Élections régionales

Le dépassement des clivages politiques selon Jean-Paul Virapoullé

17 février 2010, par Geoffroy Géraud-Legros

Divorcé de ’l’Union’, de son leader et de Paris, Jean-Paul Virapoullé se rêve à la tête d’une nouvelle coalition ’anti’… plus loin que son ’camp’ naturel. Il n’aura pas fallu 24 heures au sénateur pour valider cette hypothèse.

Hier, "Témoignages" s’interrogeait : après son départ de "l’Union", quelles ouvertures demeurent disponibles à Jean-Paul Virapoullé ? La campagne contre la bi-départementalisation de 2000 et 2001 avait montré que l’ex-maire de Saint-André était capable de dépasser les limites de son camp "naturel" -la droite conservatrice- pour mobiliser contre une transformation politique. A cette époque, rappelions-nous, le "front" anti-bi-départementalisation avait bénéficié de l’appoint décisif de Michel Vergoz, alors maire socialiste de Sainte-Rose. Séparé avec fracas de Didier Robert, brouillé avec la direction parisienne de l’UMP, Jean-Paul Virapoullé envisagerait-il un rapprochement au-delà de la droite ?

Appels du pied

Il n’aura pas fallu 24 heures au sénateur pour valider cette hypothèse. Dans une vidéo mise en partage hier sur l’Internet par l’un de nos confrères, Jean-Paul Virapoullé a multiplié les appels du pied envers d’éventuels partenaires « au-delà du clivage gauche-droite ». Interrogé sur la possibilité de « recoller les morceaux » à droite au second tour, Jean-Paul Virapoullé a usé de tournures bien ambiguës : après avoir précisé que son programme était identique « à 95% » à celui de Didier Robert, il a néanmoins laissé planer le doute sur les modalités d’un rapprochement des deux listes, laissant supposer qu’il n’envisageait sérieusement cette option que dans le cas où sa propre liste arriverait en tête.
En revanche, le meneur de "La Réunion nout fierté" a répété à six reprises au moins, l’importance de « dépasser les clivages droite-gauche », en vue de battre l’Alliance. Cet appel s’adresse, a-t-il précisé, aux « 2/3 de la population qui voteront contre l’Alliance », selon son estimation très personnelle. Il semble donc qu’une fois encore, Jean-Paul Virapoullé s’imagine à la tête d’un front "anti" : anti-MCUR, anti-tram-train... et rêve d’un nouvel élargissement au-delà des frontières de la droite, se posant d’ores et déjà en « rassembleur » au second tour. L’histoire se répètera-t-elle ? On se rappelle que le rapprochement Virapoullé-Vergoz avait coûté à ce dernier la mairie de Sainte-Rose, qu’il ne semble pas près de regagner… on peut donc imaginer que la tête de liste PS y regardera à deux fois avant de s’aventurer à nouveau aux côtés de Jean-Paul Virapoullé…

Geoffroy Géraud-Legros


« Rompre » avec Paris : une mode ?

Après le précédent de Didier Robert, faut-il prendre au sérieux le mélodrame de la rupture entre Jean-Paul Virapoullé et Paris ?
« Voyou, personnage sinistre, peu fréquentable… » C’est en ces termes peu amènes –et fort peu dignes d’un élu de la République- que Jean-Paul Virapoullé a exprimé son rejet de Jean Simonetti, émissaire envoyé par la direction parisienne de l’UMP pour veiller au bon déroulement de la campagne.
Si l’on en croit le sénateur sécessioniste, "Paris" est, avec « l’ambition » de son rival Didier Robert, à l’origine de l’éclatement de la liste d’"Union" lancée en grande pompe à Saint-Pierre le 13 décembre dernier. Faut-il en déduire que l’ancien maire de Saint-André a subitement découvert la nécessité de penser en Réunionnais les problèmes de La Réunion, et d’y apporter des remèdes en dehors des tutelles parisiennes ?

G.G.-L.


Rupture éphémère de Didier Robert…

Le doute s’impose, tant la "rupture" avec Paris semble devenue une mode dans la droite locale. On se souvient qu’il n’y a pas si longtemps, Didier Robert annonçait lui aussi un divorce sans concession avec la direction parisienne de l’UMP.
Carte de l’UMP déchirée, serments solennels… moins grossière, la mise en scène du député-maire du Tampon n’avait pas été moins théâtrale que celle de Jean-Paul Virapoullé. C’est à bon droit que notre confrère "le Quotidien" titrait « la droite veut l’Autonomie ». La suite est bien connue : à la suite de cette rébellion, les élus regroupés derrière Didier Robert actaient leur décrochage des instances nationales en fondant "Objectif Réunion". Tout ce mélodrame n’a pas empêché Didier Robert, "député-maire délégué général d’objectif Réunion" de rejoindre les instances nationales de l’UMP à la fin de l’année 2008, trois mois seulement après avoir publiquement réaffirmé que lui et ses collègues « n’étaient plus à l’UMP ».

…et de Jean-Paul Virapoullé ?

Tout au long de sa carrière, Jean-Paul Virapoullé a fait lui aussi preuve d’un très large pragmatisme envers ses engagements les plus solennels. Surtout, la déclaration d’indépendance ne se fonde pas sur une vision de l’avenir de La Réunion, mais sur la volonté de démolir les projets en cours de réalisation : difficile, donc, de concevoir que le bruyant rejet de "Paris" par Jean-Paul Virapoullé soit autre chose qu’une démangeaison passagère, qu’un peu de baume saura apaiser.

G.G.-L.

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