Gélita Hoarau au Sénat :

La situation sociale va s’aggraver dès la rentrée du Bâtiment en janvier 2009

4 décembre 2008

Mardi soir au Sénat, la Sénatrice Gélita Hoarau est intervenue dans le débat relatif au Budget 2009 de la mission outre-mer du gouvernement.
Elle a attiré l’attention de la Ministre Michèle Alliot-Marie et du Secrétaire d’Etat Yves Jégo sur l’aggravation de la situation sociale à La Réunion.
Pour éviter la catastrophe, elle a, à nouveau, proposé la création de deux services publics : l’un dans l’environnement et l’autre concernant l’aide à la personne.
Elle a également rappelé la nécessité de maintenir le cap sur les objectifs du Plan Régional de Développement Durable (PR2D), élaboré par la Région Réunion.
Voici de larges extraits de son intervention avec des intertitres de ’Témoignages’.

« La Réunion est l’un des départements qui connait la plus forte croissance démographique. Dans une vingtaine d’années, elle atteindra un million d’habitants. Elle est donc au carrefour des chemins.
Si rien ne change, tous les problèmes qu’elle connaît s’aggraveront.
Je veux parler du taux de chômage qui repart à la hausse pour atteindre à nouveau 30%, des 65.000 érémistes, des 30.000 demandeurs de logements sociaux, des 120.000 illettrés, des 300.000 personnes relevant de la CMU et plus généralement des 52% de la population vivant sous le seuil de pauvreté.
Ou alors, on s’oriente vers des solutions innovantes, en rupture avec celles qui ont prévalu jusqu’à présent et qui ont inspiré tous les plans gouvernementaux avec les résultats que l’on connaît.
C’est dans cet esprit que la majorité régionale de La Réunion a élaboré un plan de développement, appelé Plan Régional de Développement Durable (PR2D), en concertation avec les partenaires sociaux et les autres collectivités locales »...

« C’est ainsi qu’un programme de grands travaux a été élaboré pour une période allant jusqu’en 2014, portant sur plus de 3 milliards d’euros : route des Tamarins, Tram-train, nouveau tracé de la route du Littoral. Ce programme a fait l’objet d’un accord de principe et de financement en 2007 à Matignon. Ces grands travaux maintiendront en activité des milliers de travailleurs dans le Bâtiment. De plus, ils règleront de manière durable le problème des déplacements à La Réunion et, avec le Tram-train, dans le respect de l’environnement »...

« Créer des dizaines de milliers d’emplois »

« Toutefois, la fin du chantier de la route des Tamarins, qui génère plus de 3.000 emplois directs et indirects, et l’attente du début des autres grands chantiers font craindre une période de forte récession. De plus, l’arrêt ou le report de certains travaux ainsi que les interrogations quant à l’efficacité du nouveau dispositif de défiscalisation qui remplacera le système en vigueur nourrissent les plus vives inquiétudes.
Des milliers de travailleurs craignent pour leurs emplois ; pendant que des dizaines d’entreprises s’inquiètent pour leur survie. Des prévisions tablent même sur le licenciement de quelque 3.000 à 4.500 ouvriers dès janvier prochain, à la reprise du travail dans le Bâtiment. Si ce n’est pas 9.000, comme le prédisent certains »...

« Pour tenter de maintenir le secteur du BTP à un niveau d’activité plus acceptable, le Conseil régional, le Conseil général, l’Association des Maires et les représentants de La Réunion Économique se sont réunis en “Comité de suivi” afin d’inventorier les travaux en étude, pour faire sortir les projets, définir les priorités et accompagner autant que possible leur réalisation. Des engagements ont été pris par l’ensemble des partenaires. Ce qui devrait éviter toute diminution importante d’activité dans ce secteur »...

« Cependant, cette crise fait ressortir plus que jamais l’impérieuse nécessité d’apporter une réponse à ceux qui sont le plus dans l’attente, c’est-à-dire les chômeurs et les demandeurs de logements sociaux.
Pour les premiers, l’entrée en vigueur du RSA doit être une opportunité à saisir de toute urgence. Nous pensons qu’il est possible à cette occasion de satisfaire les besoins de La Réunion dans des domaines très précis et de créer par ce fait des dizaines de milliers d’emplois. Ces domaines concernent principalement l’environnement et les services à la personne », pour lesquels la Sénatrice propose la création de deux services publics.

Quels moyens pour le logement ?

« Concernant le logement social, manifestement, Monsieur le Secrétaire d’Etat, votre budget ne donne pas les moyens de faire face aux besoins des Réunionnais.
En 2009, la LBU comportera 258 millions d’euros en autorisations d’engagements et 209 millions en Crédits de paiements.
Ces chiffres sont supérieurs à ceux de 2008.
Mais ils sont inférieurs au montant moyen des crédits affectés durant la période 2005/2007 : qui était de 270 millions d’euros.
Par ailleurs, le problème réside dans les difficultés qu’éprouvent les promoteurs sociaux à utiliser ces crédits ».

« L’augmentation des coûts de production, de nouvelles exigences réglementaires font qu’il existe un écart de l’ordre de 30% entre les coûts réels de production et les paramètres financiers de la LBU.
Le résultat le plus tangible de cette situation : c’est qu’avec un même budget, on finance de moins en moins de logements. A la fin des années 90, on pouvait se donner comme objectif la construction de 4.500 à 5.000 logements sociaux par an à La Réunion. Nous sommes aujourd’hui à une moyenne de 2.800 logements par an, y compris le locatif social et très social.
Nous savons que vous êtes en train de préparer de nouveaux textes pour réévaluer ces paramètres financiers.
Selon les informations en notre possession, il semble que vos propositions sont, certes, des améliorations, mais elles ne répondent pas suffisamment aux attentes de la profession ».

« Dernier élément sur ce chapitre : l’Etat a signé avec les 24 communes des contrats d’objectifs fonciers qui fixent des perspectives de construction de logements sociaux. Selon de nouvelles modalités, le projet de Budget 2009 est présenté dans le cadre d’une programmation triennale couvrant la période 2009-2011. Nous ne voyons pas, dans les chiffres annoncés, les moyens pour répondre aux objectifs fixés par ces contrats d’objectifs ».

« Un budget sous embargo »

« Monsieur le Secrétaire d’Etat, d’une manière générale, votre budget sera voté avant celui de la loi-programme. Il est en quelque sorte un budget sous embargo puisque la plupart des dispositions qu’il doit financer, c’est-à-dire les fonds exceptionnels d’investissements, les aides aux intrants et aux extrants, la continuité territoriale, le nouveau système d’exonérations de charges, le nouveau dispositif de défiscalisation, etc... seront applicables après le vote de la loi-programme. Autrement dit, elles entreront en vigueur avec trois, voire six mois de retard.
Au début de l’année prochaine, vous nous présenterez votre projet de Loi-programme pour l’Outre-mer. Cela nous donnera l’occasion de débattre plus profondément de la politique que le gouvernement compte mettre en place pour nos départements et collectivités.
La discussion sur le projet de loi de Finance pour 2009 n’est, au mieux, qu’un avant-goût de ce futur débat auquel nous y ajouterons notamment les préoccupations de nos producteurs vis-à-vis de l’entrée en vigueur des APE l’année prochaine et celles des agriculteurs à propos de la fin des Accords sucriers européens en 2014. Nous souhaitons connaître les initiatives que compte prendre le Gouvernement pour faire face à ces nouvelles menaces ».

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