Elections européennes : effondrement du Parti socialiste

Le PS perd largement dans toutes les Régions qu’il dirige

11 juin 2009, par Manuel Marchal

Dimanche soir, le rassemblement qui dirige la Région depuis 2004 est arrivé en tête à La Réunion. L’Alliance a en effet obtenu 28% des voix. Elle arrive loin devant l’UMP avec 23,74% et le PS qui recule d’une place par rapport aux élections européennes précédentes (22,99%). Cette victoire de l’Alliance est un fait marquant dans ces élections, c’est en effet une liste issue d’une majorité régionale qui a été placée en tête par les électeurs de cette Région, à la différence du PS qui a été battu dans les 21 Régions qu’il dirige.

Entre l’Europe et les citoyens, la Région est l’institution du partenariat. C’est en effet au niveau régional que se met en place un des piliers de la politique européenne : la politique régionale. Car l’Europe, ce n’est pas seulement 27 pays, mais aussi 271 régions.
C’est à partir d’indicateurs calculés au niveau régional que se mettent en place les fonds structurels, dont le fonds social européen créé dès 1957. Leur montant est fonction de l’écart entre le PIB moyen par habitant de la Région et le PIB moyen par habitant de l’Union européenne. Quand le PIB moyen régional est inférieur à 75% du PIB moyen européen, alors la Région est éligible à l’Objectif convergence. Cela lui donne droit à des crédits bien plus importants.
La Région est donc un partenaire essentiel de la relation entre l’Union européenne et le citoyen.

Le PS 34 points derrière les Verts en Guadeloupe

En France et Outre-mer, la quasi-totalité des Régions sont dirigées par le PS : 21 sur 26. Cette proportion est même encore plus forte sur le continent européen : 20 Régions sur 22. Et Outre-mer, une Région est dirigée par l’Alliance : La Réunion.
Dans ce contexte, l’effondrement du PS dimanche apparaît encore plus accentué. Il n’est en tête dans aucune région qu’il contrôle. Pire, il est devancé par l’UMP et les Verts en Guadeloupe, en Île de France, en Pays de la Loire, en Languedoc-Roussillon, en Rhone-Alpes et en PACA. Son score tombe même à 13,5% en Île de France et en Provence Alpes Côte d’Azur.
Quant à la barre des 20%, elle n’est dépassée que dans le Nord Pas de Calais, et le Limousin, les deux seules régions françaises qui n’ont jamais été dirigées par l’UMP ou ces prédécesseurs.
Il est à noter que c’est en Guadeloupe, dans la circonscription Outre-mer que l’écart entre la liste arrivée en tête (les Verts), et la liste PS est le plus important : 34 points ! Pourtant, la Région Guadeloupe est dirigée par un socialiste, du même parti que la liste conduite par Ericka Bareigts.
Les militants et les sympathisants socialistes auraient aimé connaître l’analyse de Gilbert Annette sur cette défaite sans précédent du PS. Mais pour lui, la préoccupation est de se rapprocher du PCR.
Il n’a pas non plus apporté d’explication sur le fait que contrairement au PS, l’Alliance a été confirmée par les électeurs de la Région qu’elle dirige. Et elle est aussi arrivée en tête en Martinique alors que la liste PS se vantait du soutien du Parti progressiste martiniquais.
Puisque Gilbert Annette n’a pas encore souhaité expliquer les faits les plus marquants des élections européennes, voici quelques éléments d’analyse.

L’Alliance a un projet alternatif crédible

Si l’Alliance est arrivée en tête à La Réunion, c’est parce qu’elle met en œuvre un projet alternatif crédible qui remet en cause les fondements des injustices. Cet aspect est largement développé dans la page 7.
Pour sa part, le Parti socialiste corrige à la marge les effets de l’ultralibéralisme sans le remettre en cause. Il est d’ailleurs un de ses gestionnaires aux côtés de l’UMP. Sa défaite s’explique donc par le fait qu’à la différence de l’Alliance à La Réunion, les citoyens ne voient pas dans le projet de la direction du PS une alternative capable de les sortir de la crise car ce n’est pas son objectif. Le projet des dirigeants du PS est un projet d’alternance, et son objectif n’est pas de remédier aux causes profondes de la crise qui plonge une grande partie de la population dans la misère. Son objectif, c’est de tenter de reconquérir le pouvoir. C’est le même raisonnement suivi localement par le premier secrétaire du PS. Il ne cherche pas à savoir si le projet des socialistes a été ou pas accepté par la population. La seule chose qui l’intéresse, c’est de connaître la différence qui sépare son parti de l’Alliance.
De tels raisonnements sont appliqués au PS depuis une trentaine d’années. Ce sectarisme de parti amène aujourd’hui le Parti socialiste à toucher le fond.

 Manuel Marchal  

Union européenne

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