Visite de Martin Hirsch

Le Conseil général adopte le service civique pour les jeunes

22 février 2011, par Edith Poulbassia

Martin Hirsch, président de l’Agence Nationale du Service Civique, et Nassimah Dindar, présidente du Conseil général, ont signé un protocole d’accord hier pour la jeunesse. Dès cette année, le Conseil général accompagnera 105 jeunes volontaires au service civique.

Qu’est-ce donc que le service civique ? Il s’agit d’un « espace qui valorise l’engagement des jeunes pour une cause d’intérêt général », a expliqué Martin Hirsch. Le dispositif n’est pas nouveau. L’année dernière, 240 jeunes ont été chargés d’une mission de service civique au sein des associations. Le service civique s’adresse à tous les jeunes, de 16-25 ans, diplômés ou non. Martin Hirsch a annoncé qu’il y aurait plus de missions cette année à la Réunion, mais le quota exact ne sera connu qu’en mars. L’Agence Nationale promet 15.000 missions pour la France entière en 2011.
La nouveauté réside dans ce partenariat avec le Conseil général, qui obtient ainsi l’agrément pour l’accueil de jeunes en service civique. Nassimah Dindar, en s’adressant à Martin Hirsch, s’est félicité de ce partenariat : « Votre service civique est donc une première réponse d’insertion parce qu’il propose une première expérience aux jeunes, parce qu’il permet un engagement citoyen et une reconquête de la confiance en soi et en son avenir. Au fond, il s’agit d’aider les jeunes à faire leur entrée dans leur vie d’adulte ».
Les jeunes volontaires percevront une indemnité de 540 euros à 640 euros par mois pour des missions de solidarité, santé, éducation, culture, sport, environnement, mémoire et citoyenneté, développement international, action humanitaire, intervention d’urgence. Une mission de 24 heures par semaine, pour une durée d’un an.

L’Académie des Dalons

A cette occasion, le Conseil général a présenté son projet d’Académie des Dalons, qui pourra s’appuyer sur le service civique. D’autres dispositifs, comme le Contrat d’Insertion dans la Vie Sociale ou le Contrat Unique d’Insertion pourront être mis en oeuvre.
Qu’est-ce que l’Académie des Dalons ? Chaque année, le Conseil général consacre 130 millions d’euros à l’insertion sociale et professionnelle des jeunes. Pour l’Académie des Dalons, ce sont 20 millions d’euros par an qui seront engagés. Ce dispositif est encore expérimental. Les premiers « dalons » et « dalones », une quarantaine de jeunes de 18-25 ans, devraient faire leur rentrée cette année. Deux internats au Bernica (Saint-Paul) et à l’Entre-Deux sont en cours d’aménagement. Pour Nassimah Dindar, l’Académie des Dalons va former « de bons citoyens et de bons pères de famille ». Faire l’apprentissage de la vie en communauté, de la responsabilité et de la citoyenneté ; découvrir ses potentialités et retrouver l’envie d’apprendre ; définir un projet de vie et s’orienter vers des actions de formation ou d’insertion, voilà les objectifs de ce dispositif départemental.
Concrètement, les jeunes de 18-25 ans seront sélectionnés en fonction de leur situation sociale et leur motivation. Les services sociaux du Conseil général, l’aide sociale à l’enfance, le RSMA sont autant de sources pour repérer ces jeunes qui seront accompagnés pendant un an. Dans une rigueur quasi-militaire, les dalons passeront 3 mois en internat pour se resocialiser, diagnostiquer les difficultés et suivront des activités culturelles, sportives, de remise à niveau scolaire, et des travaux d’intérêt général. Les six mois qui suivront, en externat, les jeunes expérimenteront des chantiers d’insertion (environnementaux, patrimoniaux, actions humanitaires, etc.) pour révéler leurs potentialités. Son projet défini, le jeune préparera sa sortie de l’académie pendant 3 mois pour s’orienter vers la formation et l’insertion professionnelle.

Deux internats de prévention

Les dalons seront encadrés notamment par des militaires à la retraite, des tuteurs bénévoles et un parrain de promotion. Le premier parrain sera peut-être le comédien Maroni, qui a soutenu l’initiative du Conseil général à travers un film de présentation. L’Académie des Dalons travaillera avec l’ensemble des acteurs liés à la jeunesse.
Par ailleurs, le Conseil général a annoncé l’ouverture de deux internats de prévention pour les 11-16 ans en situation de rupture sociale et de déscolarisation, à Saint-Denis et à Saint-Leu en 2011 et 2013. Ces internats seront gérés par l’Association Auteuil Océan Indien, comme la Case Soleil de Saint-André inaugurée fin 2010.
Un dispositif d’accueil et d’écoute “SOS zamal”, via les Points Info Santé, devrait aussi intervenir auprès des parents et ados de 13-15 ans confrontés aux addictions.

EP


«  De l’emploi jeune très light »

Conseillers généraux et responsables d’associations ont salué la « démarche qualitative » du service civique. Mais nombreux sont ceux qui ont attiré l’attention de Martin Hirsch sur les 55% de chômage des jeunes (20.000 demandeurs d’emploi), le contraste entre une jeunesse « très diplômée et méritante aux portes des entreprises », pour reprendre les mots de Gilbert Annette, maire et conseiller général de Saint-Denis, et une jeunesse en grande difficulté. Une jeunesse réunionnaise « entre parenthèses » a souligné la présidente Nassimah Dindar. Plus de 240 missions de service civique ne semblent pas suffisantes face à cette « situation explosive », dixit Gilbert Annette, qui en voudrait 2000 dès cette année. « C’est de l’emploi jeune très light » a t-il affirmé. « Le service civique n’est pas la réponse à tous les problèmes d’emploi des jeunes et il ne faut pas le faire croire », a répondu Martin Hirsch.

EP

Nassimah Dindar

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