Prolongation de l’engagement de l’État dans le bonus COSPAR

Le PCR appelle les députés réunionnais à soutenir l’initiative de Paul Vergès

25 novembre 2011

Au Sénat, Paul Vergès a réussi à faire adopter un amendement qui permet d’ouvrir la voie à une prolongation du versement du bonus COSPAR. L’heure est à la mobilisation pour que l’Assemblée nationale aille dans le même sens que le Sénat. Les députés réunionnais et le gouvernement sont face à leurs responsabilités. Vont-ils aller à l’encontre des intérêts de 100.000 travailleurs à La Réunion ?

Dans un communiqué publié hier, le Parti communiste réunionnais se félicite de l’adoption par le Sénat de l’amendement présenté par Paul Vergès. Cet amendement prolonge les exonérations de cotisation sociale liées au Bonus COSPAR pour une durée de trois ans.
Le texte prévoit que pendant une durée supplémentaire de trois ans, l’État prendra à sa charge le versement de ces cotisations à la Sécurité sociale. Cette dépense sera compensée par une nouvelle recette tirée d’une taxe additionnelle.
Le PCR rappelle que « cette prime avait été obtenue en faveur des travailleurs qui perçoivent des bas salaires suite aux grandes manifestations du COSPAR début 2009 ». Il souligne que « cette décision est le résultat positif de l’intervention du sénateur Paul Vergès et de son groupe CRC (Communiste Républicain Citoyen) à l’Assemblée sénatoriale ».
« Cette décision sera définitive si elle est adoptée dans les jours qui viennent par les députés à l’Assemblée nationale », poursuit le communiqué, « c’est pourquoi le PCR appelle les députés Réunionnais, qui sont sensibles à la situation sociale dramatique à La Réunion, à voter en faveur de cet amendement et les invitent à convaincre leurs collègues au sein de leurs groupes parlementaires à voter dans le même sens ».
« La mobilisation de toute la population est plus que jamais nécessaire pour l’amélioration du pouvoir d’achat à La Réunion », ajoute le Parti communiste réunionnais qui conclut : « c’est en ce sens que nous soutenons les initiatives de rassemblements et de mobilisations prises par les forces vives de La Réunion prochainement ».
Désormais, la balle est dans le camp du gouvernement et des députés de sa majorité. S’ils sont d’accord pour prolonger le versement du bonus COSPAR, alors ils ne pourront que soutenir une disposition qui permet de faciliter les négociations entre les partenaires sociaux en vue d’aboutir à un accord.

Une question de principe

En 2009, l’Outre-mer connaît un grand mouvement social. Le point de départ est le prix des carburants, puis les revendications se sont élargies à tous les domaines. Des avancées avaient été obtenues pour faire baisser des prix. L’accord sur l’augmentation des salaires a été plus long à obtenir. Pour les travailleurs payés en dessous de 1,4 SMIC, la hausse est de 150 euros : 100 euros à la charge de l’État, et 50 euros de l’entreprise. Pour faciliter l’application de l’accord salarial, l’État s’est engagé à payer les cotisations sociales pendant trois ans. L’amendement de Paul Vergès permet de prolonger ce versement pendant trois nouvelles années.

Au moment où cet accord a été signé, La Réunion dénombrait 93.000 travailleurs privés d’emploi et 114.000 inscrits à Pôle emploi. Ces nombres ont considérablement évolué, respectivement à 120.000 et 150.000, ce qui dénote une aggravation de la situation.

Sur cette même période, l’inflation a continué à progresser après la relance de la hausse des prix des carburants.

Hausse de la pénurie d’emploi et amplification de la vie chère : ces deux facteurs fragilisent une cohésion sociale déjà mise à mal par l’impasse d’un modèle.

Si aucun accord n’est trouvé avant le 31 décembre, ce sont des dizaines de milliers de travailleurs qui perdront le droit à un bonus de 50 euros, et cela en pleine crise du pouvoir d’achat. Chaque responsable ne peut qu’agir pour éviter pareille catastrophe.

Pour argumenter son refus de maintenir la prime à 50 euros, une partie du patronat avait pris prétexte de la fin du paiement des cotisations sociales liées au bonus par l’État. L’amendement adopté dans la nuit de mardi à mercredi par le Sénat fait tomber cet argument.

Les conditions sont donc plus que jamais réunies pour que les travailleurs puissent conserver leur droit à une prime de 50 euros. Il appartient désormais aux députés réunionnais de se mobiliser pour faire respecter ce principe. À eux de convaincre leurs collègues des groupes parlementaires dans lesquels ils siègent de soutenir un amendement de justice sociale.

La défense de l’intérêt général, c’est une question de principe. Le Sénat a pris ses responsabilités pour aller dans ce sens, c’est désormais aux députés et au gouvernement de s’inscrire dans cette dynamique.

Le service public connaît-il déjà le sens du vote des députés ?

Le PCR a diffusé son communiqué à 14h30. L’information était reprise dans le journal de l’après-midi de Radio Réunion Première avec aussitôt ce commentaire : l’amendement de Paul Vergès aura peu de chance de s’appliquer parce que si le Sénat est à gauche, l’Assemblée nationale est à droite. Le journal télévisé du soir a montré que le service public a pris le parti de soutenir cette thèse : l’amendement favorisant le maintien du bonus COSPAR sera refusé par les députés, car ils sont en majorité à droite.

Voilà une prise de position bien surprenante et cela pour deux raisons.

La première, c’est qu’un service public ne peut pas apparaître comme le porte-parole d’un parti. Sauf à avoir ses sources auprès de la direction de l’UMP, comment Réunion Première peut-elle affirmer que les députés de la majorité de l’Assemblée nationale voteront contre une mesure favorisant la justice sociale ?

La seconde, c’est que la vision d’un pays divisé en deux blocs, gauche et droite est l’application d’un schéma à l’ancienne. Il a déjà été observé à maintes reprises l’adhésion des différentes tendances d’une assemblée à un texte présenté par un groupe politique.

Paul Vergès a déjà réussi à obtenir cette adhésion, c’était lors de sa proposition de loi visant à conférer à la lutte contre le réchauffement climatique le rang de priorité nationale. Il est donc surprenant que face à l’intérêt général, le service public oppose un schéma dépassé pour affaiblir l’initiative d’un élu réunionnais.

Si les députés suivent l’intérêt général, Réunion Première fera-t-elle son autocritique ?

Le maintien de la prime COSPAR est une préoccupation qui va au-delà des partis. Il n’y a pas des salariés de gauche ou de droite mais des travailleurs qui ont droit au respect d’un principe légitime : le renforcement de la solidarité en temps de crise.

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