Meeting du PCR avec Paul Vergès

« Le devoir d’avoir sous notre direction la plus importante assemblée de La Réunion »

1er juin 2015

Après Sainte-Suzanne le 18 avril dernier, le PCR organisait un second meeting avec Paul Vergès samedi matin à Saint-Pierre, salle Colibri. La crise de la canne à sucre et l’avenir du pays étaient à l’ordre du jour.

Vue d’une partie des participants.

Samedi matin, le PCR organisait un meeting à Bassin-Plat, Saint-Pierre, avec Paul Vergès. C’était le second d’une série commencée le 18 avril dernier à Sainte-Suzanne.
Ghislaine Cataye, secrétaire de la section PCR de Saint-Pierre, a rappelé les enjeux. « Ceux qui veulent être candidats, que disent-ils pour la filière canne, pourquoi Didier Robert continue-t-il le chantier de la route en mer, pourquoi François Hollande, 70 ans après la loi d’égalité, parle-t-il d’égalité réelle. Ce sont les questions que la population se pose. En tant que communistes, nous avons le devoir d’apporter une explication ». « Nous allons annoncer une programmation intense de réunions. C’est la première d’un grand cycle », a-t-elle poursuivi. Dans le Sud, la mobilisation est donc lancée.

Ne subissons pas l’histoire

Paul Vergès a ensuite commencé son intervention en donnant une perspective historique.
Il a rappelé que la France a décidé ce que serait le sort des Réunionnais. Elle a tout d’abord rapidement imposé l’esclavage. C’est Colbert, célébré comme un grand personnage de l’histoire de France, qui est l’auteur l’auteur du Code noir. En 1794, la Convention vote l’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises. Cette décision n’est pas appliquée à La Réunion, car des Réunionnais ont empêché les délégués de la Convention de débarquer. Des Réunionnais peuvent aussi être des obstacles au progrès, a dit en substance Paul Vergès. En 1802, Bonaparte, une autre figure de l’histoire de France, rétablit l’esclavage. En 2001, la loi Taubira déclare que l’esclavage est un crime contre l’humanité : Colbert et Napoléon sont donc des criminels.

Le sénateur a expliqué que le seul changement historique sous l’impulsion des Réunionnais était la loi de 1946. Notre responsabilité : c’est d’être à la hauteur de nos aînés, a-t-il dit en substance. « Les Réunionnais ne doivent pas être des assistés qui subissent l’histoire sans la comprendre, nous communistes avons le devoir de réfléchir à cela ».

Paul Vergès

Paul Vergès est alors revenu sur un épisode de l’histoire du Parti. 10 ans après sa création, le PCR était invité à la conférence des partis communistes à Moscou en 1969. À l’ordre du jour de la rencontre : le vote d’un texte élaboré depuis trois ans par cette conférence. Au moment du vote, tous les PC dont ceux d’Espagne, de France, d’Italie et d’URSS adoptent le document. Le PCR est alors le seul à voter contre, sur la base d’une autre analyse. Nous étions convaincus par notre analyse et qui avait raison ? dit en substance Paul Vergès.

Les dangers du projet de route en mer

La seconde partie de l’exposé portait sur l’avenir du pays.
La base de la réflexion repose sur un cadre international. C’est tout d’abord la conférence de Paris sur le climat. Ces dernières semaines, une étude des données des satellites de la NASA annonce une accélération de la crise : les glaciers fondent plus que prévu. C’est la disparition irréversible de calottes glaciaires dans les pôles, avec une hausse de 6 mètres du niveau de la mer dans un siècle, que deviendra le la nouvelle route du littoral ? L’avenir, c’est réfléchir à l’aménagement du territoire.

C’est ensuite la croissance démographique : 250 000 habitants de plus dans 15 ans à La Réunion. En 2050, 2,5 milliards de plus dans le monde, c’est l’équivalent de la population totale en 1950. 55 millions d’habitants à Madagascar en 2050.

Pour la première fois dans l’histoire du monde, il est possible de connaître à l’avance les chiffres fondamentaux : hausse des températures, du niveau de la mer et de la population.

C’est aussi la mondialisation : en 1945, La Réunion intégrée dans le marché français, puis européen depuis 1957. Aujourd’hui le marché est mondial. Ce changement explique fin de la protection pour le sucre.

La crise de la canne à sucre

La troisième partie du discours a détaillé la crise de la canne et les mesures proposées par le PCR. Cette culture s’est développée en fonction d’une demande du marché français. Elle a bénéficié d’un prix garanti. L’adhésion de la France à l’Europe a maintenu cette situation. Mais avec la création d’un marché mondial, ce sera la fin des quotas en 2017. Le prix mondial deviendra la nouvelle référence. Mais il s’est effondré.
François Hollande a dit que la France va compenser les effets de l’ouverture à la concurrence mondiale, avec le versement d’une aide supplémentaire de 38 millions d’euros à partir de 2017. L’Europe doit donner son autorisation mais n’a toujours pas reçu la demande. Si elle l’a, la réponse sera donnée à la fin de la coupe. 18 000 familles de planteurs, ouvriers d’usine, transporteurs sont concernées. La Réunion devant la plus grave catastrophe sociale, économique, toutes les communes concernées.

Que faire ? Paul Vergès évoque les motions déposées par Elie Hoarau à la Région et Maurice Gironcel au Département, toutes deux adoptées à l’unanimité. Mais il faut agir. C’est l’idée de demander aux collectivités de s’engager à garantir les 38 millions d’euros, pour que la Convention canne puisse être signée au plus vite.

L’égalité réelle

La dernière partie de l’intervention était consacré au séjour de Manuel Valls. Le Premier ministre arrive au moment où François Hollande dit qu’il faut aller vers l’égalité réelle outre-mer. Toute la bataille de l’égalité est relancée, a constaté Paul Vergès. Que le gouvernement corrige ce qu’il a fait : il a étendu la sur-rémunération à tous les fonctionnaires, il a refusé l’égalité aux travailleurs, c’est la crise.

L’égalité réelle pose la remise en cause de la sur-rémunération. Cela a déjà commencé avec la suppression de la sur-rémunération pour les stagiaires dans les hôpitaux à La Réunion, a rappelé le sénateur. Déjà des annonces publiques ont été faites pour la remise en cause, avec notamment le premier président de la Cour des comptes, et le gouverneur de la Banque de France. 600 millions d’euros pour La Réunion.

Ghislaine Cataye

Pour le PCR, il n’est pas question de toucher à ceux qui ont un avantage acquis. Paul Vergès a redit les propositions du PCR pour apporter une solution à ceux qui ont un avantage contraire au principe de l’égalité :
– soit l’épargne de la partie du salaire correspondant à la sur-rémunération
– soit alignement sur la France.

Le rôle du PCR

Canne à sucre, montée du niveau de la mer, égalité réelle, tout arrive, c’est le moment d’expliquer que l’on a des solutions à proposer aux Réunionnais, a déclaré en substance Paul Vergès. C’est l’importance de se mobiliser pour ne pas que nos enfants soient victimes des décisions prises (route en mer). C’est aussi avoir une vision de l’avenir. Aujourd’hui, les Portugais quittent le Portugal à cause du chômage pour aller au Mozambique qui a 7 % de croissance. Demain, les jeunes Réunionnais devront partir à Madagascar pour chercher du travail.

Paul Vergès a conclu en insistant sur « le devoir d’avoir sous notre direction la plus importante assemblée de La Réunion ». Si la droite gagne les élections en 2017, elle sera alors au pouvoir, la Région sera alors le seul rempart.

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