COI : Jean-Claude de l’Estrac, Secrétaire général

Les chantiers sont nombreux

13 juillet 2012

Depuis hier, Jean-Claude de l’Estrac est le nouveau Secrétaire général de la Commission de l’océan indien (COI). Il succède à Callixte d’Offray, dont il a salué tout le travail accompli.

C’est la première fois qu’un Mauricien est nommé à la tête de cette instance. Cependant, il l’a portée sur les fonts baptismaux en 1982, alors qu’il était le chef de la diplomatie mauricienne.

Parmi ses priorités, il y a la valorisation des cordes de la COI et des réalisations pour la population et le monde économique. Surtout, il souhaite la stabilité régionale et le règlement de la crise malgache.

Pour cet homme aux multiples facettes — journaliste, patron de presse, écrivain, homme politique —, les chantiers à lancer sont nombreux. Dans son discours d’investiture, il les a détaillés (voir les encadrés).


« Un projet de ligne maritime intra-régionale »

Une « ligne maritime intra régionale », c’est l’un des chantiers de Jean-Claude de l’Estrac. « Je ne vois pas comment l’on peut espérer augmenter les échanges entre nous sans un accès amélioré, sans la disponibilité d’une ligne maritime de cabotage. Les opérateurs maritimes s’intéressent peu à la région parce que le volume d’échanges est relativement faible. Mais le volume est faible notamment parce qu’il n’y a pas suffisamment de trafic maritime. Je connais nombre d’opportunités d’affaires qui n’ont pas pu se réaliser ou qui ont échoué en l’absence d’une ligne maritime régulière et prévisible. C’est une condition préalable ; la création d’une ligne maritime régionale, en partenariat avec le privé, est un projet auquel les pays de la région doivent accorder la plus grande priorité si nous voulons continuer à parler d’intégration régionale. Il faut passer à la phase active ».


« Constituer une compagnie, Air Océan Indien » ?

Un autre chantier l’attend, c’est la mutualisation des ressources aériennes. « Des complexes de fierté nationale, des considérations désuètes ont produit dans notre région cinq compagnies aériennes : Air Madagascar, Air Seychelles, Air Austral, Air Comores, Air Mauritius. Quatre sont largement déficitaires. La cinquième, Air Comores, a disparu. Je pose la question : n’est-il pas temps de considérer que les quatre compagnies déficitaires pourraient sans doute constituer une compagnie, Air Océan Indien par exemple, rentable, solide, et stratégiquement utile à la fois pour l’activité économique intra-régionale, le tourisme et les communications extérieures de toute l’Indianocéanie ».


« La sécurité alimentaire »

Autre axe d’actions de cet homme d’action, « l’instruction d’un programme dans le cadre du Fonds européen de développement et du soutien de la Banque africaine de développement, c’est celui de la sécurité alimentaire. Diverses études ont été réalisées. Elles confirment que le potentiel est énorme, mais tout reste tributaire de ce qui se passera à Madagascar au plan politique. Madagascar, c’est 90% des terres arables de la COI ».


« La création d’une chaine de télévision régionale »

C’est une réalisation majeure ! « L’Indianocéanie est cet ensemble d’îles, géographiquement proches, peuplées de gens issus pour une large part d’une histoire commune, de vagues migratoires de mêmes origines. (…) Elle partage une l’histoire culturelle marquée depuis les temps anciens par l’influence de grandes civilisations, arabo-persane, indienne, indonésienne, africaine, et plus récemment européenne. Mais il manque à notre communauté indianocéanique un lieu identitaire de fréquentation et une plateforme permanente d’expression de nos réalités et de notre singularité. (…) À la demande du conseil des ministres, le secrétariat général a déjà élaboré une stratégie culturelle régionale qui attend d’être entérinée par les instances de la COI. Je ne peux imaginer un projet plus utile que celui de la création d’une chaine de télévision régionale — la voix de l’Indianocéanie ».


Callixte d’Offray : « Nous avons assis la légitimité de notre organisation sur la scène régionale et internationale  »

Callixte d’Offray a été 4 années durant Secrétaire général de la COI. Dans son allocution, il est revenu sur certains points de son mandat. « Nous avons assis la légitimité de notre organisation sur la scène régionale et internationale, en faisant valoir notre valeur ajoutée insulaire. À Rio, j’ai signé deux protocoles de coopération avec les Caraïbes et le Pacifique pour enclencher une dynamique de coopération interrégionale qui devrait se traduire par la construction des plaidoyers communs pour défendre leurs spécificités, notamment dans le contexte de l’architecture globale d’accès au financement de lutte contre le changement climatique. C’est aussi dans ce contexte que j’ai renforcé davantage la collaboration avec les organisations régionales soeurs de la région : le COMESA, l’IGAD et l’EAC », a-t-il résumé.


La COI ?

Créée en 1984 par l’Accord de Victoria, la Commission de l’Océan Indien est une organisation intergouvernementale de coopération régionale qui regroupe 5 États membres (Comores, France/Réunion, Madagascar, Maurice, Seychelles), représentant 4 pays ACP et, pour la partie française, une région ultrapériphérique européenne.

Du fait de leur géographie, de leur histoire et de leur culture, les 5 États partagent des valeurs et des intérêts communs face aux mutations de leur environnement. La COI s’est donné pour mission de resserrer les liens d’amitié et de solidarité entre les peuples, et de contribuer au développement durable de ses États membres. 

Face aux crises (alimentaire, sécuritaire, financière, énergétique, et écologique) et à la mondialisation, la coopération de proximité prend tout son sens. Elle permet de mieux répondre à des problèmes souvent transfrontaliers, de mutualiser les ressources et les expertises, d’échanger des informations, des expériences et des bonnes pratiques. Elle sert de levier à l’intégration régionale et globale de ses États membres.


Seule organisation régionale africaine composée exclusivement d’îles, la COI s’est révélée au fil des ans une plateforme naturelle pour défendre les intérêts insulaires spécifiques de ses États qui ont en commun l’isolement, la fragilité environnementale, l’exposition aux catastrophes naturelles, l’étroitesse des marchés (hormis Madagascar) et une grande dépendance envers leurs ressources marines et côtières.

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