Bilan négatif de la visite d’Ericka Bareigts, ministre des Outre-mer

Le PCR renouvelle son appel à une nouvelle politique

2 novembre 2016, par Manuel Marchal

Lundi, le Parti communiste réunionnais a fait le bilan de la visite d’Ericka Bareigts dans notre île. Les annonces faites ne répondent pas aux questions que le PCR lui a posées à la veille de son arrivée. Pour le PCR, « elles se résument à un petit peu plus de contrat aidé, de défiscalisation ». Cette visite ministérielle démontre les limites d’une telle opération, car les problèmes de fonds ne sont pas abordés. Un résumé à écouter sur KanalRéunion.

Ary Yée Chong Tchi Kan, Maurice Gironcel et Ginette Sinapin.

Le PCR, représenté par Ary Yée Chong Tchi Kan, Maurice Gironcel et Ginette Sinapin, tenait lundi une conférence de presse. Le 26 octobre dernier, le PCR avait rencontré les journalistes à la veille de la première visite en tant à La Réunion d’Ericka Bareigts, en tant que ministre des Outre-mer. Cinq jours plus tard, l’heure était au bilan. Pour le PCR, les annonces faites par la ministre sont loin de correspondre aux attentes.

Maurice Gironcel revient tout d’abord sur celle concernant le déblocage de 11 millions d’euros pour financer 2000 contrats aidés, « ce qui fait 5.500 euros par an, 480 euros par mois, alors qu’un contrat revient à 1.000 euros. Qui paie la différence ? » Et de souligner que « ces 11 millions d’euros ne sont pas prévus dans le budget, il faudra une décision modificative. Et ces 2.000 contrats aidés sont-ils pour La Réunion ou tout l’outre-mer ? Ils ne seront pas mis en œuvre avant janvier et février ».

Concernant le logement social, les bailleurs sociaux se disent satisfaits, mais les acteurs du BTP annoncent une poursuite des licenciements.

Toujours les mêmes méthodes

Pour le PCR, ces annonces, ce sont « un petit peu plus de contrat aidé, de défiscalisation. Mais sur le fond, pas de changement sur ce qui est fait habituellement par les gouvernements qui se succèdent ».

Cela démontre les limites de ce qui est proposé, on arrive au bout d’un système. 70 ans après la loi d’égalité, on a une politique néocoloniale mise en place. Tant que l’on ne s’occupera pas des causes du problème, ce seront toujours les mêmes difficultés.

Maurice Gironcel rappelle que le 24 juin dernier, la commission transparence sur les emplois aidés a donné un chiffre : 4.258 jeunes sont en emplois d’avenir dont 725 dans le secteur marchand. 1.463 arrivent en fin de contrat cette année. La question a été posée à la ministre, quelle solution ? C’est le processus de fin de contrat. Autrement dit, « rien à part la garantie d’être reçu par les services de Pôle emploi pour se voir proposer un contrat de formation sur 4 mois, le CIE Starter ». La Réunion compte toujours un taux de chômage officiel de 25 %, et 52,5 % chez les moins de 25 ans sont privés de travail.

Le PCR rappelle aussi que la même commission avait annoncé que 37.000 jeunes sont sans diplôme, dont environ 7.000 ont une occupation, la plupart en situation précaire. On ne connaît pas la situation de 30.000 d’entre eux, et parmi eux « 15.000 n’apparaissent nulle part ». « Deux députés étaient présents lors de cette commission, mais l’information n’a pas été divulguée », constate Maurice Gironcel.

Situation bloquée

Le PCR souligne également le peu de commentaires faits autour du projet de loi sur l’égalité réelle voté en première lecture par les députés. Il constate l’absence de réponse sur les inégalités réelles : 42 % de la population sous le seuil de pauvreté, 180.000 personnes inscrites à Pôle emploi. En effet, interrogée sur ce point, Ericka Bareigts dit qu’elle est contre la suppression de la sur-rémunération. « Le PCR n’est pas contre la sur-rémunération, il dit si la vie est chère pour des travailleurs, elle l’est pour toute la population », précise le co-secrétaire du PCR.

Maurice Gironcel rappelle que dans le rapport Lurel, le député demandait de faire un « big bang. Où est le bing bang ? »

En effet, pour les plans de convergence, les lois d’habilitation sont impossibles à La Réunion à cause de l’alinea 5 de l’article 73. Paul Vergès a fait une proposition de loi demandant la suppression, en tant que députée Ericka Bareigts avait fait de même. Pour La Réunion, c’est bloqué, reconnaît un rapporteur de la loi.

« Malgré la présence d’une Réunionnaise au gouvernement, la politique n’est pas en rupture avec ce qui nous a mené à l’impasse », affirme le PCR.

« Problèmes de fonds pas posés »

De nombreuses questions restent sans réponse : quel avenir pour la canne à sucre après la suppression des quotas ? Que faire après la suppression de l’octroi de mer dans sa forme actuelle en 2020 ? Et que deviendra l’économie réunionnaise une fois signés les Accords de partenariat économique. « Les problèmes de fonds ne sont pas posés ».

« Cette visite ministérielle nous conforte », poursuit Maurice Gironcel, « si on n’a pas de rupture avec ce qui se fait maintenant, il n’y aura pas de changement ».

Et de constater également que « l’autonomie ne fait plus peur ». Un journal a d’ailleurs publié un article intitulé « l’autonomie une solution d’avenir ». « Il faut se féliciter que les thèses du PCR soient partagées par beaucoup de monde ». Pour que cela se traduise dans des actes, le PCR appelle à la création d’un Front réunionnais regroupant toutes les personnes qui veulent s’impliquer dans la construction d’un projet pour l’avenir de La Réunion.

Enfin, concernant les prochaines échéances électorales, le PCR attend de connaître la désignation des candidats à la présidentielle avant de leur faire parvenir une plate-forme. Pour les législatives, les discussions sont en cours avec les sections qui font remonter des propositions. Le Conseil politique donnera ensuite sur ce sujet une décision définitive.

M.M.

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