-Denis-Possession, au tram-train et au Parc National des Hauts.
Car si nous prenons toute la mesure de ces projets, cela nous situe inexorablement vers l’avenir. L’Homme réunionnais se trouve alors face à son destin. Il est par conséquent assigné au titre de citoyen de s’associer au débat et d’émettre des points d’inquiétudes. C’est le sens même de cette sollicitude d’audience.
Mais avant d’étayer notre exposé, nous souhaiterions préciser comment est né le collectif de citoyens que nous représentons.
Ce collectif a pris naissance au lendemain du tragique éboulis de la route du Littoral : un dramatique éboulis de trop qui avait cristallisé la population et suscité une vive émotion. Cette concentration émotionnelle et médiatique autour du centrifuge “route du Littoral” faisait apparaître une inégalité de traitement entre le Nord et le Sud éclipsant ainsi les priorités du Sud notamment en matière de route.
C’est alors que, sudistes que nous sommes et frustrés une fois de plus, nous nous sommes constitués en collectif pour rassembler des citoyens de Saint-Leu à Saint-Philippe en passant par Cilaos et le Tampon afin de s’engager véritablement dans un combat de propositions et de signifier l’existence d’autres centres d’intérêt à un moment où tout semblait se focaliser sur la route du Littoral.
En dehors des projecteurs, nous avons alors décliné nos priorités et avons approché la Région Réunion afin de faire part de nos inquiétudes. C’est alors que nous avons été invités à participer et à travailler auprès d’autres citoyens au sein d’ateliers programmés dans le cadre des travaux de Révision du SAR. Nous avons alors eu l’opportunité d’émettre des recommandations propres aux besoins du Sud.

L’État doit s’engager totalement dans le financement de la nouvelle route du Littoral

Et aujourd’hui, c’est à nouveau la route de la corniche qui nous conduit à réagir. Nous souhaiterions signifier que si la route de la corniche est une priorité, elle n’est pas la seule priorité. De plus, cet axe n’est pas comme l’on pourrait le croire le centre névralgique de La Réunion et est souvent loin des préoccupations quotidiennes de la majeure partie de la population. En effet :

- 75% des marchandises stockées sur les quais du port sont distribués vers l’axe Ouest/Sud,

- d’autant que la majeure partie de la population, soit 38%, réside dans le Sud,

- et lorsqu’un sudiste veut rejoindre le Nord, bien souvent, il emprunte la RN3 et la RN2.

En outre, nous éprouvons des besoins dans lesquels s’est engagé le Conseil régional, faisant d’ailleurs partie de ses priorités :

- la déviation de Grand-Bois

- la voie pénétrante de Saint-Joseph

- la route de Cilaos

- la RN2

Pour ces raisons, nous interpellons l’État par l’intermédiaire de son Ministre François Baroin et du nouveau Préfet Paul-Henry Maccioni pour dire que l’État doit s’engager totalement dans le financement de la nouvelle route du Littoral afin de permettre à la Région qui endossera la compétence de la gestion des Routes nationales d’honorer ses engagements envers le Sud.
Car si l’État s’engage seulement à 25 ou à 40% comme l’on entend ici et là, cela signifierait qu’il faudra puiser dans les caisses de la Région ou dans de plan DOCUP (dans les fonds européens). Cela aurait pour conséquence un réel recul d’investissement devant les priorités du Sud.

Redistribuer les forces économiques, administratives, sociales, sanitaires à l’ensemble des microrégions

Par ailleurs, nous ne pouvons pas isoler la problématique de la nouvelle liaison Saint-Denis-Possession du schéma global du développement de La Réunion. Ainsi, cette nouvelle liaison doit s’accompagner d’un rééquilibrage infrastructurel et économique des microrégions en adéquation à un schéma de cohérence global. Car dans le cas contraire d’une telle démarche, la nouvelle liaison Saint-Denis-Possession accentuera de développement macrocéphale de Saint-Denis. Pour rompre avec ce schéma d’hypertrophie de la capitale et pour éviter les effets d’étranglement de goulot à l’entrée de Saint-Denis, nous préconisons de redistribuer les forces économiques, administratives, sociales, sanitaires à l’ensemble des microrégions et cesser de privilégier les rapports avec le Nord.
Nous disons que le mode financement ne doit pas gager le développement du Sud, car il ne contribue en rien à son développement. Et demandons à l’État de s’engager dans toute sa responsabilité dans ce financement afin que la Région Réunion et l’Europe puissent consacrer davantage d’efforts financiers pour les priorités du Sud (même s’il est vrai que la Région s’engage beaucoup au bénéfice du Grand Sud). Car si la réalisation de cette nouvelle liaison est nécessaire, les projets routiers du Sud n’en sont pas moins.
Notre collectif pour le développement de la microrégion Sud émet de sérieuses inquiétudes et craint que si l’État ne s’engage que faiblement dans la route du Littoral, des fonds européens et régionaux risquent d’être absorbés et aurait pour conséquence la mise en retrait les priorités routières du Sud.

Le Sud risque d’être lésé

Le Sud souffre d’insuffisances infrastructurelles et semble être oublié.
Cela ne concerne pas seulement les routes, il est de même pour les transports collectifs.
Ainsi, nous savons à l’heure d’aujourd’hui que l’extension du tram-train vers le Sud a été validée par le Conseil régional et qu’actuellement sont menées des études pour son tracé final.
Mais la question qui nous taraude et qui revient est pourquoi l’État ne s’engagerait pas de manière significative dans le financement du tram-train, cela est la condition de son extension vers le Sud. Ainsi, nous sommes conscients que le prolongement du réseau tram-train est conditionné par la réalisation de sa première phase. Par conséquent, sa réalisation est nécessaire.
Le Collectif pense qu’encore une fois que le Sud risque d’être lésé. Nous demandons donc solennellement que le projet tram-train dans sa globalité soit financé à proportion raisonnable par l’État, permettant ainsi à la Région d’avoir les moyens de mettre en œuvre cette extension dans les meilleurs délais.
Car si l’Est n’en veut pas de ce projet, le Sud l’exige ; il faciliterait notamment la mobilité des étudiants du Sud. Il pallierait nos défaillances et contribuerait à une équité d’accessibilité aux services.
Aussi, de manière générale, nous disons qu’il ne peut y avoir de développement de La Réunion sans le développement du Sud. Cet équilibre spatial peut au contraire être un effet de levier à l’essor général de La Réunion. Ignorer cela c’est faire abstraction d’une réalité car :

- faut-il rappeler que d’ici 30 ans, le Sud accentuera sa prépondérance avec 133.000 résidents supplémentaires pour contenir 37% de la population totale selon l’I.N.S.E.E.?

- faut-il rappeler que le Sud contient le plus grand nombre de chômeurs, soit 45% du total, 18% de l’ensemble des érémistes et contient le plus faible pourcentage de jeunes diplômés, 37% et 10% de moins du total de cadres et professions intermédiaires ?.

Le Sud dans une situation d’injustice spatiale

Le contraste à ces chiffres, c’est de constater l’inertie des pouvoirs publics à corriger ce déséquilibre car le Sud bénéficie seulement de 20% des investissements total (hors route des Tamarin) injectés sur l’ensemble de La Réunion.
Le Sud se trouve donc dans une situation d’injustice spatiale qui doit être pris en charge par la puissance publique qui n’exerce pas suffisamment son rôle républicain, car :

- Qu’en est-il justement du développement de l’Université du Sud ? Les jeunes sont défavorisés par rapport à leurs homologues du Nord : il existe peu de filières couvrant le cursus complet LMD, absence de formations novatrices, ajournement des filières (l’école de Kiné, l’école de l’agroalimentaire).

- Qu’en est-il du TCSP Bus qui est du ressort du Conseil général et des Communautés d’agglomérations ?

- Qu’en est-il du développement de la Zone d’Activité de Pierrefonds ?

À suivre...


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