
Mal-do-mèr dann sarèt
28 juin, parLo zour la pokor kléré, Zan-Lik, Mariz é sirtou Tikok la fine lévé, mèt azot paré. Madanm Biganbé i tir zot manzé-sofé, i donn azot, zot i manz. (…)
Vers un accord de partenariat économique entre l’Union européenne et l’Afrique orientale et australe
5 mai 2015, par
Plus de 175.000 demandeurs d’emploi inscrits officiellement à Pôle emploi : même Corina Cretu, Commissaire européenne à la Politique régionale, reconnaît que c’est le problème numéro un. Comment préserver les acquis qui protègent les plus pauvres de la misère tout en faisant reculer le chômage au moment de l’ouverture totale de l’économie à la concurrence des pays voisins ?
Lors de sa conférence de presse, Paul Vergès a rappelé une échéance. C’est la signature de l’accord de partenariat économique entre l’Union européenne et les pays voisins. Ces accords fixent de nouvelles relations : l’ouverture totale du marché de l’Union européenne aux produits venant les pays d’Afrique orientale et australe, sans la réciprocité. Cela signifie que les pays avec qui l’Union européenne signe un APE peuvent exclure de la concurrence des produits qu’ils jugent essentiels. La Réunion est traitée comme n’importe quelle autre région européenne. Tout ce qu’elle produit peut être concurrencé.
Quelques différences existent dans le droit entre La Réunion et une région en France. C’est tout d’abord la présence de l’octroi de mer, une taxe sur les importations qui n’existe pas en Europe. Elle donne la possibilité d’augmenter le prix des marchandises importées pour que les produits réunionnais aient plus de chance de se vendre à La Réunion. C’est ensuite la défiscalisation qui permet à des entreprises de baisser le coût de production en payant moins d’impôts parce qu’elles produisent à La Réunion. Ce sont aussi des fonds européens proportionnellement plus importants, car La Réunion est considérée comme une région en Objectif convergence, ce qui n’est le cas d’aucune région en France.
Pour le moment, un accord intérimaire est en place. Il donne déjà une indication de l’avenir. Dans l’alimentation, des produits importés de pays de notre région sont déjà dans les rayons de la grande distribution à un prix inférieur à l’équivalent réunionnais, alors même que les marchandises importées sont plus taxées, renchéries par l’octroi de mer. Mais ces taxes ne compensent pas un coût de production bien inférieur. Le problème n’est pas nouveau.
Avant que l’Europe ne lance les APE, La Réunion était déjà en concurrence avec les produits français puis européens. 10.000 kilomètres séparent notre île de ce continent, et l’octroi de mer s’applique aux fabrications européennes. Mais 50 ans de ce régime ont fait péricliter l’industrie réunionnaise. L’an dernier, un conflit social a rappelé combien le combat est inégal.
La Société industrielle de Bourbon (SIB) fabriquait pour le compte de Colgate-Palmolive des produits d’entretien de grande consommation, vendus à La Réunion. Le groupe américain a choisi l’an dernier de fermer l’usine réunionnaise. Il a calculé que malgré les surcoûts engendrés par le transport sur 10.000 kilomètres et le paiement de l’octroi de mer, ses produits ne se vendront pas plus cher à La Réunion. Il a donc choisi de délocaliser la production en France dans une usine existante pour augmenter ses profits. En France, les salaires dans le privé sont les mêmes qu’à La Réunion. Mais le coût de production y est beaucoup moins élevé. L’usine française de Colgate-Palmolive alimente une partie d’un marché européen de 500 millions d’habitants, ce qui permet des économies d’échelle qui étaient interdites à la SIB. C’est pourquoi même si le travailleur réunionnais peut être le plus productif du monde, la logique du profit le pénalise parce qu’il travaille dans une entreprise qui a un marché bien plus étroit que les sociétés situées en Europe.
Ce n’est pas le seul exemple. Les factures de services comme le téléphone ne sont plus expédiées de La Réunion pour les abonnés réunionnais, mais de France. Etc.
C’est notamment pour prendre en compte ce problème qu’à l’initiative de Paul Vergès, l’Union européenne a donné vie au concept de Région ultrapériphérique. Les politiques européennes peuvent être adaptées à La Réunion parce que notre île est à 10.000 kilomètres de l’Europe. Cela a donné des outils pour défendre les intérêts de La Réunion au sein de l’Union européenne. Cela n’a pas fait sortir l’île de la crise dans laquelle elle est plongée depuis des décennies, mais l’adaptation a permis de limiter les dégâts.
Le résultat est là aujourd’hui : 175.000 demandeurs d’emploi, c’est insoutenable mais sans la bataille menée pour créer les RUP, ce serait sans doute plus grave. En visite à La Réunion, Corina Cretu, Commissaire à la politique régionale, a reconnu que le chômage est le problème numéro un, avec 60 % des jeunes privés de travail.
C’est avec ce bilan désastreux que La Réunion va entrer dans un nouveau cycle, avec la signature de l’accord de partenariat économique. En plus de faire partie de l’Union européenne, 500 millions d’habitants, elle sera intégrée dans un ensemble économique de 600 millions d’habitants allant de l’Ethiopie à l’Afrique du Sud, a rappelé dimanche le sénateur de La Réunion. Le statut de RUP arrive à ses limites, car la situation est totalement nouvelle.
Dans cet ensemble, La Réunion sera la seule à être totalement ouverte à la concurrence. Ce sera aussi le seul pays où s’appliquera le droit social de la France. Grâce à leurs luttes, les Réunionnais ont obtenu l’égalité. Cela permet aujourd’hui d’avoir un salaire minimum aligné sur celui de la France, les mêmes prestations sociales et le même revenu minimum que dans un des pays les plus riches du monde. Ces acquis permettent aux victimes de ce système de ne pas basculer dans la grande misère qui existait avant l’abolition du statut colonial en 1946. Ils offrent aussi un pouvoir d’achat beaucoup plus important que dans n’importe quel autre pays de la région. La Réunion est donc un marché très profitable, car ses consommateurs ont les moyens d’acheter à des prix bien plus élevés.
Avec l’accord de partenariat économique, la concurrence n’est plus seulement européenne. Elle vient des pays les plus proches. Or chez ces derniers, les droits sociaux sont inférieurs à ceux des pays européens. Dans leur logique de profit maximum, les entrepreneurs sont tentés de produire dans la région plutôt qu’à La Réunion. C’est l’appel à la délocalisation.
L’octroi de mer n’est pas en effet de nature à compenser la différence très importante de coût de production. La dernière protection reste l’obligation de respecter les normes de l’Union européenne pour vendre à La Réunion. La délocalisation fait sauter ce dernier verrou. Les entreprises réunionnaises produisent aux normes européennes. Le transfert de l’outil de production dans un pays voisin délocalise aussi des compétences capables de produire aux normes européennes. Tout n’est qu’une question de temps et le mouvement a déjà commencé. La SAPMER est une illustration concrète.
Pour le patron à la recherche du profit maximum, l’accord de partenariat économique est une aubaine. Il peut produire en Afrique australe, dans des pays qui ont les coûts de production les plus faibles du monde, des marchandises qui peuvent inonder La Réunion, un marché qui a un pouvoir d’achat parmi les plus élevés du monde.
Comment préserver les acquis qui protègent les plus pauvres de la misère tout en faisant reculer le chômage au moment de l’ouverture totale de l’économie à la concurrence des pays voisins ?
De la réponse à cette question dépend une partie de l’avenir de La Réunion. Et cette réponse ne peut pas être donnée par le concept de région ultrapériphérique de l’Union européenne.
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