Outre-mer : accélération du calendrier — 4 —

Les États généraux de l’Outre-mer

26 février 2009, par Manuel Marchal

Après les mesures urgentes et les actions à moyen terme, le président de la République a fait part de ce que Paris prévoit pour le long terme : des États généraux de l’Outre-mer destinés à recueillir les propositions. Car pour Paris, les choses sont claires, c’est la « fin d’un cycle historique outre-mer ». Et dans les territoires de l’Outre-mer les plus intégrés à la République, les DOM, le mouvement social traduit l’impasse dans laquelle se situe le modèle appliqué depuis 60 ans.

Aujourd’hui, les élus de l’Outre-mer ont rendez-vous avec le Premier ministre à Matignon. Michèle Alliot-Marie et Yves Jégo seront les deux autres ministres qui participeront à cette rencontre. L’objectif voulu par Paris est de recueillir les propositions des élus de l’Outre-mer afin d’amender la future loi pour le développement économique de l’Outre-mer. Mis en débat le 9 mars prochain au Sénat, ce projet de loi vise à apporter une réponse à moyen terme aux problèmes rencontrés par l’Outre-mer. Il ne faut donc pas attendre que ce texte puisse apporter des changements structurels, d’autant plus que le Budget 2009 est déjà voté. Autrement dit, les marges de manœuvre sont étroites.
Mais ceci étant dit, la rencontre de Matignon s’inscrit dans un nouveau processus lancé par Paris lors de la rencontre de l’Élysée voici sept jours. Il s’agit pour le gouvernement de s’ouvrir davantage aux propositions venues de l’Outre-mer.
Jeudi dernier, Nicolas Sarkozy a en effet pris acte de « fin d’un cycle historique en Outre-mer. Nous n’apporterons pas de réponses appropriées si nous nous contentons d’accumuler des annonces financières et techniques », avait dit le chef de l’État. « Partisan d’un modèle de développement économique endogène qui favorise une plus grande autonomie économique des collectivités d’Outre-mer », le chef de l’État estime que « ces réflexions sont fondamentales et engagent l’avenir des Français d’Outre-mer. Nous avons le devoir de les engager, mais de les engager sereinement. C’est la raison pour laquelle je vous propose que nous nous mettions d’accord sur un processus étalé sur trois mois. Il s’agira de la plus grande consultation jamais réalisée en Outre-mer ». Cette consultation utilise deux moyens : un Conseil interministériel et les États généraux dans chaque DOM. Lancés après le vote de la Loi pour le développement économique de l’Outre-mer, les États généraux doivent remettre leurs propositions pour le mois de mai. Une synthèse sera lors faite par le Conseil interministériel.
Puisque Paris affirme vouloir débattre sans tabou des changements structurels à apporter pour sortir les DOM de l’impasse, alors il ne reste que peu de temps pour porter les propositions réunionnaises. En novembre 2006, la Région avait adopté le Plan réunionnais de développement durable, fruit de la concertation entre les acteurs politiques et sociaux. Ce plan a été approuvé par les candidats à la Présidentielle. Il donne à La Réunion une longueur d’avance dans le débat de fond que Paris appelle de ses vœux. Et qui mieux que les Réunionnais sont capables de proposer des solutions de sortie de crise pour La Réunion ?
Alors que la crise s’amplifie, le moment est venu d’agir ensemble dans cette nouvelle bataille qui commence.

Manuel Marchal


Brigitte Girardin : « il faut surtout travailler sur la création de richesses localement »

Dans les colonnes du "Monde" daté d’hier, Brigitte Girardin, l’ancienne ministre de l’Outre-mer, apporte une contribution au débat.
Elle estime tout d’abord que « les plus mauvais signaux ont été envoyés au plus mauvais moment ». Il s’agit, selon elle, de la remise en cause des différents dispositifs de défiscalisation. Cela a entraîné l’arrêt des chantiers du BTP aux Antilles, affirme-t-elle : « J’avais prévenu que faire des économies sur l’Outre-mer pouvait coûter très cher. Malheureusement, cela se confirme aujourd’hui ».
Ceci étant, Brigitte Girardin donne son avis sur la proposition d’États généraux. Voici ce qu’elle en dit :
« Le projet d’États généraux dans chacun des Départements d’Outre-mer est une très bonne initiative. Mais je me permets une remarque, sur la méthode : un nouveau projet de loi, dont on nous dit qu’il n’est plus adapté car rédigé avant la crise, doit pourtant être examiné en mars au Sénat. Mais selon moi, il faut d’abord tirer les enseignements des États généraux avant de légiférer. Sinon, à quoi bon discuter ?
Enfin, je ne suis pas contre les efforts de solidarité nationale, et notamment la mise en place anticipée du RSA. Mais il faut surtout travailler sur la création de richesses localement, parce que c’est comme ça qu’on créera de l’emploi »
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LODEOM - Loi d’orientation pour le développement de l’Outre-mer GuadeloupeMartiniqueOutre-mer

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