Plan de rigueur : le BTP secteur le plus touché

Le déficit de logements va s’aggraver

15 novembre 2011

Disparition du Scellier Outre-mer, suppression du PTZ+ sur les logements anciens, coup de rabot de 20% sur le crédit d’impôt Développement durable, le Bâtiment, secteur déjà en difficulté sur l’île, est le plus touché par les mesures d’austérité annoncées par le gouvernement en début de semaine dernière. Les principaux concernés s’accordent à dire que ces décisions auront un impact catastrophique sur La Réunion, aussi bien sur l’emploi que sur le déficit de logements.

Selon l’INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques), d’ici 2025, il est nécessaire de construire 9.000 logements neufs à La Réunion, dont 4.500 aidés. Pourtant, le niveau de production se situe actuellement à environ 3.000, ce qui est largement insuffisant. Avec les nouvelles mesures annoncées par le plan d’austérité, quelle sera la situation ? Pour Jacky Balmine, secrétaire général de la CGTR-BTP, la réponse est catégorique : « C’est une catastrophe ! », s’insurge-t-il.

« Je n’ai même pas de mot pour qualifier cela, la situation est dramatique. Le secteur du BTP commençait à peine à sortir de sa crise. La loi Scellier avait permis de réduire l’hémorragie, de sortir un peu la tête de l’eau en créant de l’emploi et en construisant de nouveaux bâtiments. Avec sa fin programmée, on supprime une fois de plus un outil qui fonctionnait dans un département où le taux de chômage est le plus important, et où le manque de logements est critique », ajoute Jacky Balmine.

Le secrétaire général de la CGTR-BTP pointe du doigt que ce sont « les travailleurs qui vont payer, comme d’habitude », mettant en avant que « les entreprises seront de plus en plus nombreuses à être contraintes de fermer ». Pour Jacky Balmine, aucun doute, « c’est toute la population réunionnaise qui va souffrir de ces mesures ». « Le BTP est un secteur économique porteur d’emplois. S’il coule, beaucoup d’autres secteurs vont en pâtir. L’immobilier sera forcément touché par une hausse des loyers, et c’est toute la population réunionnaise qui va en souffrir », explique-t-il.

Franck Legros, président de la CAPEB (Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment), annonce pour sa part que « la situation est grave ». L’homme dénonce une « injustice vis-à-vis du bâtiment », car « beaucoup d’entreprises vont fermer leurs portes, augmentant par ailleurs le travail au noir ». Il souligne que le PTZ+ « était un souffle pour les artisans » qui devaient réhabiliter les logements anciens. Pour rappel, avec les restrictions imposées, seul l’investissement dans le neuf sera désormais éligible.

Le président de la CAPEB souligne que la situation était « suffisamment difficile » et n’avait « pas besoin de ces mesures pour enfoncer le clou ». « Dernièrement, l’un de mes collègues a encore été obligé de mettre la clé sous la porte et 65 personnes ont perdu leur emploi. Les choses ne vont faire qu’empirer », selon lui.

Enfin, Bernard Tillon, secrétaire général de la FRBTP (Fédération réunionnaise du bâtiment et des travaux publics), indique que les mesures annoncées dans le plan de rigueur constituent « la dernière secousse ressentie par le BTP ». « Le gros séisme s’est déroulé il y a deux ans, quand la LODEOM (Loi de développement économique pour l’Outre-mer-NDLR) a remplacé la loi-programme et mis fin à la défiscalisation de la loi Girardin », explique-t-il. Il rappelle par ailleurs que dans le secteur libre, « on est passé de la construction de 8.000 logements par an à 1.000 logements aujourd’hui », et souligne que la baisse de la construction s’est accompagnée de la perte de 7.000 emplois.

La FRBTP ne compte pas en rester là, et tentera d’avoir une prolongation du dispositif Scellier, ou la mise en place d’un dispositif de substitution.
De son côté, la CAPEB ne s’attend pas à un avenir radieux en 2012.
Pour la CGTR-BTP, la solution est toute trouvée : « En 2012, on va se battre et montrer au gouvernement notre mécontentement. La ministre de l’Outre-mer ne comprend rien à la situation de La Réunion. Nous sommes désarmés alors que nous avons besoin de la construction. Il faut dire stop à ce gouvernement », conclut Jacky Balmine.

Samia Omarjee pour www.ipreunion.com

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