De la revendication à la concrétisation — 4 —

Le PCR au cœur des luttes réunionnaises

16 novembre 2009

Un demi siècle s’est écoulé depuis 1959 que le PCR a fait l’analyse de traiter la misère coloniale par le développement local, créateur d’activités, de richesses et d’emplois réunionnais.

Le Conseil Interministériel consacré à l’Outre-mer et le discours du Président de la République ont suscité de nombreuses réactions durant la semaine écoulée.
"Témoignages" a montré, à partir de plusieurs illustrations, comment des revendications très populaires et anciennes ont été légitimées au sommet de l’Etat et qu’il appartient aux Réunionnais d’accentuer le rassemblement pour déboucher sur leurs concrétisations.
Nous avions ouvert la série par la question de l’emploi aux Réunionnais qui semble faire, aujourd’hui, consensus dans la classe politique et l’opinion générale. Samedi, dans le "JIR," c’est Albert Ramassamy qui apporte son soutien total à cette juste revendication.

L’Histoire s’accélère

En mai 1981, la Gauche arrive au pouvoir sur les ruines de la politique d’assimilation outre-mer et en pleine politique d’intégration au marché unique européen qui menace notre agriculture.
Dans le but de s’opposer aux besoins d’un développement spécifique prôné par le PCR, les socialistes ont avancé la théorie de « l’intégration sans assimilation ». Finalement, le PCR avait dû prendre acte de ce retard dans la réflexion et, dans un communiqué mémorable, avait souligné que c’est la vie qui tranchera.
28 ans se sont écoulés depuis cette période et la situation sociale s’est terriblement dégradée. En 1982, les jeunes avaient organisé 2 défilés pour sensibiliser l’opinion sur leur situation précaire. De Sainte-Rose et de Saint-Joseph, durant une semaine, 2 défilés avaient convergé au Port, attirant une foule considérable, sous le slogan « La jeunesse pour l’emploi et le développement ». On avait 52.000 chômeurs. Nous en avons, aujourd’hui, 100.000, c’est-à-dire le double !

En apportant la caution de Gauche aux adversaires de Droite qui combattaient le moindre changement, Albert Ramassamy et ses amis ont enfermé la réflexion politique dans le conservatisme départementaliste et la pratique politique dans un modèle de gouvernance métropoliste.

La réalité s’est imposée

Face à la gravité sociale outre-mer, le Président de la République a décelé une « crise politique » et une « crise de confiance » au sein de la République, voire une menace pour la France. La faillite d’un modèle obsolète a fini par éclater. La réalité ne peut même plus être fardée par le charme de la sémantique de 1981, encore moins voilée sous le drapeau républicain, utilisé pendant 60 ans, pour contrer la simple évolution administrative proposée par le PCR.

Quand le Président déclare : « … quiconque a déjà assisté à une réunion en Préfecture outre-mer ne peut qu’être frappé par la réalité qui s’offre à son regard. Pour tout dire, on n’est pas très loin de la caricature », il exprime le sentiment d’un responsable politique de passage devant une réalité que d’autres vivent tous les jours.

Une génération (28 ans) avait été sacrifiée depuis 1981. Un demi siècle s’est écoulé depuis 1959 que le PCR a fait l’analyse de traiter la misère coloniale par le développement local, créateur d’activités, de richesses et d’emplois réunionnais.

Dans les moindres détails, le PCR a été combattu aveuglément. L’Observatoire des Prix et des Revenus vient d’un amendement déposé par Elie Hoarau, député en 1999. Le gouvernement socialiste s’y est opposé, mais le vote a été positif. Dans la foulée, un décret d’application devait être pris au Conseil d’Etat : il a fallu combattre plusieurs gouvernements durant 8 ans ! Or, cette revendication tire sa source du combat des fonctionnaires et de la médiation de Pierre Lagourgue.

Une fois acquis, le décret a souffert du sectarisme anti-réunionnais : la gouvernance de l’OPR a été attribuée à un préfet qui a conduit cet organisme vertueux à une véritable caricature ! C’est probablement pour cette raison que le Président de la République a décidé de le confier à une personne indépendante et d’intégrer le mouvement associatif. Ce serait une juste décision quand on connaît la part prise par Agir Pou Nout Tout pour arracher le décret de 2007, juste avant le Présidentielle.

La gravité de la situation pourra-t-elle conduire les acteurs politiques réunionnais à un sursaut collectif, à la sérénité sociale, au respect républicain et au partenariat institutionnel ?
N’avons-nous pas assez perdu de temps comme cela ?

J.B.

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