Présidentielle : Face à une ’droitisation’ prévisible du prochain pouvoir élu en France, quel que soit le résultat du deuxième tour

Le respect des engagements, condition du développement

25 avril 2007

Mis au centre de la campagne présidentielle par l’Alliance, l’engagement pris par les candidats à respecter le Socle du développement contenu dans la plate-forme prend maintenant une nouvelle importance. Dans un contexte de ’droitisation’ du prochain pouvoir élu en France, quel que soit le prochain président de la République, il est important qu’aucun investissement ne puisse être remis en cause.

Au niveau national, le scrutin de dimanche dernier appelle plusieurs commentaires qui concernent La Réunion.
En effet, le 22 avril, les électeurs ont tranché. Ils ont placé largement en tête Nicolas Sarkozy (UMP) et Ségolène Royal (PS), et ont fait de François Bayrou (UDF) l’arbitre du deuxième tour. Les sept millions de personnes qui lui ont fait confiance constituent le plus important réservoir de voix pour le 5 mai prochain.
Le second enseignement concerne le taux de participation. Près de 84% des électeurs ont voté le 22 avril. La mobilisation des abstentionnistes ne fournira pas une marge de manœuvre significative aux deux finalistes.
Le troisième est la faiblesse des réserves de voix à gauche et le glissement à droite de l’électorat de Métropole.

Convaincre à droite

En effet, la candidate socialiste a quasiment fait le plein car les autres partis progressistes ont été laminés par les appels au vote utile brandissant le spectre du 21 avril 2002. À ce fait s’ajoute un autre : un score historiquement bas pour les représentants de partis se situant à gauche. L’addition des voix portées sur des candidats progressistes ne dépasse pas 36% des votants.
Résultat, contrairement à La Réunion, l’électorat conservateur allant du centre-droit au Front national est largement majoritaire en France. Comment alors imaginer la victoire dans moins de deux semaines de la candidate socialiste ?
La seule solution passe par une conquête d’une partie de l’électorat qui a soutenu le candidat du centre-droit. Mis à part le rejet du candidat de l’UMP que le PS entend faire jouer à plein, reste en effet à savoir quels peuvent être les arguments susceptibles de convaincre ceux qui ont voté pour François Bayrou. Cela implique une recherche de convergences entre les programmes du PS et de l’UDF.
Concrètement, Ségolène Royal a déjà pris l’initiative de téléphoner à François Bayrou. Lundi, avant son premier meeting d’entre deux tours, elle a demandé un « dialogue ouvert et public » avec le président de l’UDF. Son objectif est de comparer les « valeurs » du PS et de l’UDF afin de dégager des « convergences » en vue du deuxième tour de l’élection présidentielle.

À quel prix ?

Autrement dit, pour rassembler de manière suffisamment large pour être en mesure de gagner le second tour, la candidate socialiste devra "droitiser" son programme. C’est en effet le candidat de l’UDF qui détient une carte majeure pour le deuxième tour, et le rapport de force lui est favorable pour qu’il puisse faire avancer les idées qu’il défend. Or, François Bayrou n’est pas à proprement parler un progressiste. En effet, il est important de ne pas oublier que l’UDF est un parti dont les dirigeants ont quasiment toujours suivi les orientations du gouvernement sortant. Dans les collectivités locales, UDF et UMP ont l’habitude de former des majorités.
Par ailleurs, les propositions de François Bayrou concernant l’économie et le social sont fondamentalement plus proches de celle de Nicolas Sarkozy : allégement de la contribution sociale payée par les entreprises, diminution des droits de succession, mise en place d’un contrat de travail unique avec des droits progressifs, approfondissement de la contre-réforme des retraites avec remise en cause des régimes spéciaux...
Cette énumération illustre le champ des concessions possibles qui attend la candidate socialiste si elle veut obtenir le soutien de l’UDF. Un soutien qui est la condition de son succès et qui ne pourra se traduire que par une "droitisation" de son programme.

Le Socle du développement

Dans ce contexte, il faut se rappeler que Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy se sont engagés par écrit à appliquer le "socle du développement" contenu dans la Plate Forme de l’Alliance.
Ces 30 milliards de francs (4,3 milliards d’euros) investis à La Réunion pourront créer des dizaines de milliers d’emplois. En effet, déjà signés, les chantiers du tram-train et de la route du Littoral, le contrat de projet État-Région et les Programmes opérationnels européens assureront 80% de l’activité économique des dix prochaines années.
Autrement dit, quel que soit le résultat de l’élection présidentielle, quelque peuvent être les évolutions des programmes des candidats, le "Socle du développement" doit être réaffirmé. Et l’on sait que rien n’est jamais automatiquement acquis. Cette remarque est d’autant plus importante que la "droitisation" de l’électorat en France traduit une progression des conservateurs. C’est une nouvelle donne et il est essentiel pour le développement du pays qu’aucun investissement ne soit remis en cause. Et que quel que soit "l’heureux(se) élue", ce sont les Réunionnais qui de toute façon devront obtenir de faire respecter leur programme.

Manuel Marchal


L’appel de Michel Rocard

Pour Michel Rocard, les convergences entre PS et UDF existent. Le 14 avril, il avait en effet appelé à une alliance avant le premier tour entre Ségolène Royal et François Bayrou dans une tribune parue dans "le Monde". C’était pour lui la seule solution d’empêcher Nicolas Sarkozy de remporter l’élection présidentielle. Un appel argumenté de la façon suivante :
Pour l’ancien Premier ministre socialiste, « sur les urgences d’aujourd’hui, rien d’essentiel ne sépare plus en France les sociaux-démocrates et les démocrates-sociaux, c’est-à-dire les socialistes et les centristes ». Bernard Kouchner et Claude Allegre, deux anciens ministres PS, ont abondé ce point de vue.


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