La révolte va continuer

Les jeunes méritent autre chose que de se faire rouler

2 février 2013

Pendant plusieurs jours, des manifestations de jeunes se sont succédé. Toutes demandent le respect de leur dignité, pas un bricolage comme celui proposé par le sénateur socialiste.

En France, pour faire face au chômage des jeunes, le gouvernement mise sur des contrats aidés : les emplois d’avenir. Ils visent les jeunes non diplômés, pour qui l’accès à l’emploi est le plus difficile. Le gouvernement pense que des contrats de trois ans permettront de surmonter des difficultés liées à la conjoncture, et espère que la relance de l’économie européenne pourra transformer ces emplois aidés en emplois durables.

Dans le contexte de La Réunion, ce calcul n’est pas bon. Tout d’abord, la crise est structurelle, ce n’est pas la conjoncture. C’est parce que notre île est dans un cadre donné que son économie est incapable de créer suffisamment d’emploi pour une population active en constante augmentation. Chaque année, le déficit s’accroît, et aujourd’hui 60% des jeunes sont privés d’emploi. La crise est telle que le gouvernement a décidé d’étendre le droit aux emplois d’avenir aux jeunes diplômés, jusqu’à bac+3.

80% des jeunes exclus des emplois d’avenir

Ces emplois jeunes sont la mesure phare de la politique publique pour l’emploi. C’est confirmé par l’attitude des représentants du gouvernement. Le maire de Saint-Denis, ville comptant deux députés, était aux côtés du ministre des Outre-mer pour la conférence de presse lançant le dispositif. C’est à la préfecture à Saint-Denis que les premiers contrats de l’Outre-mer ont été signés. La députée, par ailleurs maire de Saint-Paul, n’a pas tardé à suivre. Au total, les 7 députés font miroiter 5.000 emplois d’avenir, un nombre qualifié de considérable en référence aux départements français.

Mais eu égard aux besoins à La Réunion, l’effort ne suffit pas : même si tous les emplois d’avenir trouvaient preneurs, 80% des jeunes chômeurs resteront sur le carreau. Cela explique pourquoi des jeunes prennent dès maintenant les devants. À Saint-Benoît, à Saint-Denis, à Saint-Louis et à Saint-Pierre, ils ont manifesté pour ne pas être de nouveau les abandonnés.

Rien ne peut calmer la révolte

Ces jeunes méritent autre chose que le bricolage proposé par un sénateur socialiste (voir encadré). Il est clair que ces mobilisations vont continuer, tant que persistera la violence du chômage.

L’utilisation de la répression ne réglera rien. L’année passée, au mois de février, une centaine de jeunes avait été jetée en prison. Cette décision n’a pas calmé la révolte. Les jeunes ont raison de passer à l’action pour changer cette politique injuste.

M.M. 

À quoi sert un parlementaire socialiste à La Réunion ?

Dans le secteur public, l’État prend en charge 75% du salaire d’un emploi d’avenir. Mais même pour payer 25% d’un SMIC, les collectivités ont des difficultés. Résultat : seuls 200 contrats ont été signés, bien loin des 5.000 escomptés. C’est là qu’intervient une bien surprenante proposition du sénateur socialiste, Michel Vergoz. Il demande à la Région et au Conseil général de payer les deux tiers de la part employeur si ce dernier est une commune. La commune ne paierait plus que 8% d’un SMIC.

En d’autres termes, si une collectivité est incapable de payer les salaires des emplois d’avenir qu’elle projette d’embaucher, qu’à cela ne tienne, d’autres contribuables réunionnais paieront.

C’est ce bricolage indigne qu’un sénateur propose aux jeunes Réunionnais !

Cette proposition montre en tout cas le poids réel que pèse un parlementaire socialiste de La Réunion auprès d’un gouvernement socialiste français.

En effet, si des communes n’ont pas les moyens de payer des salaires, pourquoi Michel Vergoz ne demande-t-il pas à l’État d’augmenter sa subvention ? Ainsi au lieu de prendre en charge 75% d’un SMIC, l’État financerait 92%, les 8% restant seraient à la charge de l’employeur public.

Un tel effort est négligeable pour un pays qui n’hésite pas à s’engager dans une guerre au Mali, ou à verser des milliards d’euros pour empêcher des banquiers imprudents de faire faillite.

Demander à des Réunionnais à payer à la place de l’État, est-ce à cela que sert un parlementaire socialiste, représentant à La Réunion d’un gouvernement socialiste ?
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