Dans 6 jours, le débat sur la réforme institutionnelle : la pression monte

Les 7 députés devront sortir de leur silence assourdissant

12 février 2013, par Manuel Marchal

Dans 6 jours, c’est le débat à l’Assemblée nationale sur la réforme des institutions. Après les manifestations de jeunes la semaine dernière, c’est le dirigeant d’un syndicat de chefs d’entreprise qui souligne l’impasse dans laquelle nous sommes. Partout à La Réunion s’expriment des interrogations sur l’avenir. Les 7 députés sont donc au pied du mur, c’est la mobilisation pour qu’ils interviennent dans le débat. Car qui peut se payer le luxe de rester silencieux ?

(photo d’archives Toniox)

Incapable de répondre aux revendications de la jeunesse, le système est à bout de souffle.

C’est dans 6 jours que le débat sur la réforme institutionnelle aura lieu à l’Assemblée nationale. Dans cette instance, La Réunion peut compter sur une représentation pléthorique : 7 députés. De plus, tous les 7 se revendiquent de la majorité parlementaire. Ils se répartissent dans 3 groupes politiques différents. L’Assemblée nationale a donc de multiples raisons d’entendre raisonner sous ses ors la voix d’un(e) député(e) élu(e) dans le sillage des 71% de François Hollande à la présidentielle à La Réunion.
Le débat de lundi prochain est d’importance, car il traite de l’organisation institutionnelle, c’est-à-dire de gouvernance.

« Refondre la gouvernance du territoire »

Dans le "JIR" d’hier, le président de la CGPME-Réunion est venu justement sur cette question. À une question relative aux mesures à prendre pour sortir de la crise du chômage, voici ce qu’il répond :
« Notre conviction c’est qu’il n’y aura pas de sortie de crise car nous assistons à la fin d’un modèle qui n’est plus adapté au contexte de mondialisation. Il nous faut réinventer un modèle. Cela nécessite d’abord de refondre la gouvernance du territoire issue de la relation exclusive Métropole-Réunion vers davantage de relation et d’insertions dans la région Océan-Indien. Ce nouveau modèle implique plus de valeur ajoutée locale (…) »

Sollicité ensuite pour savoir qui doit porter ce changement, Dominique Vienne répond ceci au journaliste du "JIR" : « Dans le cadre de la décentralisation, c’est l’échelon régional qui est devenu central. Mais pour mettre en œuvre cette transformation sur le territoire, tous les acteurs doivent s’approprier ce nouveau modèle de valeur-substitution. Si nous prenons conscience collectivement de cette rupture nécessaire (…) ».

L’accélération des événements

Refonte de la gouvernance du territoire, rupture, construction d’un nouveau modèle… autant de sujets qui ont toute leur place dans le débat qui aura lieu à l’Assemblée nationale lundi. Le 15 janvier dernier au Sénat, Paul Vergès était d’ailleurs intervenu pour souligner que la clé se situe dans la réforme institutionnelle de La Réunion.
La semaine dernière, les manifestations des jeunes ont eux aussi montré l’urgence de remettre en cause le système. En effet, dans le cadre actuel, la mesure phare de lutte contre le chômage ne donne une perspective que pour 20% des jeunes inscrits à Pôle emploi au mois de décembre dernier. 80% sont donc abandonnés, car le modèle actuel est incapable de leur donner un autre choix que le chômage ou l’émigration.
De plus, le jour où les jeunes sont sortis dans la rue à Saint-Louis et à Saint-Denis, la presse publiait un courrier d’Albert Ramassamy dans lequel l’ancien sénateur appelait les députés à s’exprimer enfin sur la réforme institutionnelle.

Les députés devront bien céder

D’ici à lundi prochain, il est quasi-certain qu’un nouvel événement reposera la question de l’impasse du modèle.
La structure institutionnelle favorise en effet les blocages, avec des conséquences désastreuses pour l’emploi des Réunionnais. Dans son courrier, Albert Ramassamy rappelle les rendez-vous manqués : 1971 et 1981. À chaque fois, l’assemblée unique était à portée de main. Elle a même été adoptée en 1981, seule une erreur dans la rédaction du texte a empêché son application. Cela veut dire que La Réunion a déjà perdu plus de 30 ans alors que la question des institutions pouvait être réglée, et avec elle une organisation politique adaptée aux défis de notre pays.
La situation ne peut donc laisser indifférent. Qui peut se payer le luxe de rester silencieux ? À l’Assemblée nationale, les 7 députés de La Réunion auront donc l’occasion de s’exprimer sur la question institutionnelle. Et plus la date du débat approchera, plus la pression montera pour que ces 7 représentants du gouvernement fassent état publiquement de leur point de vue. Ils devront bien céder, car à quoi cela sert-il de les avoir élu s’ils sont incapables de se faire entendre sur le sujet le plus important pour La Réunion ?

M.M.

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