Lancement d’une campagne de mobilisation

Le PCR présente ses propositions

30 août 2016, par Manuel Marchal

Le Parti communiste réunionnais a commencé hier à Saint-Denis une série de trois réunions préparant le rassemblement de dimanche à Sainte-Suzanne. C’est le coup d’envoi d’une campagne de mobilisation pour faire entendre une voix réunionnaise dans les rendez-vous électoraux de 2017. Le PCR a notamment présenté ses propositions : assemblée unique dotée du pouvoir de faire des lois réunionnaises, un fonds réunionnais de développement et un plan de développement durable.

Deux co-secrétaires généraux du PCR, Ary Yée Chong Tchi Kan et Maurice Gironcel, animaient les débats

Le PCR a commencé hier une série de trois réunions préparatoires au rassemblement de dimanche à Sainte-Suzanne. Deux co-secrétaires généraux du PCR, Maurice Gironcel et Ary Yée Chong Tchi Kan, animaient les débats hier à l’hôtel le Saint-Denis dans la capitale.

Maurice Gironcel a lancé la réunion en rappelant les principaux indicateurs de la crise. La moitié de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, le chômage fait des ravages, le pays compte encore plus de 110.000 illettrés. Le dirigeant communiste a aussi souligné l’augmentation du nombre de demandeurs de logement social. Il atteint désormais 30.000.

Maurice Gironcel a mis l’accent sur deux crises qui sont à nos portes. La première est celle de la canne à sucre avec la fin des quotas sucriers l’année prochaine. 18.000 emplois sont en jeu. La seconde est celle des emplois d’avenir dont les contrats arrivent à expiration. Cette année 1.467 jeunes seront dans cette situation. L’État ne donne aucune réponse à part passer des concours ou de demander aux maires une titularisation, alors que l’État réduit par ailleurs les dotations versées aux communes.

Un environnement nouveau

Ary Yée Chong Tchi Kan a poursuivi la réunion par un rapport sur la situation politique, la critique du projet de loi sur l’égalité réelle et les propositions du PCR face à la crise.

Il a tout d’abord souligné l’émergence d’un marché mondial, qui entraîne une organisation de la production à la même échelle. Les conséquences se font ressentir pour la canne à sucre. Des siècles d’avancées technologiques sont menacées par la fin des quotas sucriers l’année prochaine à cause la concurrence avec des pays qui ont des coûts de production bien inférieurs à La Réunion. La crise des éleveurs en France donne un aperçu de ce qui attend les planteurs, poursuit-il.

Le changement climatique est un autre facteur important. Le climat est responsable d’une baisse de 30 % de la production de céréales en France. Dans notre région, la sécheresse attaque le Sud de Madagascar. 2 millions de personnes menacées par la famine, cela représente 8 % de la population.

Le dérèglement du climat, ce sont également les inondations. En Louisiane se pose la question de la reconstruction de la capitale, car désormais il est clair qu’elle est en zone inondable. Ces phénomènes renvoient à une question essentielle pour La Réunion : la sécurité alimentaire. Car si à cause du climat, la production de riz baissait de 30 %, les conséquences pour La Réunion serait désastreuse, car notre île ne produit pas l’aliment de base de ses habitants.

La démographie est un autre facteur qui s’impose à tous. Dans 35 ans, la population mondiale atteindra 10 milliards d’habitants. Durant ce délai, celle de La Réunion croîtra jusqu’à un million, et pendant ce temps Madagascar atteindra 50 millions. Ce sera un pays 50 fois plus peuplé que La Réunion à 700 kilomètres.

La croissance de la population amène une augmentation de tous les besoins dans tous les domaines.

Critique du projet d’égalité réelle du gouvernement

Ary Yée Chong Tchi Kan note l’importance de réfléchir en tenant compte de ses phénomènes. Pour La Réunion, il rappelle que l’analyse de cette situation est résumée dans un ouvrage publié lors du 70e anniversaire de l’abolition du statut colonial : « Un nouveau rassemblement pour une nouvelle politique : mettre fin au néocolonialisme ». Ce document rappelle qu’au lieu d’appliquer la loi du 19 mars 1946 qui prévoyait l’égalité au 1er janvier 1947, les gouvernements qui se sont succédé ont instauré une inégalité institutionnelle en donnant au départ à une partie de la population le double du salaire de France. Il explique aussi comment des groupes extérieurs ont pris le contrôle de l’économie de La Réunion pour ponctionner les richesses.

C’est dans cet état de crise que La Réunion devra faire face aux effets de la mondialisation, du changement climatique et de la démographie.

Le projet de loi sur l’égalité réelle ne tient pas compte des rendez-vous que connaîtra La Réunion au cours de ces prochaines années. Il ne dit rien sur la canne à sucre, pas un mot sur les Accords de partenariat économique, et reste silencieux sur la progression démographique.

Propositions

Ary Yée Chong Tchi Kan rappelle les propositions du PCR. C’est tout d’abord une assemblée unique, capable de faire des lois pour La Réunion et responsable devant le peuple réunionnais. Le mode d’élection est la proportionnelle intégrale pour que toutes les forces politiques de La Réunion puissent être représentées, « car nous avons besoin de travailler avec tout le monde ».

Cela suppose de faire sauter un verrou qui empêche la création de l’assemblée. C’est l’alinéa 5 de l’article 73 de la Constitution.

Le PCR propose aussi la création d’un fonds de développement. L’objectif est de ne plus dépendre des débats budgétaires annuels en France. Il sera financé par une somme correspondant à l’écart de PIB par habitant entre la France et La Réunion, multiplié par le nombre de Réunionnais. Cet écart correspond à 10.000 euros de moins pour les Réunionnais aujourd’hui. Et si le gouvernement veut s’attaquer à la sur-rémunération des fonctionnaires, le PCR luttera pour que l’argent reste à La Réunion.

Le PCR veut aussi mettre en œuvre un programme de développement durable pour que tous les Réunionnais puissent avoir droit à un travail et à un logement.

Maurice Gironcel a ensuite repris la parole pour réaffirmer l’engagement du PCR à être une voix réunionnaise face à la pensée unique qui vient de l’extérieur.

Après ce rapport, le débat s’est ouvert avec plusieurs interventions qui ont enrichi la réunion. Elles ont souligné l’importance de s’adapter au changement climatique grâce à l’aménagement du territoire. Elles ont aussi montré l’inquiétude devant une économie qui commence à s’effondrer. Elles ont aussi mis en garde contre le danger d’importer à La Réunion des problèmes qui n’existent pas dans notre île, comme la discrimination en fonction de l’appartenance religieuse.

Deux prochaines réunions sont prévues aujourd’hui à Saint-Paul et demain à Saint-Pierre. Maurice Gironcel a aussi rappelé le rendez-vous de 14 heures devant le tribunal. C’est aujourd’hui que sera rendu le verdict du procès manigancé par Daniel Alamélou pour tenter d’éliminer un adversaire contre qui il n’a aucune chance de gagner une élection.

M.M.

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