Paul Vergès et les scrutins partiels de dimanche

Les élections accélèrent le rassemblement

24 septembre 2009, par Manuel Marchal

Les élections partielles de dimanche prochain ont lieu dans un contexte particulier. Ceux qui ont compté sur un recours pour provoquer un nouveau scrutin risquent d’en être pour leurs frais. C’est au contraire l’élargissement du rassemblement qui est en train de s’opérer.

À Saint-Louis, à Saint-Paul et à Saint-Leu, une recomposition des forces politiques se traduit par une plus large adhésion autour des maires et conseillers généraux sortants.
Paul Vergès voit dans cette situation des similitudes avec les législatives de 1956. À l’époque, la fédération communiste avait décidé de renouveler ces deux têtes de liste. Paul Vergès et Raymond Mondon avaient alors succédé à Raymond Vergès et Léon de Lépervanche.
Cette élection se déroulait dans un contexte de crise. 10 ans après l’abolition du statut colonial, c’était le début de la restructuration de l’industrie sucrière. En 1954 avait eu lieu le combat pour empêcher la fermeture de l’usine de Quartier Français. Grâce à la lutte, les planteurs avaient obtenu des avancées considérables : 3/4 des produits de la canne, une avance de démarrage à 80%, un règlement de la campagne sur un an au lieu de trois…
Face à l’aggravation de la situation à l’époque, le peuple s’était rassemblé et la liste conduite par Paul Vergès et Raymond Mondon l’avait largement emporté, avec deux sièges de députés sur trois. Aujourd’hui, on a une illustration à l’échelle de grandes communes du rassemblement qui s’est créé en janvier 1956, dit en substance Paul Vergès. Et par conséquent, ceux qui sont à l’origine de l’annulation des élections sont aussi ceux qui ont permis l’accélération du rassemblement du peuple réunionnais à une période décisive de son Histoire.

M.M.


Comment la revalorisation de la bagasse pourra-t-elle augmenter le revenu des planteurs ?

Le déroulement de la campagne sucrière amène plusieurs observations du président de la Région. L’arrêt de l’usine de Bois-Rouge nécessite le transfert vers le Gol de cannes récoltées dans le Nord et l’Est. « Qui paie le transport ? », demande Paul Vergès.
L’autre point concerne la revalorisation du prix de rachat par EDF de l’électricité fabriquée avec la bagasse. Lors de sa visite à La Réunion, le premier ministre avait annoncé que le prix de la canne payé au planteur pourrait être augmenté d’au moins 10 euros par tonne, sur un total de 13 euros à destination de la filière.
Mais depuis cette annonce, le décret d’application de cette mesure n’est toujours pas sorti. La difficulté provient de l’absence de relation entre EDF et le planteur. En effet, depuis les accords de 1969, le planteur vend la totalité de la canne à l’usinier et n’en est plus le propriétaire. Dans la situation d’avant 1969, EDF aurait pu payer directement les planteurs en fonction de l’électricité produite. Cela n’est pas possible.
Une fois que le planteur a vendu sa canne, l’usinier en fait ce qu’il veut. Ainsi, l’usinier fournit gratuitement la centrale thermique productrice d’électricité en bagasse, et en échange, cette dernière fournit gratuitement à l’usine toute l’énergie dont la sucrerie et la distillerie ont besoin.
Dans l’état actuel de la filière, EDF va payer plus cher l’électricité produite par la centrale à bagasse. Mais comment pourra être ensuite répercuté auprès du planteur le bonus touché par les actionnaires de la centrale thermique ? L’absence de réponse à cette question explique sans doute pourquoi le décret n’est pas encore publié. Va-t-on finir la campagne sans un accord ? Telle est l’interrogation du président de la Région.

M.M.


Où sont les 2,5 millions d’euros de recettes d’octroi de mer pris aux communes et à la Région ?

En novembre 2008, certains ont cru bon de faire endosser aux taxes régionales la responsabilité de la cherté des prix des carburants à La Réunion. Depuis, plusieurs rapports officiels ont démontré que la part de l’octroi de mer et du transport est très nettement inférieure à la part du pétrolier dans le prix des carburants.
En novembre 2008, 2,5 millions d’euros avaient été pris aux collectivités pour faire baisser le prix des carburants pour des professionnels de la route. Les rapports officiels tendent à démontrer qu’au moment où le mécontentement avait été dirigé contre la Région, on savait que la responsabilité des prix trop chers incombait exclusivement aux super-profits des pétroliers.
Aujourd’hui, tout le monde constate un effondrement des recettes de l’octroi de mer. Où sont passés les 2,5 millions d’euros pris aux Réunionnais ? Principalement dans la trésorerie de quelques grosses entreprises de transport.


Ne pas sacrifier les fonctionnaires

Dans un communiqué, le SGPEN-CGTR avertissait sur la possible remise en cause de la surrémunération des contractuels du Trésor public. Cette information arrive au moment où le gouvernement montre qu’il veut débattre du supplément de salaire versé à ces agents en poste Outre-mer.
Paul Vergès rappelle que l’abolition du statut colonial avait débouché sur l’unification de la fonction publique sur la base du cadre général particulier aux fonctionnaires envoyé à La Réunion, pas sur celui de la fonction publique en France. Or, ce cadre général ne concernait avant cette unification qu’un très petit nombre de fonctionnaires.
Cette décision de l’État a entraîné une augmentation considérable des revenus versés aux agents de la fonction publique, et donc un flux financier important en direction de La Réunion.
Dans cette période de crise et de restriction budgétaire, le gouvernement met cette situation en débat. C’est le rapport d’une mission parlementaire qui évoque la question de la surrémunération. C’est aussi la décision du gouvernement de remettre en cause le supplément de traitement des retraités de la fonction publique d’État.
Devant cette situation, le président de la Région rappelle les propositions faites à l’occasion des États-généraux par les deux collectivités :
– pas de stigmatisation d’une catégorie de travailleurs
– pas de remise en cause du contrat qui lie l’agent à son employeur l’État, donc maintien des situations acquises
– pour les futurs agents, discussions ouvertes sur la base de préconisations du rapport.

Le président de la Région propose l’ouverture d’un fonds financé par une épargne défiscalisée. Autrement dit, le complément de revenu perçu par l’agent au titre de la vie chère pourrait être investi dans un fonds qui servirait à financer de grands projets de développement. Au terme du placement, le fonctionnaire toucherait le montant de la surrémunération, auquel s’ajouterait des intérêts.
Cette solution permettrait de ne pas sacrifier les fonctionnaires, et de maintenir un flux financier équivalent à la somme des fonds contenus dans le Contrat de projet État-Région et les Programmes opérationnels européens.

M.M.

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