François Bayrou croit toujours possible un accord avec les partenaires sociaux sur les retraites, après un conclave aux résultats mitigés. « À la mi-juillet, nous avons tous bon espoir que nous y arrivions », a assuré Sophie Primas sur BFMTV ce vendredi 27 juin.
« Même s’il n’y a pas d’accord définitif, nous avançons », a affirmé cette dernière, mettant en avant des « points d’accord » ayant déjà été trouvés. « Il y a encore des points de blocage qui concernent le financement », a-t-elle reconnu. Concernant le financement, ce point est « la seule réserve » que le gouvernement a mise sur le conclave, à savoir « un équilibre des retraites en 2030 ». Autre difficulté pour François Bayrou, il manque encore 400 millions d’euros pour financer les diverses mesures sur la table.
La prise en compte de la pénibilité reste aussi un point de blocage. Les syndicats veulent que les salariés longuement exposés à des travaux pénibles puissent partir en retraite anticipée, quel que soit leur état de santé constaté. Mais le patronat veut réserver ce départ anticipé aux seules personnes dont l’incapacité de travailler est établie par un médecin.
La porte-parole du gouvernement a assuré que les points d’accord seront traduits à l’automne dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Un avis partagé par François Bayrou.
Selon le schéma retenu, la retraite serait calculée sur les 24 meilleures années (et non 25) pour les femmes ayant eu un enfant, sur les 23 meilleures années pour les femmes ayant eu deux enfants, avec pour effet d’augmenter légèrement leur pension.
L’âge de départ sans décote, auquel il est possible de partir sans être pénalisé financièrement si l’on n’a pas cotisé tous les trimestres exigés (172 dans la réforme Borne), pourrait être abaissé de 67 à 66,5 ans.
Mi-juillet, « au terme de ces négociations, ça sera sa responsabilité (au Premier ministre) de savoir s’il va au-delà ou pas de l’accord qui sera trouvé sur les points sensibles », a dit Sophie Primas.
La CFDT ferme la porte
La patronne de la CFDT, Marylise Léon, et ses homologues du Medef, de la CPME et de la CGT, mi-avril, à Paris.
Si les partenaires sociaux « considèrent que ce n’est plus leur heure », « on tranchera », a répondu le Premier ministre le 27 juin. « Je n’ai aucun problème avec la décision », a déclaré le Premier ministre en marge d’un déplacement à Briançon sur les Jeux olympiques d’hiver de 2030.
Dans le projet de budget de la Sécurité sociale, « il y aura un texte, qu’il y ait eu un accord préalable ou qu’il y ait eu seulement les travaux préparatoires à un accord », a-t-il ajouté.
La CFDT a fermé la porte à de nouvelles séances de négociation sur le système des retraites, mises sur la table par le premier ministre la veille. « Nous ne voulons pas de nouvelles séances de négociation » sur la réforme des retraites alors que « le conclave est terminé depuis lundi » (23 juin), a déclaré le 27 juin à l’Agence France Presse, la secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon.
Cette dernière a ajouté que les deux derniers points de blocage relevés par le premier ministre pour parvenir à un accord avec le patronat, sur la pénibilité et le financement du système de retraites, étaient « deux éléments extrêmement importants et structurants des discussions ».
Le 26 juin, François Bayrou avait temporisé sur le sujet, en assurant qu’un accord entre les partenaires sociaux était encore possible. « Je suis impressionné par progrès qui ont été faits depuis quatre mois », a-t-il assuré.
Ce dernier a indiqué que « les experts et négociateurs vont se remettre au travail pour rapprocher les points de vue ». Les échanges devaient durer entre dix jours et trois semaines, et mener à un texte d’équilibre, qui sera repris par le gouvernement dans le cadre de l’examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale, à l’automne.
« Si à un moment, le gouvernement veut trouver une voie d’équilibre, il faut qu’il comprenne que, pour mon organisation, il n’y a pas de voie de passage sans la réparation sur la pénibilité, avec le dispositif qu’on a proposé », a affirmé Marylise Léon.
Il faut également un « équilibre dans les efforts financiers », a insisté la dirigeante de la CFDT. « Aujourd’hui, les entreprises ne peuvent pas continuer de dire que c’est sans elles. On ne peut pas dire qu’on négocie, qu’on discute, mais qu’on ne participe pas à l’effort. Ça ne peut pas fonctionner comme ça », selon Marylise Léon.
Le gouvernement a tenté de pousser syndicats et patronat à négocier, mais trois syndicats sur cinq (CFDT, CFE-CGC et CFTC) ainsi que le Medef et la CPME côté patronal ont échoué le 23 juin, après quatre mois de discussions, à parvenir à un accord pour améliorer la réforme des retraites de 2023, qui repousse l’âge légal de départ à 64 ans à partir de la génération née en 1968.
Cet échec fragilise le gouvernement de François Bayrou, le Parti socialiste a annoncé le dépôt d’une motion de censure pour le faire tomber. Mais elle a très peu de chances d’aboutir étant donné que le Rassemblement national a indiqué qu’il ne censurerait pas le gouvernement avant la discussion budgétaire de cet automne.