Prix des carburants

Les élus solidaires de la population

5 novembre 2008, par Manuel Marchal

Lors d’une conférence de presse commune hier à la Région, le Conseil régional, le Conseil général et l’Association des maires ont réaffirmé leur solidarité envers toute la population sur la question de la baisse des prix des carburants pour tous les Réunionnais. Les élus appellent à faire toute la transparence sur la formation d’un prix décidé par le préfet en fonction d’une facture présentée par les pétroliers, et demandent que s’applique partout à La Réunion la loi qui permet à un transporteur de répercuter la hausse du prix du carburant sur la facture qu’il présente au donneur d’ordre. Quant à la détaxe du gazole pour les professionnels, les élus proposent d’accompagner cette demande qui ne pourra aboutir qu’ à condition que l’Etat compense à l’euro près la perte de recette qu’elle entraîne pour les collectivités, et donc pour La Réunion.

L’Association des maires, la Région et le Conseil général unis pour défendre l’intérêt de tous les Réunionnais. (photo MM)

Philippe Berne et Yvon Virapin pour la Région, Ibrahim Dindar pour le Conseil général et Roland Robert pour l’Association des maires ont réaffirmé hier la solidarité des élus envers la population réunionnaise éprouvée par la cherté du prix des carburants. Ils ont également demandé l’application de la loi permettant aux transporteurs de répercuter la hausse du gazole sur la facture payée par le donneur d’ordre.
« Les gens ne comprennent pas qu’alors que le prix du baril de pétrole baisse, que le prix de l’essence diminue en métropole, qu’il baisse de 30 centimes à Mayotte et de 20% à Maurice, il ne baisse pas à La Réunion », souligne Philippe Berne, vice-président de la Région.
Philippe Berne rappelle qu’à La Réunion, le prix des carburants « dépend de deux partenaires : les pétroliers et le préfet ». « Le préfet fixe le prix d’après les informations des pétroliers », précise-t-il. Mais le préfet doute de sa source d’informations, puisqu’il demande un audit. Ce qui fait dire à Philippe Berne que « le pétrolier fixe le prix ».

18 points de taxe en moins qu’en France

Ce point clarifié, le vice-président de la Région relaie également les inquiétudes des terrassiers qui ont manifesté récemment devant la préfecture. Il rappelle qu’« un certain nombre de grands travaux ont été abandonnés ». D’où la revendication des collectivités : la lisibilité de tous les grands travaux, ce qui ne pourra être qu’un atout pour tous les transporteurs.
Vient ensuite le rappel de la composition et du rôle de la fiscalité sur les carburants à La Réunion.
Perçue par la Région, la TSCC est de 0,3613 centimes par litre de gazole. Ce montant est inchangé depuis 2000. Quant à l’octroi de mer, il est de 5%. Ce qui fait qu’à La Réunion, les taxes représentent 31,6% du prix du gazole, soit 18 points de moins qu’en France où la somme de la TVA et de la TIPP s’élève à 49,4% du prix. Par ailleurs, la TSCC est l’unique financement du FIRT qui permet d’améliorer le réseau routier pour tous les usagers, donc les transporteurs, tout en créant de l’activité dans le BTP, donc pour les transporteurs. Ce qui explique pourquoi lors de la table ronde vendredi à la Région avec ces derniers, personne n’a remis en cause cette taxe.
Car chacun voit clairement que si on baisse la TSCC de 20 centimes, tout s’effondre. Quant à l’octroi de mer, toute baisse aurait des répercussions dramatiques pour tous les Réunionnais, précise Roland Robert, président de l’Association des maires (voir encadré).

Avec les transporteurs dans l’intérêt général

Yvon Virapin rappelle les propositions faites vendredi aux transporteurs. Des propositions qui tiennent compte de l’intérêt général.
La première consiste à exiger partout à La Réunion l’application de la loi votée en 2006 qui permet au transporteur de répercuter sur le donneur d’ordre la variation du prix du carburant. Yvon Virapin indique que la Région applique cette loi dans tous ses marchés. Ce texte doit donc être connu par tous, et appliqué, ce qui améliorera la situation des transporteurs.
Quant à la mise en œuvre d’un gazole détaxé, cela ne peut pas se faire dans les mêmes conditions que pour les outils de travail des pêcheurs et des agriculteurs qui eux, n’utilisent pas le réseau routier financé par le FIRT.
Les élus proposent d’accompagner cette revendication auprès de l’Etat, afin que si cette mesure est mise en place, elles ne se traduisent pas par une perte de recette pour le fonds d’investissement qui bénéficie à tous les Réunionnais. Autrement dit, l’Etat doit compenser toute détaxe.
En tout état de cause, il est possible de faire baisser les prix des carburants pour tous les Réunionnais. Cela ne dépend que de deux « partenaires » : le préfet et les pétroliers.

Manuel Marchal


• Ibrahim Dindar, vice-président du Conseil général

« Mettre à plat la composition des prix »

« Les revendications des transporteurs sont légitimes. Ils demandent la baisse du prix du gazole par rapport à la baisse du prix du baril de pétrole.
Il est urgent de bien poser le problème. Le prix des carburants est fixé par l’Etat.
La revendication est attisée par les inquiétudes sur l’avenir, parmi elles, la baisse des commandes publiques pour 2009.
Par ailleurs, le FIRT créé de l’activité, mais son montant est insuffisant.
Il est donc essentiel de mettre à plat la composition des prix des carburants. »

• Roland Robert, président de l’Association des maires

« L’octroi de mer n’est pas le remède »

« L’octroi de mer n’est pas le remède, il n’entre que pour 3% dans le prix du gazole. Or, l’octroi de mer représente 24% en moyenne des recettes des communes, et plus de 40% pour les plus petites d’entre elles.
Si on baisse l’octroi de mer, les communes sont obligées de rééquilibrer leur budget. Toute hausse des impôts étant exclue, si l’octroi de mer baisse, la commande publique diminuera et donc par conséquent l’activité des transporteurs.
Cela montre bien que tout le monde est concerné.
Quand elle apprend que les prix des carburants baisse partout et pas à La Réunion, l’opinion ne comprend plus. Par ailleurs, lorsque l’on voit le sort des pétroliers, ces derniers n’ont pas à se plaindre.
Il faut arriver à la mise sur pied d’un audit sur la formation des prix des carburants. Une mission de l’inspection des finances doit le faire, il faut accélérer la procédure.
On devrait arriver à une baisse de 25% du prix du gazole. »

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