AVANT les élections

Le Tampon obtient 418 contrats CUI, pour un total de 5.016 mois Qui a donné ces contrats à Didier Robert ?

Que Didier Robert explique à tous ces collègues comment il a pu réaliser un tel miracle

25 août 2008, par Manuel Marchal

Dans les trois mois avant les élections, Le Tampon a obtenu 418 CUI pour un total de 5016 mois, c’est 35% du total attribué aux 24 communes de l’île. Qui a fait ce cadeau à Didier Robert ? Voilà en tout cas comment ce jeune élu s’est sucré avant les élections, quelques mois après que le préfet ait publiquement dénoncé les « contrats magouilles ».

Les conditions dans lesquelles se sont déroulées la rentrée scolaire ont souligné les conséquences de la diminution du nombre des emplois aidés pour La Réunion. Notre île expérimente un nouveau type d’emploi aidé : le contrat unique d’insertion.

Comme le reconnaît d’ailleurs le préfet dans un communiqué daté du 20 août, force est de constater que le « recours massif à ce nouveau type de contrats au cours du premier trimestre 2008 a pu provoquer un certain déséquilibre dans la gestion globale de la réponse attendue par l’ensemble des employeurs publics et a été de nature à créer ponctuellement certaines tensions dans la couverture des besoins ».

Force également est de constater que dans les trois mois précédents les élections, le déséquilibre se situe surtout entre les communes.

Alors qu’à la veille des élections, Le Tampon a eu droit à 418 contrats pour un total de 5.016 mois CUI, Le Port et La Possession n’en ont eu aucun.

Au 1er avril 2008, la commune du Tampon a signé 418 contrats de 12 mois (5.016 mois). Elle précède Saint-Paul avec 225 contrats de 12 mois (2.700 mois), Saint-Pierre avec 125 contrats de 12 mois (1.500 mois), Saint-Louis avec 121 contrats de 12 mois (1.452 mois), Saint-Leu avec 81 contrats de 12 mois (972 mois), Saint-Benoît avec 67 contrats de 12 mois (804 mois). Le nombre de « mois CUI » est le plus significatif, car les contrats peuvent être signés pour 12 ou 6 mois.

87% des CUI pour six communes

Ces six communes se sont donc partagées 87% du nombre de "mois CUI" attribués entre le 1er janvier et le 1er avril, avec 35% du total de La Réunion rien que pour Le Tampon.
Il est certain que ces six communes ne rassemblent pas à elles seules 87% des Réunionnais ayant droit à un CUI. De même qu’il est impossible de croire que 35% des Réunionnais éligibles à un CUI vivent au Tampon. Par contre, il est certain que ces six communes avaient comme point commun avant les élections l’étiquette politique de leur maire, UMP, avec en tête le député-maire du Tampon faisant figure de "jeune premier".
Il est tout de même révélateur que dans le même temps, les communes de La Possession et du Port n’ont eu droit à aucun CUI, tandis que celle de Sainte-Suzanne a pu en signer 4 de 12 mois. Le point commun entre ces trois communes est qu’elles sont dirigées par des maires PCR. Or, Le Tampon a eu droit à 104 fois plus de "mois CUI" que les trois communes dirigées par le PCR avant les élections. Qui pourrait croire qu’au Tampon, il y 104 fois plus de personnes ayant droit à un CUI que dans les communes du Port, de La Possession et de Sainte-Suzanne réunies ?
Et qui pourrait croire qu’au Tampon, le nombre d’allocataires de minima sociaux ayant entre 25 et 60 ans est deux fois et demie plus élevé que dans 18 communes de l’île, dont Le Port, La Possession, Sainte-Suzanne ?
Tout cela explique également pourquoi la rentrée scolaire a été aussi catastrophique à La Réunion. Car après la ponction effectuée avant les élections par six maires, et en particulier Didier Robert, il ne reste plus grand chose pour remplir les missions essentielles que remplissent les travailleurs qui ont droit aux emplois-aidés. D’où la décision de l’Etat de débloquer une nouvelle enveloppe de 1.750 contrats pour que les communes de La Réunion puissent faire face.

35% pour Le Tampon, 13% pour 18 communes

La Réunion est touchée par une grave pénurie d’emplois, et pour des dizaines de milliers de Réunionnais, un emploi-aidé est souvent la seule façon de sortir la tête de l’eau. Cette pénurie est générale, elle touche toutes les communes. Mais à la veille des élections, une commune a réussi le tour de force d’accaparer 35% des contrats uniques d’insertion. Et un groupe de six communes, toutes dirigées à l’époque par l’UMP, ont mis le grappin sur 87% de l’enveloppe globale destinée à ce dispositif qui vise à lutter contre le chômage, laissant 18 communes se débrouiller avec les 13% restants.
Pour quels résultats ? Si Saint-Paul, Saint-Leu, Saint-Benoît et Saint-Louis ont été perdus par l’UMP, les maires du Tampon et de Saint-Pierre sont restés en place. Dans le climat d’urgence sociale et de pauvreté que connaît La Réunion, un tel déséquilibre dans le nombre de contrats signés ne peut qu’amener à s’interroger sur les conditions dans lesquelles se sont déroulées les élections, quand le maire d’une commune réussit à capter 35% de l’enveloppe CUI qui revient à l’ensemble des communes.
Qui a fait ce cadeau à Didier Robert ? Ce dernier a-t-il une réponse à fournir ?
Voilà en tout cas comme ce jeune élu s’est sucré avant les élections, quelques mois après que le préfet ait dénoncé publiquement les "contrats magouilles".

M.M.

(Voir aussi page 11 « À propos d’un rectificatif » du Recteur de l’académie de La Réunion)

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