Confrontation des programmes électoraux

Le développement, test de vérité

3 février 2010, par Geoffroy Géraud-Legros

A l’approche d’échéances électorales majeures, les débats publics donnent la possibilité aux électeurs de déterminer leur choix entre les différents programmes en présence. Dans le contexte actuel, la crise économique et le réchauffement climatique mettent le travail et le développement durable au centre des préoccupations. Les mauvaises querelles et les diversions ne peuvent plus abuser les électeurs dans un pays où le chômage et la précarité sont le quotidien du plus grand nombre. Qui agit concrètement pour créer des emplois ? Qui travaille à un développement durable, respectueux de l’environnement naturel et culturel des Réunionnais ? Ce sont ces questions qui seront au cœur du choix des électeurs au premier tour le 14 mars 2010.

Le 1e février, l’émission "Zot Mag" rassemblait les porte-parole des principales forces en présence. Absents du débat, d’autres candidats déclarés tels qu’Eric Magamootoo et Nadia Ramassamy. Sur le plateau, Jean-Paul Virapoullé pour la liste "d’’Union" dirigée par Didier Robert, Monique Orphé pour le PS, Vincent Défaud, tête de liste des Verts, Elie Hoarau pour le PCR répondaient aux questions des téléspectateurs.

"En cas de victoire, quelle sera votre attitude envers le Tram-train ?"

L’émission connut un temps fort lorsque la question d’une auditrice mit les participants face à une question simple : que ferez-vous en cas de victoire vis-à-vis du Tram-train ? Les réponses à ces questions ont mis les Réunionnais en mesure d’identifier clairement les positions des challengers de la direction actuelle de la Région.

Verts et PS ne prennent pas part au développement

Apparemment, la question a provoqué une certaine gêne du côté de Monique Orphé, représentante sur le plateau de la liste PS de Michel Vergoz, et de Vincent Défaud, tête de liste des Verts. Ce dernier répondit évasivement qu’il était « pour un train ». La conseillère régionale socialiste tenta d’esquiver la question, estimant en substance que les grands projets de développement étaient hors sujet dans cette campagne. Interrogée sur le devenir du Tram-train, Mme Orphé revint sur la nécessité de développer les logements sociaux. Problème : le logement social n’est pas du domaine de compétence du Conseil régional. Hésitante en apparence, cette position est pourtant l’expression de la ligne suivie par le Parti socialiste depuis plus de 6 ans. En 2004 déjà, le Parti socialiste proposait pour "alternative" au Tram-train l’installation d’un réseau de stations GPL. Lors du vote nominal organisé le 13 février 2007 à l’issue de l’Assemblée plénière de la Région, les élus socialistes de cette collectivité avaient choisi de « ne pas prendre part » à un vote qui engageait La Réunion dans les grands projets du protocole de Matignon, qui accorde une place centrale au chantier du Tram-train et de la Route du Littoral. Ainsi, la plupart des représentants choisissaient-ils de « ne pas prendre part » à la réalisation d’un programme d’investissement à hauteur de 4,5 milliards d’euros, le plus vaste qu’ait connu notre île à ce jour. Aujourd’hui, en évoquant un vague « projet alternatif », Monique Orphé ne fait que confirmer l’orientation constante de du Parti socialiste, qui entend ne « pas prendre part » au développement, de la même manière que bien souvent il ne « prend pas part » au vote au sein de la Région.

La liste Robert : casse et chômage au programme

Plus tranchée, mais non moins attendue, est la position de Jean-Paul Virapoullé, porte-parole de la liste "Didier Robert". Si la demande d’une position explicite a gêné aux entournures la représentante socialiste et le meneur des Verts, elle a -semble-t-il- plutôt irrité l’ancien maire de Saint-André. A en croire ce dernier, la politique de relance de l’emploi par des grands projets est « étriquée », et le Tram-train- a-t-il ajouté - est un « bluff »…terme que lui a fait répéter, quelque peu surpris, le député européen Elie Hoarau. « Bluff »…c’est donc en ces termes qu’un sénateur de la République, partisan de l’Exécutif aux affaires depuis 2007 qualifie un grand projet d’intérêt général doté d’un budget de 1,6 milliard d’euros. Pourtant, cette réalisation a été engagée dans le cadre d’un partenariat entre l’Etat, la Région et des opérateurs privés, et a été récompensé pour sa qualité les 21 et 22 octobre derniers par un prestigieux prix international !
Le projet de Tram-train finalisé, le montage financier achevé, les contrats signés, cette déclaration apparaît surréaliste. Elle est surtout lourde de menaces directes pour l’avenir des travailleurs et les entreprises du BTP. Avant-hier, les représentants de petites et moyennes entreprises de terrassement étaient reçus à la Région Réunion par Raymond Lauret. Lors de l’entretien, les entrepreneurs ont fait part de leur détresse devant les pannes de chantiers à répétition qui mettent en danger l’existence même de leur outil de travail. La rencontre a donné l’occasion au Conseiller régional de rappeler que le chantier du Tram-train réserve près de 530 millions d’euros aux petites entreprises réunionnaises.
Or, on ne compte plus les obstacles dont Didier Robert et ses amis ont parsemé le chemin du Tram-train, aux dépens des travailleurs et des petits entrepreneurs réunionnais, dont beaucoup paient aujourd’hui de leur emploi ou de l’existence de leur entreprise les calculs politiciens de Didier Robert et de ses amis. En effet, les travaux du Tram-train devaient débuter à la suite de l’ouverture de la Route des Tamarins, assurant ainsi une continuité dans les embauches et dans l’utilisation des engins souvent achetés à crédit par les petites entreprises. Sur sa commune, le maire du Tampon a lui-même montré qu’il n’hésitait pas à mettre au chômage un nombre considérable d’ouvriers, en annulant sans états d’âme la réalisation de la Rocade du Tampon, grand ouvrage public doté de 100 millions d’euros.
Le tandem Robert-Virapoullé a confirmé sur le plateau de "Zot Mag" que c’est à l’échelle de toute La Réunion qu’ils n’ont que faire des travailleurs, des créateurs d’emplois et de richesses. Tout le monde a pu l’entendre de la bouche même de Jean-Paul Virapoullé, : la victoire de la liste conduite par Didier Robert signifierait un recul sans précédent dans le développement, et une explosion du chômage.

Geoffroy Géraud-Legros

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