Visite de Michèle Alliot-Marie à La Réunion

Les discours, c’est bien, mais il faut ensuite les concrétiser

1er septembre 2007, par Sophie Périabe

L’agriculture était au centre de cette dernière journée de visite ministérielle. Après être arrivée à l’aéroport de Pierrefonds à 14h, Michèle Alliot-Marie a pu rencontrer les acteurs de la filière agricole ainsi que les élus du Sud au cours du déjeuner champêtre qui l’attendait sur l’exploitation de Catherine Baud, jeune maraîchère de Saint-Pierre.
Puis, la ministre de l’Outre-mer s’est rendue à l’usine du Gol afin de rencontrer les responsables de la filière canne au cours d’une visite de l’usine en pleine activité.

(photo SP)

Dès son arrivée sur l’exploitation de Catherine Baud, Jean-Yves Minatchy, Président de la Chambre d’Agriculture, lui expose l’ensemble des difficultés que rencontrent actuellement les agriculteurs de l’île.
« La campagne sucrière actuelle s’annonce médiocre, d’une part, à cause de Gamède et de la sécheresse, mais d’autre part aussi, à cause de l’augmentation du prix de l’engrais », explique Jean-Yves Minatchy. Des aides sont donc nécessaires pour permettre aux agriculteurs de faire face aux dépenses. Selon la ministre, il est clair qu’il y a un manque à gagner, « mais il faut bien attendre la fin de la campagne sucrière pour chiffrer ce montant. Les engagements sont pris, il faut donc attendre maintenant la fin de la campagne ».
Concernant, la zone franche globale, le Président de la Chambre verte a demandé à ce que l’agriculture soit intégrée dans cette zone, « c’est une nécessité pour sauver notre agriculture ».
Le problème des retraites misérables des agriculteurs a aussi été abordé ainsi que les contraintes qu’impose l’Europe. « L’Europe nous impose des contraintes difficiles à gérer par rapport à la concurrence. De plus, il ne veut plus cofinancer l’achat de plants. Nous attendons beaucoup de vous pour intervenir en notre faveur, car sans agriculture, un pays ne peut plus vivre », poursuit Jean-Yves Minatchy.
Selon Michèle Alliot Marie, « à chaque fois qu’il y a des problèmes, on remet tout sur Bruxelles, mais il faut bien reconnaître aussi que l’Europe nous protège. Moi, je soutiens l’agriculture de l’Outre-mer et je serais vigilante sur la concurrence ». Car, il est vrai que les règles qu’exige l’Europe sont strictes, mais selon le Ministre de l’Outre mer, les efforts fournis aujourd’hui vont être payant à court terme car de plus en plus, les consommateurs recherchent des produits de qualité. « Il s’agit d’un critère de vente incontestable », ajoute-elle.
Mais en attendant que nos efforts soient récompensés, que fait-on ? On doit bien vivre, nourrir nos familles...

L’Europe doit soutenir l’agriculture réunionnaise

Arrivée à l’usine du Gol, Bernard Pétin, Président de la Sucrière de La Réunion, fait également part à Michèle Alliot Marie de l’importance de la filière canne-sucre pour l’économie réunionnaise.
Cette filière représente aujourd’hui, 20.000 emplois, 15 millions d’euros de chiffres d’affaires, 2 millions de tonnes de cannes, 220.000 tonnes de sucre et est, de plus, un fondement de l’histoire réunionnaise.
« Aujourd’hui, nous sommes dans une difficulté passagère avec l’augmentation du prix de l’engrais, les conséquences de Gamède, etc... Mais nous rencontrons également d’autres problèmes fondamentaux, notamment le FEADER, le SAR et les APE ».
En effet, si la filière canne-sucre veut arriver à 2,5 millions de tonnes à l’horizon 2025, il faut régler de toute urgence les questions liées aux aides européennes.
« Nous demandons plus de lisibilité sur le FEADER car aujourd’hui, les travaux fonciers sont bloqués, la replantation est ralentie et l’encadrement technique de la filière se démobilise », précise Bernard Pétin.
De plus, concernant le SAR, ce dernier souhaite une plus grande représentativité de tous les acteurs économiques pour pouvoir passer de 26.500 à 30.000 hectares de cannes à La Réunion. Et enfin, à propos des APE, les responsables de la filière canne-sucre demandent le maintien du système de protection actuel du marché local des DOM et insiste sur le danger que pourrait constituer une baisse supplémentaire du prix de référence du sucre.
En tant que professionnel, Jean-Yves Minatchy dit avoir rencontré une ministre combative et déterminée à défendre les intérêts de La Réunion, non seulement auprès du gouvernement, mais aussi de l’Europe.
Même si, pour la première fois, une ministre a consacré plus de 3 heures à l’agriculture, il faut rester vigilant.
« Son discours, hier à la Préfecture, était prometteur, maintenant il faut suivre et on verra si les actions concrètes arrivent », conclut le Président de la Chambre consulaire.
André Minatchy, co-président du CPCS (Comité Paritaire interprofessionnel de la Canne et du Sucre de La Réunion), satisfait lui aussi des discours, restera attentif à la suite car il est vrai, « souvent, on nous dit ce qu’on a envie d’entendre ».

Sophie Périabe

LODEOM - Loi d’orientation pour le développement de l’Outre-mer

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