La crise souligne l’impasse

La situation des communes illustre la fin d’un modèle

21 avril 2010, par Céline Tabou

De par ses décisions politiques, l’ancienne direction de la Région avait fait de la collectivité le moteur de la commande publique. C’était le rempart en termes d’investissements, avec 60% du budget au moins. Ce résultat était sans équivalent en France. Cela permettait un partenariat institutionnel avec les communes pour la réalisation de projets importants et créateurs d’emploi, Mais aujourd’hui, les premières annonces de la nouvelle direction de la Région sont d’utiliser l’argent épargné pour le redistribuer sur le court terme.

A partir de là, qu’est ce qui va rester comme investissements si la Région passe d’une logique de projet à celle de guichet ?
A l’heure actuelle toutes les communes de notre île ont des difficultés financières qui auront du mal à se résorber avec la crise financière internationale, et les menaces qui pèsent sur l’octroi de mer. Cette taxe représente 1/3 des recettes des communes. Par exemple, la commune du Port perçoit de l’octroi de mer 13,2 millions d’euros sur un budget total de 84,7 millions. La suppression de la taxe entraînerai un manque à gagner considérable, cette recette représente les dépenses des services généraux et d’aménagement.

L’épuisement d’un modèle économique

Difficile dans le contexte actuel de trouver des solutions, ce qui rend d’autant plus significative la remarque du président de la Chambre régionale des comptes dans le "JIR" de lundi. Ce dernier propose comme issue la diminution des charges salariales des communes. Cela consiste à renvoyer des milliers de salariés pour réduire les coûts des communes. Cette proposition ne résout pas le problème de financement des mairies. L’important aujourd’hui est de proposer des alternatives permettant la relance économique sur le territoire des communes afin que ces dernières puissent élargir leurs recettes fiscales.
Car dans l’état actuel de la situation, c’est l’augmentation des impôts qui permet d’équilibrer.
L’exemple de Sainte Rose est édifiant, il montre que la pénurie d’emploi à La Réunion a des répercussions considérable sur une colllectivité, avec une hausse de 5% des impôts. La commune est frappée par un taux de chômage de 50% et la diminution des recettes fiscales, le maire, Bruno Mamindy-Pajany, compte sur les subventions nationales et européennes pour mener à bien sa politique.
Or, comme l’a indiqué Roland Hoarau, adjoint aux finances à la mairie de Saint Pierre, le taux de subvention atteint difficilement 20% au lieu des 30% habituel.
Cette situation met en avant l’impasse du modèle économique des communes, et le besoin de trouver de nouvelles alternatives correspondant à la situation réunionnaise, sans attendre l’importation de solutions inadaptées à notre réalité.

Les communes se sont substitués à l’État

Car à La Réunion, les communes jouent un rôle spécifique d’amortisseur de la crise sociale pour faire face au défaillance de l’État dans le domaine de l’emploi. Les communes ont embauché et ont par la suite du augmenter leurs dépenses de fonctionnement, et de charges salariales. Ce traitement social du chômage reposant sur les communes et non pas sur l’État est aujourd’hui remis en cause par l’accentuation de la crise. Les communes arrivent aux limites de leurs capacités car elles ne peuvent à la fois régler le problème du chômage et remplir leurs compétences.
L’illustration de cette impasse est la baisse des taux d’investissements des communes. Non seulement, c’est la première fois depuis des années, que ce taux est aussi bas à la Réunion, et la crise financière complique l’accès aux crédits.
Jusqu’à présent, la Région était parvenue à consacrer 60% de son budget dans l’investissement pour relancer l’activité réunionnaise avec le lancement de chantier de route moyennes, et de grandes envergures, dont la Route des Tamarins, la Route du littoral, et le Tram Train. Autrement dit, plus de 60% du budget de la Région était destiné à la création d’emplois ce qui soulageait les communes.
Mais la nouvelle direction change la donne. La remise en cause de ces projets par Didier Robert va repousser la reprise économique de la Réunion, et pénaliser les communes, qui sont confrontées à une hausse générale du chômage. La dégradation de la situation des communes est un exemple de l’arrivée au bout d’un cycle. Cela montre clairement l’échec de l’importation d’un modèle pensé pour une réalité différente de celle de notre pays.
A l’occasion d’une conférence de presse, lundi 19 avril, le Parti Communiste Réunionnais, a appelé à "ne comptez que sur nous mêmes". Cela se traduit par un appel au développement durale de l’économie de la Réunion, grâce aux richesses déjà existantes dans notre île.

Céline Tabou


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