Pour La Réunion du million d’habitants

Le PCR propose le ’Nouveau contrat social’

30 août 2006

Centre des débats au sein des instances du Parti communiste réunionnais, le ’Nouveau contrat social’ vise à proposer un certain nombre de pistes dans la perspective d’un développement durable de La Réunion.

100.000 chômeurs, plus de 25.000 demandes de logement social, plus de 100.000 Réunionnais illettrés, ces chiffres se traduisent au quotidien par la frustration et le désespoir qui touche la plus grande partie de notre population. Elles sont l’illustration que l’égalité collective est à conquérir, car l’explique Élie Hoarau, secrétaire général du Parti communiste réunionnais, quelle serait la situation en France si le taux de chômage atteignait celui de La Réunion ?
60 ans après l’abolition du statut colonial par la loi du 19 mars, des décennies de batailles ont permis d’arracher l’égalité individuelle. En 2006, le salaire minimal, les allocations chômage, le RMI et beaucoup d’autres mesures sociales sont au même niveau qu’en France à La Réunion. Mais un autre volet de l’égalité entre les Réunionnais et les autres citoyens de la République n’est pas respecté. Ces manquements au droit à l’égalité collective se traduisent entre autres par un chômage de masse, un droit au logement qui n’existe pas pour tous les Réunionnais. Le document rendu public hier par le PCR vise à proposer des mesures qui ont pour but de faire respecter le droit à l’égalité collective des Réunionnais au sein de la République.

Égalité collective

Élie Hoarau affirme que le point de départ de la réflexion est le ressenti de la population sur toutes ces questions qui ont pour conséquences "une situation que nous ne pouvons pas tolérer". Elles s’expriment par des retards par rapport aux citoyens de la République qui vivent en France. "Combler ces retards, c’est le nouveau contrat social que nous voulons réaliser", précise le responsable du PCR.
Le PCR s’appuie sur le principe de l’égalité collective dans le cadre de la République, ce qui signifie qu’"il appartient à l’État de définir le cap et de mettre les moyens nécessaires à la réalisation de cet objectif". 60 ans après l’abolition du statut colonial, le PCR propose un élargissement de la bataille pour l’égalité qui peut s’appuyer sur les moyens légaux. Une des priorités est de sortir du droit commun, préalable au règlement des problèmes qui s’aggravent. C’est la démarche qui est déjà en œuvre dans le cadre des relations entre La Réunion et l’Union européenne avec la reconnaissance du statut de région ultrapériphérique dont nous faisons partie. Ces RUP ont pour point commun des retards et des handicaps structurels qui expliquent la création de mesures légales qui dérogent au droit commun européen afin de réduire les écarts de niveau de vie entre des citoyens qui vivent dans l’Union européenne. "L’Union européenne a mis au point des indicateurs pour apprécier le retard des RUP", explique le secrétaire général du PCR, "en fonction des retards, l’Union européenne met à disposition des moyens spécifiques comme par exemple le Fonds social européen dont nous bénéficions".

Mesures spécifiques et dérogatoires

Pour le PCR, cette démarche entreprise par l’Union européenne doit être suivie par le gouvernement français. "Cette démarche n’est pas partagée par tout le monde", poursuit le dirigeant communiste, "c’est là que se situe le débat ce qui nous rappelle le débat entre les partisans de l’égalité et ceux de la parité".
Jusqu’à présent, les différents gouvernements qui se sont succédé ont participé à des tentatives de lois spécifiques, mais force est de constater que les lois-programme et autres "loi Pons" et loi d’orientation n’ont pas fondamentalement changé le cours des choses. La situation continue de s’aggraver et appelle à des mesures exceptionnelles qui dérogent au droit commun.
Dans la perspective du million d’habitants, le PCR évalue à 140.000 le nombre d’emplois nouveaux à créer, alors que 100.000 personnes sont déjà au chômage et que le résultat du sacrifice de milliers de familles pour que leurs enfants puissent réussir leur scolarité est l’inscription à l’ANPE des jeunes diplômés.
Parmi les propositions évoquées publiquement hier, le PCR souhaite aller vers un moratoire dans le mode de recrutement des fonctionnaires à La Réunion. Dans le cadre du droit à l’expérimentation reconnu par la Constitution, il propose de réserver les postes de la fonction publique ouverts à La Réunion aux Réunionnais par des concours réservés. Cette revendication se situe dans une démarche de solidarité que la République doit avoir à l’égard de sa région la plus sinistrée par le chômage. "Pour montrer sa solidarité envers les Réunionnais, un fonctionnaire métropolitain ne doit pas postuler à La Réunion", dit en substance Élie Hoarau qui rappelle que rien que dans l’enseignement, ce sont encore un millier d’enseignants qui sont venus de l’extérieur à la dernière rentrée. Pendant ce temps, des milliers de Réunionnais ont le diplôme qui leur permet d’accéder valablement à ces postes, ce qui ne peut qu’entretenir frustration et désespoir.

Aller jusqu’au bout

Toujours sur la question de l’emploi, le PCR prône la création d’une conférence permanente sur ce thème, réunissant syndicats, représentants de chômeurs, élus et patrons. Car pour Élie Hoarau, l’essentiel est de donner tous les moyens pour aller jusqu’au bout dans la lutte contre le chômage.
Et en dégageant de nouveaux moyens, en dérogeant au droit commun, le PCR estime qu’il est possible de créer suffisamment d’emplois pour répondre aux besoins de La Réunion du million d’habitants.
L’autre préoccupation essentielle du document présenté hier est de proposer des idées pour construire suffisamment de logements pour répondre à la demande. Une des pistes avancées est de densifier l’habitat tout au long de l’itinéraire du tram-train. D’autres aspects du "Nouveau contrat social" ont été évoqués hier, ils feront l’objet de prochains développements dans nos éditions ultérieures.
Du constat du sous-développement et de son impact sur la population, le PCR propose des pistes résultats d’une concertation avec la société civile, les entreprises, le milieu associatif et les élus. Document provisoire, le "Nouveau contrat social" est actuellement en débat au sein des sections du Parti. Enrichis des différentes remarques, compléments et autres amendements des militants, le texte final doit être validé lors de la prochaine conférence extraordinaire du PCR qui se tiendra le 24 septembre prochain à L’Étang-Salé.

Manuel Marchal

Parti communiste réunionnais PCR

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