Les dossiers marqués par l’empreinte du futur préfet du Val-d’Oise

22 janvier 2010, par Geoffroy Géraud-Legros

Dans son édition d’hier soir, le journal de Télé Réunion a fait part de son bilan des trois ans et demi passé par le préfet Maccioni à La Réunion. Comme tout le monde pouvait s’y attendre, l’heure était à l’éloge. Mais cela fait 40 ans que cela fonctionne comme cela à RFO…

Au cours des trois ans et demi qu’il aura passé à La Réunion, le préfet Maccioni aura été en poste tout au long de la crise sociale commencée par le mouvement pour la baisse de 20% des prix des carburants et qui ne cesse de s’aggraver.
Il est intéressant de revenir sur les décisions prises par le représentant de l’État à deux moments clés : les négociations de début novembre 2008 sur les prix des carburants et celles sur les salaires au mois de mars.

• 2,5 millions d’euros payées par les collectivités à la place des pétroliers
En novembre 2008, cela fait déjà plusieurs semaines qu’un collectif d’association démontre que les compagnies pétrolières engrangent des profits faramineux sur le dos des Réunionnais et qu’une baisse de 20% pour tout le monde est possible. Mais quelques jours avant la grande manifestation prévue devant la préfecture, ce sont les camions de Joël Mongin et ses amis qui sortent pour barrer les routes en réclamant 20 centimes de baisse pour eux tous seuls. S’engagent alors des négociations. Elles évoluent vers une baisse de 10 centimes pour les automobilistes.
Les pétroliers concèdent 5 centimes, et à la télévision le préfet demande à la Région de faire un effort comparable. Quant aux transporteurs, ils demandent que la Région finance une baisse supplémentaire pour eux. Finalement, les pétroliers concèdent une baisse de 10 centimes pour tout le monde, et la Région doit prélever sur les recettes de l’octroi de mer destinées aux collectivités réunionnaises la somme de 2,5 millions d’euros. Ce résultat est unique dans toute la République.
Car partout ailleurs, ce sont les pétroliers qui ont dû baisser leurs bénéfices. C’est donc sous les auspices du futur préfet du Val d’Oise que les pouvoirs publics ont payé 2,5 millions d’euros à la place des compagnies pétrolières.

• "Mon stylo est prêt à signer"
Le 18 mars dernier, à la veille d’une grande journée d’action du COSPAR, le préfet s’invite successivement sur Antenne Réunion et Télé Réunion dans les journaux du soir pour lister à l’opinion tout ce qui serait possible si le COSPAR signait immédiatement un accord que le préfet a toujours défendu : l’application à La Réunion de l’accord Bino. Et le préfet de joindre le geste à la parole, en sortant son stylo devant les caméras.
Mais quand le COSPAR a présenté un projet réunionnais de sortie de crise, permettant de pérenniser une augmentation salariale, et quand le MEDEF a fait part de son intérêt pour cette proposition, alors le préfet n’avait plus son stylo à la main. Il s’est immédiatement retiré des discussions qui se sont désormais poursuivies en dehors de la Préfecture.


Une perte pour la mode réunionnaise

L’humilité n’empêche pas d’avoir conscience de sa valeur : telle pourrait être la devise de Pierre-Henry Maccioni, qui occupa les fonctions de préfet de La Réunion entre août 2006 et février 2010. On sait qu’aux prises avec les mouvements sociaux, l’occupant de l’ancien Palais des Gouverneurs n’hésitait pas à comparer ses qualités à celles d’un « général en campagne », « comme dans les films américains ».
Dans le domaine esthétique, le préfet a montré qu’il avait une opinion toute aussi élevée de ses propres attraits physiques. La mode réunionnaise n’a eu qu’à s’en féliciter : bien plus qu’un mécène, Pierre-Henry Maccioni aura, au sens premier, été un modèle pour nos stylistes et pour nos couturiers.
Mettre la prestance du Général au service de l’intérêt général ? La formule peut surprendre, voire déplaire. Pourtant, elle a donné des résultats qui ne peuvent laisser insensibles. La brochure de présentation du projet GERRI en fournit le meilleur exemple : a l’appui d’un article à la tonalité de circonstance — « un physique à la James Bond, l’allure svelte et la machoire bien carrée » —le représentant de l’État a choisi de poser en costume de couturier, dans un environnement design soigneusement agencé. Pour réaliser cet exercice de promotion de soi, Pierre-Henry Maccioni a eu recours à Karine Chane-Yin et Patrice Fuma Courtis, stylistes et photographes de renommée internationale, réputés les plus « branchés » de notre île. Le départ de ce Préfet — Général « modèle » est donc une perte pour la mode réunionnaise.

G.G-L


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