Près de 170.000 chômeurs, pénurie de logements sociaux, vers un million d’habitants

La rupture ou l’impasse

1er mars 2014, par Manuel Marchal

Crise du logement et hausse du chômage : le système actuel est à bout, il ne peut plus faire autre chose qu’aggraver la situation.

A Bellemène Saint-Paul, c’est l’absence temporaire d’un bureau de Poste qui a poussé à la manifestation. Cet événement révèle la tension qui existe dans de nombreux quartiers à La Réunion.

Deux informations publiées dans la semaine montrent que La Réunion se dirige droit dans le mur. La première, c’est le rapport sur le mal-logement de la Fondation Abbé Pierre. 25.000 logements sont considérés comme insalubres. Cela veut dire qu’une famille réunionnaise sur quatre est obligée de vivre dans des conditions difficiles. Cela pose des problèmes de promiscuité, et cela ne favorise pas la réussite scolaire dans le système actuel.

Entre 20.000 et 25.000 familles sont en attente d’un logement social. Ce nombre ne bouge quasiment pas. Pourtant, le logement social est affiché comme une priorité par les gouvernements qui se succèdent à Paris. C’est même un secteur qui bénéficie de la défiscalisation. Mais dans l’état actuel, le modèle de production n’arrive pas à répondre aux demandes. Et sans changement radical, se pose la question de savoir comment les demandes actuelles seront satisfaites, tout en sachant que la population augmente de 10.000 personnes par an, dont une grande partie sera éligible à un logement social ?

Pas assez d’emplois

L’autre information, c’est la progression du nombre de Réunionnais inscrits à Pôle emploi au mois de janvier. Il a frôlé les 170.000, c’est une crise sans précédent. Là aussi, le système montre toutes ses limites. Car la pression sur l’emploi va augmenter. Chaque année, ce sont près de 10.000 nouveaux bacheliers. Ces 10.000 annuels revendiqueront un travail quelques années plus tard. À eux s’ajoutent les milliers de jeunes qui sortent chaque année de l’école avec un diplôme de niveau 5, ou sans diplôme. Cette pression relative tout de suite les 5.000 emplois d’avenir. La pierre angulaire de la communication du gouvernement sur l’emploi est submergée par la croissance des besoins.

Dans l’état actuel, le nombre d’emplois est insuffisant. Et la politique d’émigration vers la France a elle aussi montré toutes ses limites. C’est donc vers un autre modèle qu’il faudra aller, sinon le chômage continuera d’augmenter. Dans plusieurs quartiers de communes de La Réunion, le taux de chômage dépasse déjà les 50%, ce qui signifie que les chômeurs sont plus nombreux que les salariés. C’est ce vers quoi conduit le modèle actuel.

Le monde ne nous attendra pas

Le chômage massif alimente la grande pauvreté. Plus de 40% des Réunionnais vivent sous le seuil de pauvreté. Ils sont confrontés à des prix plus élevés qu’en France, avec des revenus inférieurs.

Les indicateurs sont donc confirmés. Transposés à la France, ils donneraient ceci : 10 millions de chômeurs, 30 millions de personnes sous le seuils de pauvreté, 15 millions d’habitants dans des logements insalubres. Il est clair que si c’était la réalité de la France, ce pays mènerait une autre politique que celle qui est appliquée à La Réunion.
Il est vrai également que notre île ne se situe pas en Europe, mais dans l’océan Indien. Les pays bordant cet océan sont la région du monde qui va connaître les plus importantes croissances démographiques et économiques.

C’est là que réside une possibilité d’espoir pour La Réunion. Mais cela suppose une rupture avec la vision européocentriste actuelle.

 M.M. 

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Messages

  • Entre rupture et impasse, à mon humble avis, il est peut-etre necessaire de réfléchir aussi sur les décisions prises au sommet et leurs concrétisatisations sur le terrain.
    QU’est ce qui fait au sortir de la moulinette il y a autant d’insatisfaction ?

    Les décisions politiques quant elles vont dans l’interet géneral , surtout quand il s’agit de soulager la misère, elles doivent etre appliquer sans délai.


Témoignages - 80e année


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