Première rentrée des classes avec la Route des Tamarins

Le grand embouteillage n’a pas eu lieu à l’entrée Ouest de Saint-Denis

20 août 2009, par Manuel Marchal

Le premier jour de la rentrée scolaire, ce sont plus de 240.000 personnes qui doivent atteindre leur lieu d’étude ou de travail entre 7h30 et 8h. Dans une étude financée par des fonds publics, des consultants avait prédit qu’après la mise en service de la Route des Tamarins, les automobilistes venant de l’Ouest devaient s’attendre à sept kilomètres de bouchons avant d’arriver à Saint-Denis. Cette prévision a été démentie par la réalité des faits. Avec la Route des Tamarins, la circulation est même plus fluide qu’avant.

À La Réunion, il existe une tendance à dénoncer tout ce que font les Réunionnais. Et quand bien même le projet réalisé par des Réunionnais à La Réunion apporte des effets positifs évidents et considérables dès sa mise en service, il se trouve toujours au moins une personne pour tenter de faire d’une scorie une montagne. Ce comportement n’existe pas dans les régions françaises. En effet, personne n’aurait là-bas l’idée de jeter le discrédit sur une réalisation qui répond aux attentes de l’intérêt général et qui fonctionne.
Si cette tendance existe à La Réunion, elle montre tout le chemin qui reste à parcourir avant d’en finir avec toutes les séquelles de la colonisation.
En 1999, le projet de la Route des Tamarins était présenté officiellement par la Région. Il répond à deux attentes. L’immédiat, c’est mettre fin aux heures perdues dans les embouteillages entre Saint-Paul et l’Étang Salé. À plus long terme, c’est la création d’un nouvel axe structurant de l’aménagement de La Réunion du million d’habitants.
La Région prend la décision de réaliser la route. Elle maintient le cap malgré toutes les campagnes de dénigrement lancées par des adversaires politiques. La route est réalisée au bout de cinq ans de travaux, avec quelques aléas techniques et financiers inévitables sur un chantier de cette importance. La route est livrée dans les délais, elle est mise en service le 23 juin et aussitôt les embouteillages disparaissent dans l’Ouest.

10 ans pour sortir des projets d’accompagnement

Il est évident qu’un tel équipement a des répercussions sur toute La Réunion, et donc qu’il nécessite une adaptation de l’aménagement. Il appartient donc aux agents privés et publics d’anticiper sur l’impact prévisible de la Route des Tamarins. S’ils lisent la presse, les décideurs de l’aménagement ont en effet été prévenus 10 ans avant la mise en service de la Route des Tamarins de la livraison de ce nouvel équipement qui change les données du territoire. Ce délai est plus que raisonnable pour prévoir des aménagements en conséquence du côté des collectivités compétentes. Les communes traversées et celles qui sont concernées par les conséquences de la Route des Tamarins avaient donc le temps de sortir des projets pour accompagner la mise en service de la Route des Tamarins.
À Saint-Denis, à la veille de l’ouverture de la Route des Tamarins, c’est-à-dire près de 10 ans après l’annonce officielle de la construction de la route, une étude est payée à un consultant pour dire que l’ouverture de la Route des Tamarins entrainera sept kilomètres de bouchons tous les matins à l’entrée Ouest de Saint-Denis. La conclusion de cette étude débouche sur la remise en cause du tram-train, et impose à la Région de payer des aménagements urbains, alors que la Région a pourtant financé en grande partie les 250 millions d’euros d’investissements nécessaires à la livraison l’an passé du Boulevard Sud.

Un gain de temps pour tout le monde

Hier, la presse indique que des journalistes trompés par cette étude ont été surpris de constater que la circulation est aussi fluide que d’habitude. C’est le constat qui a été fait à l’occasion de la rentrée scolaire : « le grand embouteillage, sinon annoncé, du moins craint des automobilistes, n’a pas eu lieu. Mieux, "le ralentissement constaté à la sortie de la Route du littoral était le même que d’habitude. Il y avait peut-être même un peu moins de voitures puisque ce ralentissement ne commençait qu’à l’entrée du tunnel et non aux potences », écrivait hier "le Quotidien", « (…) Bref, rien que de très normal. Nous avons compté manuellement (…) les voitures qui sont entrés dans Saint-Denis depuis la Route du littoral entre 7h et 8h exactement. (…) Un total de 2.370 voitures comptabilisées en une heure. Tout ça pour arriver pile dans la moyenne des entrées dans Saint-Denis constatées en 2008 par le centre de gestion du trafic ». Puisqu’entre l’Étang-Salé et Saint-Paul les bouchons ont disparu, et comme les conditions de circulation sont les mêmes à l’entrée de Saint-Denis, des dizaines de milliers de Réunionnais qui ont repris le chemin du travail ont économisé mardi plusieurs heures de trajet grâce à la Route des Tamarins.
Est-ce à dire qu’il n’y aura pas de problème ? Tout le monde est conscient qu’il y en aura parce qu’il y a des retards et un manque d’anticipation de la part de responsables qui ont eu près de 10 ans pour préparer l’arrivée de la Route des Tamarins, mais qui n’ont rien fait.
En tout cas, cette rentrée scolaire avec des bouchons en moins doit en décevoir quelques uns qui comptaient sur l’aggravation des embouteillages pour utiliser cela contre la Région.

Manuel Marchal


Après la Route des Tamarins, le tram-train

Le 23 juin dernier, la Route des Tamarins est ouverte à la circulation. Après cette ouverture, un journaliste de "Zinfos 974" s’était placé au Barachois, traquant les témoignages d’insatisfaction d’automobilistes pris dans les embouteillages prédits par une étude financée par des fonds publics. Malheureusement pour l’équipe de Pierrot Dupuy, tous les usagers de la route étaient unanimes pour saluer le gain de temps permis par la mise en service de la Route des Tamarins.
Mardi, ce sont des journalistes du "Quotidien" qui étaient présents aux aurores à l’entrée Ouest de Saint-Denis, eux aussi s’attendaient à un monstrueux embouteillage. Mais il n’a pas eu lieu.
Néanmoins, si des problèmes de circulation ont lieu à l’entrée Ouest de Saint-Denis, gageons qu’il existera des personnes qui tenteront de faire porter le chapeau à la Région pour protéger ceux qui sont les responsables de cette situation car ils ont été incapables d’anticiper.
Après la Route des Tamarins, c’est le chantier du tram-train qui va débuter. Il sera livré dans quelques années. Il va amener à remettre à plat l’organisation des transports à Saint-Denis. En effet, l’arrivée de ce nouveau mode de transport signifie la mise en place d’un nouveau plan de circulation, et de nouveaux aménagements urbains. Après la Route des Tamarins, sera-t-il au tour du tram-train d’être la justification des problèmes de circulation à Saint-Denis ? Alors que tout le monde constate que ces problèmes sont liés à l’accumulation de nombreuses années de retard dans l’aménagement.

Route des Tamarins

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