L’emploi des Réunionnais

Les jeunes Réunionnais attendent toujours les mesures d’application des orientations du CIOM dans ce domaine

5 janvier 2010, par Geoffroy Géraud-Legros

Le 6 novembre, lors du Conseil interministériel sur l’Outre-mer (CIOM), le président de la République a présenté des orientations pour lutter contre la dégradation de la situation de l’emploi des jeunes. Deux mois plus tard, où en est-on ?

Le problème de l’emploi était au cœur des grands mouvements sociaux qu’a connu La Réunion il y a près d’un an. Au cours de la consultation des Etats-généraux, la question a été posée par les Réunionnais. Pour la première fois, les autorités centrales ont reconnu l’existence d’un véritable système inégalitaire, qui écarte ou exclut les Réunionnais de certaines catégories d’emplois publics dans leur propre pays. Ce constat a été énoncé par le Chef de l’Etat lors de la présentation publique des travaux du Conseil interministériel de l’Outre-mer (C.I.O.M) qui eût lieu le 6 novembre dernier à l’Elysée.

Un changement annoncé au plus haut niveau…

D’emblée, le Président de la République avait souligné que la création « d’emplois locaux » était au centre de la revendication d’un « modèle économique endogène ». C’est à un état des lieux sans concessions que s’est livré Nicolas Sarkozy, évoquant divers aspects de l’emploi public dans les Départements d’Outre-mer, dont les Ultra-marins continuent d’être les grands absents. Le Chef de l’État a pointé une situation qui « ne s’est pas améliorée », mais s’est au contraire « dégradée… Quiconque a déjà assisté à une réunion en Préfecture en Outre-mer ne peut qu’être frappé par la réalité qui s’offre à son regard. Pour tout dire, on n’est pas loin de la caricature ».
Au nombre des orientations destinées à faire évoluer cette situation, le Président de la République a fait part de la décision du Gouvernement d’« assouplir considérablement certaines dispositions statutaires de la fonction publique, pour les emplois de catégorie B et C. Il faut que ces emplois d’encadrement ou d’exécution soient exercés par des Ultramarins vivant sur place, la sacro-sainte règle de la mobilité administrative n’ayant aucun sens quand sa mobilité, on va la faire à plusieurs milliers de kilomètres de sa famille ».
Le Chef de l’Etat a de surcroît abordé la question des emplois de catégorie A, affirmant « ne pas voir pourquoi ces derniers ne seraient pas affectés à un plus grand nombre de postes à responsabilité outre-mer », proposant la « création d’un vivier de talents ultramarins » qui proposera une candidature locale dès lors qu’un poste ultramarin sera vacant. Le but de cette mesure, a rappelé le chef de l’Etat, est de permettre l’instauration d’une véritable « Egalité des chances ».

… qui attend toujours des mesures d’application

L’actualité sociale réunionnaise de l’année écoulée a été marquée par une série de mobilisations en faveur de l’emploi local. Portées tant par des étudiants que par des organisations de jeunesse, ces mouvements ont mis en avant une double injustice : celle de l’exclusion des jeunes Réunionnais diplômés des postes de l’Éducation nationale, et celle du manque de transparence dans les procédures de mouvement et de placement académique. Face à ces aspirations, l’Académie a fait preuve d’un fort conservatisme… attitude que n’a pas modifié la restitution des travaux du CIOM. Pourtant, les constats établis par les jeunes Réunionnais engagés avaient été pleinement confirmés par les travaux des Etats-généraux : rapporteur du Sénat au cours de cette grande consultation, le Sénateur Eric Doligé a rappelé que pour 1.000 emplois créés dans l’Education nationale à La Réunion, 100 seulement étaient attribués à des Réunionnais !
Le discours du Président de la République pouvait laisser croire que l’Administration en charge de ces problèmes adapterait son comportement aux orientations du CIOM : force est de constater qu’il n’en a rien été. Ainsi, au mois de novembre dernier, lors d’une rencontre entre des porte-parole de la jeunesse et un membre du Rectorat, ce dernier refusait toute prise en compte des nouvelles orientations, tournant même en dérision les travaux du Sénat.
Aujourd’hui, la question se pose donc de manière plus urgente que jamais : dans un contexte dominé par la crise et des destructions d’emplois massives qui n’épargnent pas les diplômés, quelles vont être les modalités de mise en œuvre des principes arrêtés à l’issue du CIOM ?
La visite du président de la République fournira des éléments décisifs de réponse à cette interrogation.

Geoffroy Géraud

Luttes pour l’emploiOutre-mer

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