BILAN 2007

La vie est trop chère

Un des principaux débats de l’année écoulée et à venir

26 décembre 2007, par Manuel Marchal

La vie chère a été au cœur des luttes de l’année 2007 et sera un des thèmes majeurs des prochaines élections.

En 2007, une avancée a été obtenue dans la lutte contre la vie chère. C’est la création de l’Observatoire des prix et des revenus. C’est une étape majeure dans la lutte engagée depuis plus de 30 ans par les syndicats, les partis politiques et les associations. Présente dans les défilés du 1er mai notamment pendant les années 70, la lutte contre la vie chère a connu une première concrétisation sur le plan politique en 2000, lors de l’adoption de la Loi d’Orientation pour l’Outre-mer. Malgré l’attitude du gouvernement de l’époque, un amendement déposé par le Parti communiste réunionnais débouchait sur la création de l’Observatoire des prix et des revenus. Commençait alors une nouvelle étape : la lutte pour l’application de la loi.
Elle a duré plus de 6 ans. La bataille a été notamment marquée par la création d’un Collectif pour l’installation de l’Observatoire des prix et des revenus. Composé d’associations, de syndicats et de citoyens, le Collectif a réuni des signatures par milliers pour que la loi soit enfin appliquée. La revendication a été notamment appuyée par les collectivités locales, les Conseils consultatifs, les parlementaires. Elle a abouti sur la publication d’un décret d’application de l’article de loi créant l’Observatoire des Prix et des Revenus. Le 13 juillet dernier, l’Observatoire tenait enfin sa première réunion sous la présidence du Préfet.
Depuis cette date, l’Observatoire des prix et des revenus a commencé son travail. Gageons qu’il puisse contribuer à définir précisément la structure de la vie chère, en menant à bien une de ses missions qui consiste à “Comprendre les mécanismes de formation des prix, des revenus et du pouvoir d’achat à La Réunion”.
Après le foncier, les carburants et le transport aérien, l’étude du “panier de la ménagère” sera à l’ordre du jour. Un dossier d’autant plus urgent que c’est dans la grande distribution que se fait la majorité des achats des Réunionnais. Un secteur où les prix sont à La Réunion 50% plus chers qu’en France, d’après une étude du Collectif pour l’installation de l’Observatoire des Prix et des Revenus.

Un problème structurel

Cette différence, l’Etat la reconnaît lui-même puisqu’il verse à ses travailleurs un complément de salaire au titre de la vie chère. A travers cet acte, l’Etat souligne également le caractère structurel de la vie chère à La Réunion.
Voici 40 ans, une évaluation des “Comptes économiques 1967” admettait que « les prix de détail sont en moyenne 50% plus élevés qu’en Métropole ».
A cette vie chère, s’ajoute un facteur aggravant : l’inflation. En effet, une étude de l’INSEE indique qu’entre 1995 et 2005, les prix ont augmenté en France de 30% et de 37% à La Réunion sur la même période.
Face à cette situation, les travailleurs se mobilisent pour revendiquer des mesures pour lutter contre la principale conséquence de la vie chère : la baisse du pouvoir d’achat. Tout au long de l’année, des grèves visent à améliorer les revenus des salariés par le partage plus équitable des gains de productivité des entreprises.
Enfin, cette vie chère est le quotidien d’une population lourdement touchée par la pauvreté. Cette dernière est notamment le résultat d’une pénurie caractérisée par le fait que pour trois travailleurs, il n’y a que deux emplois. Par conséquent, un nombre croissant de Réunionnais ne peut survivre qu’avec des minima sociaux dont le montant est défini par rapport au contexte métropolitain, c’est-à-dire là où la vie est moins chère et l’inflation moins importante. La lutte contre la vie chère prend alors une dimension essentielle.

Comment expliquer une telle différence ?

Pour faire face à ces hausses de prix, des mesures sont proposées. Le PCR demande à l’Etat d’appliquer la loi. Un accord entre le gouvernement et la grande distribution a permis de faire baisser les prix en France. Pourquoi ne pas l’appliquer à La Réunion ?
Conséquence de la pauvreté, les crédits à la consommation sont de plus en plus utilisés par les Réunionnais. Or, le taux de rémunération du prêteur peut dépasser 20% du capital emprunté. Destinés aux plus pauvres, ces crédits sont les plus coûteux. Le PCR propose de mettre fin à cette injustice en diminuant les taux.
Mais au-delà de ces mesures, c’est la structure même de cette situation qu’il faut remettre en cause car les surcoûts liés à l’insularité n’expliquent pas à eux seuls 50% de différence avec la France.
De plus, pour 2008, les perspectives ne sont guère réjouissantes. Le prix du baril de pétrole pourrait dépasser 100 dollars, ce qui ne peut qu’avoir des répercussions sur tous les prix. Les hausses importantes des céréales (donc du riz), des engrais, de la viande et les tensions sur les matières premières ne poussent guère à l’optimisme.
Si la structure de la vie chère n’est pas remise en cause, alors les Réunionnais vont encore payer, et s’appauvrir davantage.

Manuel Marchal


Ouvrir La Réunion sur le monde

Remettre en cause une structure

Chacun peut constater que la plupart des produits importés à La Réunion viennent de la France. Cela n’est pas sans conséquence sur la vie chère.
D’une part, la France est un pays où le coût de main d’œuvre est élevé comme dans tous les pays développés. D’autre part, les produits qui viennent de France doivent voyager sur une distance de 10.000 kilomètres, à l’heure où le baril de pétrole frise les 100 dollars.
Ce type d’échange n’est pas sans rappeler ceux de l’époque coloniale. La Réunion exporte essentiellement vers la Métropole une matière première brute (le sucre) et elle lui achète des produits à haute valeur ajoutée. Malgré le développement de l’import-substitution, cet échange se perpétue encore aujourd’hui.
Ce qui veut dire par exemple qu’un produit fabriqué en Chine ou en Inde a de grandes chances de transiter par la France avant d’arriver à La Réunion. Ce détour fait augmenter le prix, car la distance de transport est plus grande. Autre “taxe” supplémentaire payée par les Réunionnais : la rémunération d’intermédiaires en France.
En remettant en cause ce type d’échange, c’est-à-dire en mettant directement en relation les producteurs des pays d’Asie et d’Afrique et le consommateur réunionnais, notre île pourrait trouver des pistes pour faire baisser les prix.


Franchises médicales

Les parlementaires UMP votent pour la vie chère

Entre les déclarations et les actes, le fossé est grand. Ainsi, à l’initiative de Jean-Paul Virapoullé, les prix des médicaments vont baisser. Mais cette baisse ne profitera en rien au pouvoir d’achat des Réunionnais. Elle va même appauvrir notre île en menaçant l’emploi de 700 personnes.
Il est par contre une réalité : les franchises médicales vont augmenter le coût de la vie à La Réunion. C’est pour cela que Jean-Paul Virapoullé et les autres parlementaires UMP de La Réunion ont voté.

Lutter contre la vie chère

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