Communication effrénée pour des projets virtuels

Les grands gaspillages de la Région Réunion

12 novembre 2011, par Manuel Marchal

Le budget 2012 et le prochain plan d’austérité ne laissent aucun espoir de redressement. Les restrictions toucheront en particulier les investissements avec des moyens encore plus faibles accordés au logement. Dans un tel contexte, les grands gaspillages de la Région en com’ sont encore plus indécents. L’ampleur est telle que la collectivité présidée par Didier Robert est devenue le premier annonceur publicitaire de La Réunion. À l’heure où la Cour des comptes épingle le train de vie des ministères, voilà de quoi alerter la vigilance d’une juridiction financière.

La Région est devenue le premier annonceur publicitaire de La Réunion. C’est ce que rappelle le résultat d’une étude de l’institut Pigé sur le troisième trimestre 2011, révélé dans le "JIR". Ce fait est d’autant plus incroyable que depuis l’arrivée de Didier Robert à la Région, le mot d’ordre est la démolition des grands projets.
Sous la précédente mandature, les grands chantiers étaient un des piliers de la stratégie. Les Réunionnais ont donc pu notamment vivre la construction de la route des Tamarins, la construction des trois-quarts du Boulevard Sud de Saint-Denis et son achèvement, le contournement de Grand-Bois et les mises en service des premiers lycées haute-qualité environnementale. Durant cette période d’intense activité, la Région n’était pas le premier annonceur de La Réunion alors qu’elle inscrivait dans le paysage de notre île des réalisations bien concrètes. Les Réunionnais avaient également pu constater l’avancée d’autres grands chantiers à venir. Les premières emprises du tram-train avaient commencé à se concrétiser.

Premier annonceur de La Réunion

Depuis mars 2010, un coup d’arrêt a été donné par Didier Robert. La conséquence, c’est l’explosion du chômage : plus de 150.000 Réunionnais sont inscrits à Pôle emploi. La gestion de la précédente mandature avait permis de constituer la trésorerie au lancement de plusieurs grands chantiers créateurs de milliers d’emplois : le tram-train, la Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise et la nouvelle route du littoral. Comme la Région a décidé de démolir les deux premiers projets et de remplacer le troisième par une solution impossible à réaliser, cette somme considérable ne peut donc plus servir à l’investissement.
Depuis mars 2010, il est également incontestable que le budget publicitaire de la Région a connu une hausse spectaculaire. Comme tout ce qui pouvait créer de l’activité a été cassé, Didier Robert a donc décidé de communiquer sur des chantiers virtuels.

La Maison des grands chantiers n’a rien à faire visiter, elle n’est qu’un outil de propagande. Question à la Chambre régionale des comptes : cette dépense est-elle comprise dans le budget publicitaire de la Région Réunion, le plus gros annonceur de notre pays ?
(photo M.M.)

Une de ses grandes causes durant la campagne électorale avait été de s’engager à réaliser un réseau de 2.000 bus circulant en site propre. Cette promesse électorale est devenue le trans-eco-express. Mais aucun Réunionnais n’a vu la moindre roue de ces 2.000 bus de la Région ! Quant au site propre, la seule réalisation mise à son crédit, c’est le saccage de l’emprise du tram-train sur le pont de la rivière des Pluies. Le trans-eco-express n’existe donc pas.
Même chose pour la nouvelle route du littoral. L’ancienne mandature avait prévu une enquête publique en 2010, elle vient seulement de commencer. Mais avant même cette procédure, il apparaît que le projet présenté par Didier Robert est irréaliste. Ce chantier est donc lui aussi virtuel.
Concernant les aéroports, il faut rappeler que ce sont des projets prévus et financés de longue date. Non seulement, la Région n’a rien à voir dans leur conception, mais en plus ils sont tout aussi virtuels que les 2.000 bus.
Quant au chantier du pont de la rivière Saint-Étienne, il a été lancé en 2009 par la mandature précédente. Le chantier était donc trop engagé pour que Didier Robert le démolisse. Il doit donc composer avec.

Rien de concret à visiter

Tout ce gaspillage en com’ est résumé dans la transformation du restaurant "La Boucherie" en une "Maison des grands chantiers". Le choix de l’emplacement est révélateur. Située au Barachois en face de la préfecture, cette maison ne se situe pas près d’un grand chantier. Elle ne propose pas de visite, car il n’y a rien de concret à voir. Aussi, l’hôtesse et le vigile en sont les utilisateurs quasi-exclusifs.
Cette dépense traduit aussi une orientation, celle de ne rien construire, car l’installation n’est que la reconversion de locaux déjà existants. On est là à des années-lumière du développement du pays.

Pendant plusieurs années, la Maison de la Route des Tamarins était le point de départ des visites du chantier à proximité. Une exposition permanente présentait les avancées des travaux.
(photo d’archives Nanou)

Les Réunionnais ont encore en mémoire la Maison de la route des Tamarins. Comme le grand chantier près duquel elle se situait, la Maison de la route des Tamarins était un équipement nouveau, utilisant des solutions techniques d’avenir comme les panneaux photovoltaïques et la norme HQE. Elle était le point de départ de visites de chantier qui ont attiré plusieurs dizaines de milliers de personnes. Cela n’a rien à voir avec le panneau publicitaire en forme de maison installé à grands frais dans le quartier le plus cher de la capitale. À l’heure où la Cour des comptes se penche sur les dépenses des ministères, il est grand temps de faire cesser ce gaspillage éhonté de fonds publics en pleine crise.

Manuel Marchal

Liberté de la presse combattue par la Région Réunion


Le restaurant reconverti en Maison des soi-disant Grands chantiers a été inauguré en grandes pompes le jour où les Réunionnais apprenaient que plus de 150.000 de leurs compatriotes étaient inscrits à Pôle emploi.

Outre la Région, cette cérémonie médiatique s’est faite en présence de l’État, dont le nom figure sur les prospectus publicitaires distribués par la collectivité. "Témoignages" n’a pas été invité à cette conférence de presse. Ce n’est pas un phénomène nouveau, c’est une constante dans la politique de Didier Robert. En agissant comme cela, le président de la Région confirme qu’il est bien contre la liberté de la presse. Ce qui est plus inquiétant, c’est qu’il associe l’État à cette pratique anti-républicaine, car son représentant participait à la conférence de presse.

Voilà qui donne une bien étrange image de la République française, présente aux côtés d’un des prédateurs de la liberté de la presse, au moment où Paris veut passer pour le champion de la défense des libertés des peuples.

A la Une de l’actuDidier Robert

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Messages

  • Monsieur Marchal, il y a une expression qui dit " mieux vaut balayer devant sa porte avant celle de son voisin".
    Effectivement, Témoignage est le premier à critiquer le fait qu’on lui donne pas la possibilité de s’exprimer (d’après votre article) hors il fait de même avec ceux qui veulent s’exprimer sur son site. On a pas le droit d’écrire le moindre mot négatif sur son parti, ses partisans, leurs patrons, ... sans qu’on soit automatiquement censuré par l’administrateur du site. Au début je pensais que ce site était comme les autres, qu’on pouvait s’exprimer à condition d’être modéré dans son message. Mais je suis tombé de très haut en réalisant que leur seuil critique de modération passer également par la non dénonciation de leur membre. Mais je vous rassure monsieur Marchal, malgré que votre journal est à caractère censurateur, J’approuve quand même votre article concernant l’irresponsabilité des membres de la région, vue les dépenses délibérées de la com.

    • M. William,

      Nous vous précisons que les commentaires postés sur le site de Témoignages.re doivent respecter quelques principes liés à la Loi sur la liberté de la presse du 29 juillet 1881, tels que :

      - pas d’attaque personnelle

      - pas de diffamation

      - pas d’insulte

      Si votre précédent commentaire n’a pas été publié, c’est qu’il ne respectait pas la Loi sur la liberté de la presse.

      Nous vous remercions pour votre compréhension et pour l’intérêt que vous portez à notre site. Et nous vous remercions également de votre soutien à la lutte pour la liberté de la presse.

      Cordialement


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