Virapoullé relance la Relève

Le début de grandes manœuvres

21 juin 2004

En attendant l’élection de son remplaçant à la tête de l’UMP à la mi-juillet, Alain Juppé a convoqué pour les 26 et 27 juin un ’Conseil national élargi’ du parti. Il s’agira de débattre du ’positionnement politique’ de l’UMP et de la mise en place de la ’libre expression des mouvements’.

l’occasion des régionales et des cantonales, les Français ont exprimé leur insatisfaction et leur impatience et nous avons subi un revers sérieux. Lors des toutes récentes élections européennes, les Français ont certes placé l’UMP en tête des formations politiques de la droite et du centre, mais en maintenant un écart important entre notre formation et le Parti socialiste", écrit Alain Juppé dans la lettre de convocation adressée aux responsables des fédérations de l’UMP pour le “Conseil national élargi” du parti le prochain week-end.
"Les résultats de ces élections nous imposent de nous interroger sur notre mouvement, sur son fonctionnement, sur son action politique. (...) C’est pourquoi, dans ce contexte très particulier, il m’a semblé nécessaire que nous nous rencontrions afin d’échanger, de débattre et de trouver, tous ensemble, des solutions aux défis qui nous sont posés.
Devons-nous mettre en cause le pacte fondateur de l’UMP qui nous a poussés à constituer une formation politique ? Quelles relations faut-il organiser entre l’UMP et les autres formations de la droite et du centre ? Quelles sont les valeurs qui nous rassemblent ? Comment pouvons-nous travailler au projet politique de l’UMP pour les années qui viennent ?",
poursuit le président sortant de l’UMP...

Si, pour certains, derrière ces bonnes intentions affichées se cache l’ambition inavouée de semer des embûches contre Nicolas Sarkozy, cette décision marque un virage à 180 degrés de l’UMP. Depuis sa création, il y a deux ans, la nouvelle formation s’est présentée comme un bloc monolithique, ne laissant pas de place à l’expression des sensibilités et courants qui sont à son origine. Mais, depuis l’échec des régionales, de nombreuses voix se sont élevées, au sein du mouvement, pour réclamer une plus grande liberté de parole, sinon la constitution de véritables tendances, un peu à l’image de ce qui se passe au Parti. Pour ne prendre qu’un exemple, l’ultra-libéral Alain Madelin a commencé à regrouper autour de lui celles et ceux qui se reconnaissent en ses idées et en lui.

Or, c’est au moment même où la direction de l’UMP semble accepter le débat en son sein que Jean-Paul Virapoullé et ses amis choisissent de faire bande à part en faisant revivre la Relève. "Ici à la Réunion, certains - les ex de la Relève pour ne pas les nommer, avec Jean-Paul Virapoullé en tête - ont senti le brûlé bien avant Juppé. Et ont préféré déguerpir, avant que le feu ne se propage dans toutes les pièces. “Courage fuyons !”" écrit Yves Montrouge dans “le JIR” de samedi, tandis que Jacques Tillier, dans le même journal, note qu’ici à La Réunion, "les élus de droite quittent les uns après les autres l’UMP, la trouille au ventre comme les rats le navire, à la manière des foies jaunes, en cachette et sans faire de bruit...".
Le même ajoute que "d’ici 2007, il devrait se passer beaucoup de choses : localement des alliances aussi diverses que contre nature". Le rédacteur en chef du “Journal de l’Ile” a-t-il des informations lui laissant penser, par exemple, que Jean-Paul Virapoullé et la formation qu’il est en train de mettre en place contracteraient une alliance “contre nature” ? Le débat mérite d’être posé.

On aura remarqué qu’en présentant l’initiative de faire renaître la Relève, le sénateur-maire de Saint-André a insisté uniquement sur ses ambitions électorales. Ce sont les échéances électorales de 2007 qui l’intéressent.
Son intention n’est pas de nourrir le débat d’idées, de proposer un projet pour La Réunion mais bien de se positionner sur le seul champ électoral. C’est ainsi qu’il semble acquis que, sur Saint-Denis, René-Paul Victoria devra affronter pour les municipales de 2007 une liste conduite par Jean-Jacques Morel.
Reste aussi à savoir comment Jean-Paul Virapoullé et son mouvement se situeront sur le plan national, et plus particulièrement pour la présidentielle. Nombreux sont ceux qui pronostiquent qu’ils ne soutiendront pas le candidat qui sera issu du camp chiraquien. Le sénateur-maire de Saint-André rééditerait en quelque sorte ses expériences du passé, comme celle de 1988, où il avait soutenu Raymond Barre, et celle de 1995, où il s’était battu pour Édouard Balladur, dans les deux cas contre Jacques Chirac.
Dans la perspective de 2007, nous ne sommes qu’au début de grandes manœuvres.


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