Après les élections sénatoriales

Les échéances inéluctables attendent les Réunionnais

30 septembre 2017, par Manuel Marchal

Les élections sénatoriales du 24 septembre dernier s’inscrivent dans la fin d’un cycle. Hormis l’élection des Députés au Parlement Européen en 2019, le peuple ira aux urnes en 2020-2021. Nous serons à mi-chemin du mandat présidentiel. Ce vide électoral doit être mis à profit, car La Réunion se trouve en effet à la croisée des chemins. Les effets de la mondialisation se font sentir avec la fin du quota sucrier cette année, et la signature prochaine d’un accord de partenariat économique entre l’Union européenne et les pays voisins.

La fin des quotas sucrier est une manifestation concrète de la mondialisation des échanges. Les planteurs ne sont pas encore sauvés.

Les élections sénatoriales ont été l’occasion pour Gélita Hoarau de faire connaître le programme du Parti communiste réunionnais aux grands électeurs, fondé sur une analyse fondée des phénomènes inéluctables. Le changement climatique et la mondialisation des échanges peuvent apparaître comme des phénomènes lointains. Ils se manifestent pourtant concrètement.

Quelques jours avant le scrutin, le cyclone Irma est passé notamment sur Saint-Barthélémy et Saint-Martin, deux collectivités de la République Française. Le météore a laissé derrière lui un paysage de désolation. Tout est à reconstruire. C’est un révélateur de la vulnérabilité des îles tropicales. Quel que soit leur statut, ils passent pour des ilots de richesse dans un environnement de pauvreté. La Réunion souffre du même syndrome. Quand bien même on puisse trouver les milliards pour la reconstruction, il est inimaginable d’ignorer l’Accord de Paris qui, depuis sa ratification à l’ONU, le 4 novembre 2016, constitue un cadre à toutes les décisions politiques. Or, sommes-nous bien avisés des enjeux de ce Traité Universel ?

Dans ce domaine, le Parti communiste réunionnais a eu des initiatives concrètes portées au Sénat par Paul Vergès. Ce fut notamment l’adoption à l’unanimité en 2001 de la proposition de loi faisant de la lutte contre le réchauffement climatique une priorité nationale. Ce texte fut un jalon qui a conduit à l’organisation par la France de la COP21 qui permit l’adoption de l’Accord de Paris en décembre 2015, et sa ratification 11 mois plus tard. Les résultats de l’ONERC ont servi de « matrice » au Plan Climat du gouvernement.

Auparavant, il y eu tout le programme de développement durable lancé au Conseil Regional et qui a influencé la prise de conscience des Réunionnais. Au-delà de nous, notons, la déclaration de Jean-Luc Mélanchon, suite à sa rencontre avec Paul Verges. La COP 23 se tiendra en novembre en Allemagne. C’est le moment de faire un point d’étape.

La bataille des planteurs

La mondialisation est un autre phénomène inéluctable qui concerne La Réunion. Une conséquence concrète est la fin du quota sucrier qui permettait jusqu’alors à notre île d’avoir la garantie d’écouler toute sa production à un prix plus rémunérateur que le cours mondial.

Au cours de son mandat, Gélita Hoarau a pris la défense des planteurs. Elle a soutenu leur combat pour un meilleur prix de la canne lorsqu’ils faisaient grève devant la Préfecture. Elle a alerté le ministre de l’Agriculture sur l’impact de l’ouverture à la concurrence mondiale pour notre principale exportation. Aussi a-t-elle informé les grands électeurs sur ce sujet, qui constitue également un point important du programme du PCR quand d’autres militent pour sa disparition et méprisent la profession.

La fin des quotas sucriers relève de la politique d’intégration à l’Europe et constituera un élément clé du bilan critique de cette politique. L’Union européenne négocie avec les pays voisins un accord de libre-échange qui arrive à sa phase finale. Au sommet des chefs d’Etats de la COI, à Moroni, en 2014, mandat a été accordé à l’institution régionale pour accélérer la signature définitive. La France et le monde politique assimilé maintiennent les Réunionnais dans l’ignorance de ce qui se trame. Plus d’une fois, les élus du PCR et Paul Verges, en particulier, ont alerté sur cette question. Le PCR avait même demandé un rapport pour évaluer l’impact de ces accords sur notre économie. Le PCR a également sollicité Luc Hallade, ambassadeur de France à la coopération régionale, pour publier le contenu des discussions concernant La Réunion.

L’actualité politique est ciblée sur le CETA, l’accord entre le Canada avec l’UE, mais ignore les APE dans notre voisinage. Ne comptez pas sur le PCR pour baisser la garde sur les priorités réunionnaises et la nécessité de s’unir pour négocier le tournant avec lucidité.

L’appel au rassemblement

C’est cette nécessité de rassemblement sans exclusive qui a été portée par Gélita Hoarau durant la campagne des sénatoriales. Cela a permis d’élargir son potentiel électoral malgré le contexte d’une élection où le poids des maires est considérable. La lutte de la sénatrice sortante a conforté l’idée qu’il n’y a pas d’autre voie. Gageons que cet etat d’esprit se renforcera pour faire face aux échéances qui attendent La Réunion.

M.M.

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