La sénatrice Gélita Hoarau

’Le mot “respect” prendra alors tout son sens’

14 juin 2005

Interrogée par “Témoignages” à son retour de Paris, Gélita Hoarau, sénatrice de La Réunion, nous a fait part de ses impressions après avoir assisté au Sénat au débat sur la politique générale du gouvernement. L’élue réunionnaise déplore qu’aucune mesure n’ait été annoncée pour l’Outre-mer. ’Il est temps que les Réunionnaises et les Réunionnais fassent connaître leurs propositions en matière d’emploi notamment. Au gouvernement de prendre ses responsabilités’, nous a-t-elle déclaré en nous transmettant le texte ci-après. Les intertitres sont de la Rédaction.

(page 3)

L’Outre-mer et La Réunion en particulier offrent à la France et aussi à l’Union européenne un espace d’une richesse diversifiée : une richesse culturelle par son métissage unique dû à l’histoire de son peuplement, une biodiversité et une zone maritime très riches, et une place géopolitique unique dans la zone de l’océan Indien. On peut se poser la question de savoir si là-bas, à Paris et à Bruxelles, lieux de décision, ces hommes et ces femmes du pouvoir ont conscience de ces apports.
Avant le 29 mai, nous avons eu droit à une valse de visiteurs tant parisiens qu’européens venus à La Réunion faire campagne pour le "oui" au référendum. Parfois le mépris pointait dans leurs propos, nous considérant comme des analphabètes qui ne comprennent rien ou des mendiants qui tendent toujours la main comme si "le ventre lé jamais assez plein".
Cette attitude montre que ces personnes n’ont pas entendu la parole réunionnaise, la souffrance matérielle et morale des milliers de Réunionnais. Le 29 mai, le peuple réunionnais, la tête haute et avec fierté a su trouver la réponse à ce mépris.

Aucune politique pour l’Outre-mer

Le nouveau Premier ministre, dans son discours de politique générale, n’a évoqué que très succintement l’Outre-mer, saluant au passage l’action du RSMA. Aucune parole sur l’emploi concernant les 33% de notre population active au chômage ; aucun mot pour les 15.000 familles de la filière canne qui vont voir leur revenu baisser de 37% et ainsi assister à la dégradation de leurs conditions de travail ; aucune allusion à nos 7.000 jeunes (diplômés ou pas) qui arrivent tous les ans sur le marché de l’emploi et dont un grand nombre ne trouve pas de travail, rien non plus sur la relance de la construction des logements sociaux. Pas de création de postes non plus dans la fonction publique tant réclamés par les syndicats. Bref, aucune politique pour l’Outre-mer, sinon les mêmes recettes qui ont montré ici leur inefficacité.
Oserions-nous espérer que Monsieur Baroin, le nouveau ministre de l’Outre-mer, entendra les Réunionnais lors de sa permière visite (imminente ?) dans le pays, sur les problèmes cruciaux qui sont les nôtres ? En tout cas, nous le souhaitons fortement.

La volonté d’écouter

En effet, le ministre a dit lors du déjeuner organisé à la rue Oudinot avec les parlementaires d’Outre-mer, dans son allocution de présentation et d’accueil, "ne pas être sectaire", "être à l’écoute de tous". Nous l’avons bien entendu. Et si nous lui disions chiche ! Et qu’ensemble, forces vives du pays (nous ne sommes pas non plus sectaires) d’une part et Gouvernement d’autre part, nous bâtissions un plan d’urgence pour l’emploi ? Un plan spécifique et réellement adapté aux exigences de notre population.
La gentillesse, la politesse et la courtoisie, pour nécessaires qu’elles soient, doivent être accompagnées d’une ligne politique pour faire face à notre situation sociale dramatique.
Les Réunionnaises et les Réunionnais ont des propositions à faire en matière de création d’emplois. Encore faut-il que le gouvernement ait la volonté d’écouter, de composer et non de décider à leur place. À lui de prendre ses responsabilités. Le mot “respect” prendra alors tout son sens.

Gélita Hoarau,
sénatrice de La Réunion


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