Deux semaines après Paul Vergès, le monde a eu à déplorer la disparition d’un autre grand dirigeant, Fidel Castro. Aujourd’hui aura lieu à La Havane un hommage à l’ancien secrétaire général du PC cubain, première commémoration officielle d’une période de neuf jours de deuil national qui culminera le 4 décembre prochain lors du dernier adieu à Santiago de Cuba.

À l’annonce de sa disparition, le Parti communiste réunionnais a rendu hommage à Fidel Castro, « héros de la révolution cubaine ». Cette révolution est arrivée trois ans après le débarquement à Cuba de moins d’une centaine de personnes conduites par Fidel Castro. La force des idées et la conviction ont compensé la faiblesse du nombre pour aboutir à la victoire. En 1959, la dictature de Batista s’est effondrée, la révolution a alors commencé. Le changement s’est rapidement heurtée à l’hostilité des dirigeants des États-Unis. Ils refusaient que les Cubains puissent eux-mêmes gérer les affaires de leur pays. En effet, l’île était quasiment une colonie de cette superpuissance. La distance séparant Cuba des États-Unis n’est que de 150 kilomètres. 11 présidents se sont depuis succédé à Washington. Ils n’eurent de cesse d’appliquer le blocus décrété par John Fitzgerald Kennedy.

Le peuple et ses dirigeants plus forts que le blocus

Cette mesure était destinée à saper la popularité de la révolution en déstabilisation l’économie du pays. Les mesures mises en œuvre étaient en effet en phase avec les attentes d’un peuple maintenu dans le sous-développement colonial. Le blocus a eu de lourdes conséquences pour toute la société cubaine. Il a amené le peuple et ses dirigeants à déployer des trésors d’ingéniosité pour faire face à la pénurie.

Malgré cet obstacle considérable, la société cubaine a été transformée. Les plus grandes réussites se situent dans le domaine social. Alors que Cuba subissait l’illettrisme de masse, elle est devenue un des pays au taux d’alphabétisation les plus importants du monde, devant la France ou les États-Unis. Ses centres de formation, notamment en médecine, sont des références dans le monde. Cuba a aussi la volonté de faire partager ses avancées dans le monde. Sa méthode de lutte contre l’illettrisme est exportée avec succès en Amérique latine. Récemment, alors que l’Ouest de l’Afrique étaient touchée par l’épidémie d’Ebola, le gouvernement y a envoyé 165 médecins. Outre par les pays concernés, cette contribution a été saluée par l’Organisation mondiale de la Santé, et même par les États-Unis par la voix du chef de leur diplomatie, John Kerry.

Cette solidarité s’est également manifestée par un soutien militaire à la lutte contre l’apartheid. En Angola, les Cubains ont apporté une contribution décisive à la défaite de l’armée de l’apartheid, ce qui favorisa la chute de ce régime.

« L’histoire m’absoudra »

Ainsi au moment où Fidel Castro disparaît, Cuba jouit d’un grand crédit sur le plan international. Cette reconnaissance est qu’elle a amené les États-Unis à s’abstenir lors du dernier vote de l’ONU demandant la levée de l’embargo sur Cuba.

Sur le plan intérieur, le décès de Fidel Castro laisse les Cubains orphelins. Une grande ferveur s’est emparé du pays. Ils s’apprêtent à rendre hommage à un dirigeant qui leur a donné l’indépendance et la fierté d’être Cubains.

À deux semaines d’intervalles, deux grands dirigeants nous ont quittés. Paul Vergès et Fidel Castro ont été les éveilleurs de la conscience de leurs peuples. Comme pour Paul Vergès, la disparition de Fidel Castro permettra la reconnaissance de tout ce qu’il a apporté à Cuba et au monde. La popularité du gouvernement cubain dans les masses montre que le peuple cubain a déjà jugé. Il appartient désormais à l’histoire de le faire. Nul doute que son verdict ira dans le sens de la déclaration faite en 1953 par Fidel Castro lors de son procès suite à l’attaque de la caserne de la Moncada : « l’histoire m’absoudra ».

M.M.