Le rassemblement des militants et délégués a commencé vers 9 heures, du moins pour ceux qui n’étaient pas déjà sur place. En effet, depuis plusieurs jours, les sections du Sud, organisatrices de la rencontre et chargées des questions logistiques, ont dû redoubler d’efforts pour permettre à la rencontre de se passer dans de bonnes conditions. Des militants de Saint-Pierre, Saint-Louis et l’Étang-Salé dorment sur place en se relayant depuis plusieurs jours, pour garder le matériel.
L’afflux des délégués venus du reste de l’île a été continu jusqu’au début des prises de parole, un peu après 10 heures, le temps de remplir le chapiteau planté dans le parc de l’ARDA. Un parc détrempé, sous l’effet de la forte houle qui a fait remonter la nappe phréatique, jusqu’à faire ressembler à une mangrove les abords de la RN1 au lieu-dit Z.I des Sables.
Ce fut une Conférence "pied dans l’eau", mais l’organisation a été imperturbable. Chacun, chacune était orienté(e) à son arrivée vers des hôtesses et recevait un dossier contenant le projet de "Nouveau contrat social" et un badge. À une table, des militants recueillaient les nouvelles adhésions. Claude Hoarau en annonça 192 pour la matinée, en donnant les chiffres complets de la campagne d’adhésion (voir encadré) . Chaque section avait un emplacement attribué qui permettait aux délégués de naviguer à travers les quelque 2.000 chaises vides installées pour les recevoir.

Hommage aux anciens

Puis, Fabrice Hoarau, de la section de l’Étang-Salé, ouvrit la séquence politique de la matinée, en rendant hommage aux anciens qui ont voué leur vie aux luttes que le PCR mène depuis 1959 "pour les droits des Réunionnais et pour la justice sociale". Un hommage particulier est allé à Isnelle Amelin qui, en 1969, était candidate communiste à l’Étang-Salé et anima de nombreuses campagnes avec les démocrates du Sud, "parmi lesquels Rico Payet, co-fondateur de Témoignage chrétien de La Réunion", a dit Fabrice Hoarau, l’un des jeunes membres du secrétariat renouvelé, avant d’appeler Jean-Yves Langenier, Maire et Conseiller général du Port, à présider la séance.
Dans ses quelques mots d’introduction, Jean-Yves Langenier a salué la présence dans l’assemblée du Président de la Région, Paul Vergès. Il a aussi réitéré l’hommage "aux luttes des Réunionnais qui ont transformé La Réunion et l’ont sortie du statut colonial par la loi du 19 mars 1946", invitant les militants d’aujourd’hui à "trouver la démarche qui prolongera les luttes de ces anciens", a-t-il dit en substance.

Renouveau

À bien des égards, l’organisation de la Conférence d’hier marquait indéniablement une recherche de formes nouvelles, accompagnant la régénération des organisations du plus ancien parti politique de l’île : l’hommage appuyé, dès l’ouverture, à l’ensemble des progressistes qui ont lutté avec le PCR ; la circulation de la parole, amenée par le Président de séance, a donné la primeur à 5 élus, "porte-paroles" du débat militant - qui ont présenté un rapport sur les thèmes de l’emploi, la santé, l’éducation, le coût de la vie et le logement (voir encadré) - avant de laisser le Secrétaire général, Élie Hoarau, dégager dans une synthèse le sens politique de la rencontre (voir page 6) .
Autant de signes témoignant du renouveau du Parti communiste réunionnais, pas seulement dans ses structures, mais dans l’approche pluraliste qu’il donne du mouvement progressiste réunionnais, dont il reste, avec plus de 7.000 militants, la pièce maîtresse, sans sectarisme. En clôturant la rencontre, Claude Hoarau a invité toutes les sections à être les meilleures possible dans la construction de l’Alliance. "L’alliance fait gagner... Nous n’avons pas le monopole des bonnes idées... Il faut un parti communiste fort, et nous l’avons rebâti, un parti communiste ouvert qui sait qu’il ne représente pas seul la majorité des Réunionnais... Travaillons ensemble, chacun reconnaissant le rôle irremplaçable de l’autre", a-t-il dit.
De différentes façons, le Parti communiste réunionnais a montré hier qu’il est prêt à jouer un rôle déterminant pour le rassemblement de tous les progressistes réunionnais autour d’un projet commun, permettant à notre île de faire entendre sa voix et ses besoins les plus urgents dans les échéances politiques à venir.

P. David

À propos du PCR

"Pas de chèque en blanc à qui que ce soit"

Élie Hoarau et Claude Hoarau ont tour à tour exprimé les objectifs propres au PCR, sa place dans la société réunionnaise et son rôle pour la construction de l’Alliance.
"Le Nouveau contrat social est le fruit de plusieurs mois de réflexion et de débat", a dit Élie Hoarau en terminant son intervention de synthèse. "Il faut l’enrichir encore... Son contenu est mis en débat parce que c’est maintenant que se joue le sort de La Réunion pour les 10 ou 15 ans à venir. À l’approche d’échéances capitales, il nous faut savoir où nous allons, dire ce que nous voulons. Il n’est pas question de signer un chèque en blanc avec qui que ce soit".
Ensuite, Élie Hoarau a longuement développé l’importance de mettre ces propositions en débat pour aller vers un projet partagé avec les autres composantes sociales et politiques. "Ce Nouveau contrat social est un travail de qualité. Mais il n’est pas suffisant pour donner du crédit et de la force à nos propositions. Ce qui compte aussi, c’est notre motivation réelle dans nos actions militantes, notamment à l’approche des élections ; et nos comportements quotidiens avec les autres, surtout quand on a des positions de pouvoir".
"Quels intérêts défendons-nous ? Principalement ceux des plus faibles et des plus fragiles d’entre nous. C’est cela la motivation des communistes. Les élections sont l’occasion de rassembler ; ailleurs aussi il y a de bonnes idées, des parts de vérité à dire... On ne sauvera La Réunion que si nous parlons d’une même voix, si nous sommes d’accord sur un projet commun à défendre ensemble à Paris. C’est le message du PCR, engagé depuis plusieurs mois dans le renforcement de ses organisations et de ses convictions", a conclu le Secrétaire général du PCR.

Le PCR en tant que tel a mené une campagne d’adhésions qui lui a fait franchir dans la semaine le seuil des 6.900 adhérents. "Avec les adhésions du jour, c’est plus de 7.000 adhérents, et nous nous donnons l’objectif des 8.000 adhérents au moment du 20 décembre", a ajouté Claude Hoarau, à l’heure du bilan. Il a souligné "la qualité des liens tissés avec la population" et salué particulièrement l’action des sections de Saint-Benoit, "très dynamique" et de Saint-Denis, où les communistes "regagnent pas à pas du crédit dans l’opinion".

P. D