Le Pen à La Réunion aujourd’hui

Le peuple réunionnais bafoué par les complices de l’extrême droite

7 février 2012

En 2002, les Réunionnais se sont exprimés clairement : à 92%, ils ont refusé l’idéologie raciste d’extrême droite du Front national. Dix ans plus tard, la chef de ce parti vient faire campagne à La Réunion. Marine Le Pen doit être reçue demain avec tous les honneurs à la Chambre de métiers et à la Chambre de commerce et d’industrie. Les Réunionnais ne méritent pas une telle insulte. L’idéologie de l’extrême droite va précisément à l’encontre de tout ce qui fait le peuple réunionnais.

Les Réunionnais ont une expérience d’un régime raciste au pouvoir. Pendant plus de la moitié de son Histoire, notre pays a été dominé par une idéologie fondée sur l’inégalité des êtres humains, c’était l’esclavage. Après l’abolition de ce crime contre l’humanité, les inégalités se sont maintenues entre La Réunion et la France, car sous le régime colonial, les Réunionnais n’étaient pas des citoyens à part entière. Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’extrême droite a pris le pouvoir en France et elle a pu appliquer sa politique pendant quatre ans. Ses effets se sont faits ressentir à La Réunion avec la répression visant les syndicalistes, et tous les démocrates. Quatre ans après la Libération de La Réunion, il a fallu le 19 mars 1946, et l’abolition du statut colonial, pour qu’enfin les Réunionnais soient reconnus en droit comme les égaux des citoyens de l’ancienne puissance coloniale.

L’idéologie de l’esclavage

Cette victoire n’a pas signifié la fin de l’idéologie de l’ancien régime. Puisque ses partisans ne pouvaient pas revenir au statut colonial, ils ont tout fait pour extirper le contenu progressiste à la départementalisation. Pour cela, ils se sont appuyés sur les complicités de l’appareil d’État. Les élections de septembre 1957 à Saint-André ont lancé la première opération de fraude électorale massive couverte par Paris. Elles seront suivies de plusieurs autres coups de force marqués par des assassinats à Saint-Denis, Sainte-Marie ou Saint-Leu avant que les élections de 1959 marquent la suppression générale du suffrage universel à La Réunion pour de longues années.
Les partisans de l’ancien régime pensaient avoir atteint leur but en empêchant le peuple de s’exprimer. Pour cela, ils utilisaient les méthodes de l’extrême droite européenne des années 20 et 30 : violences générales pendant les élections, répression de toute opposition.

Les Réunionnais contre l’apartheid

Ce type de comportement, c’était celui de ceux qui étaient à l’époque qualifiés d’ultras. Il permit notamment la désignation à l’Assemblée nationale de Jean Fontaine. Pour la plus grande honte de notre pays, ce dernier fut le premier député du Front national répertorié au Parlement. Suite à sa nomination à l’assemblée en 1977, ses nervis organisèrent un raid contre la population du Port et tuèrent le jeune Rico Carpaye.
Il fallut 1986, date de l’élection des premiers députés du Parti communiste réunionnais, pour que soit mis fin à ce scandale. Depuis lors, l’extrême droite a été officiellement extirpée de la représentation de La Réunion.
Outre ce combat dans notre pays, les Réunionnais ont aussi été dans la lutte solidaire contre l’apartheid. Des manifestations permanentes des démocrates sous l’impulsion du PCR se traduisent aujourd’hui par la reconnaissance de la solidarité des Réunionnais. L’ANC a invité le PCR à participer aux festivités du 100ème anniversaire de l’organisation.
En 2002, le candidat du Front national était qualifié pour le second tour. À La Réunion, le résultat a été clair et net, 92% les Réunionnais ont marqué leur attachement à la démocratie, et le refus de l’idéologie raciste de l’extrême droite du Front national.
En 2007, au premier tour de la Présidentielle, Le Pen était réduit à moins de 5%. C’est bien la preuve que l’extrême droite n’a pas sa place à La Réunion.

Pourquoi donner une tribune à Le Pen ?

Malgré une expression du peuple très nette, il existe à La Réunion des responsables qui s’assoient sur ce verdict, et déroulent un tapis rouge à la chef de l’extrême droite de France. Ils n’avancent même pas masqués, car demain, la Chambre de métiers et la Chambre de commerce et d’industrie accueillent Marine Le Pen.
Comment est-il possible que dans notre pays, des Réunionnais décident d’offrir à l’extrême droite une tribune qu’elle ne pourra jamais obtenir en France ? Comment interpréter le passage de la candidate soutenue par un groupuscule à La Réunion sur tous les principaux médias ?
À chaque occasion, les Réunionnais ont su se dresser pour combattre l’idéologie raciste de l’extrême droite. Aujourd’hui, face à la représentante de ce parti rétrograde, ce sera le cas.

M.M.

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