Un mois après la rentrée

Les maires et les chômeurs toujours en attente de décisions concrètes

13 septembre 2012, par Manuel Marchal

Cela fait bientôt un mois que les écoles fonctionnent au rabais à cause d’un sous-effectif dans les contrats aidés. L’État va-t-il mettre en œuvre les moyens nécessaires pour rétablir le bon fonctionnement de ce service public ? Certains maires menacent de manifester avec les demandeurs d’emploi devant la préfecture. Soumis à la pression de leurs administrés, notamment des jeunes, vont-ils mettre leur menace à exécution ?

Nous sommes le 13 septembre et il y a quasiment un mois, le 16 août, la rentrée scolaire n’a pas pu avoir lieu dans les écoles élémentaires et maternelles. Quand une dizaine de jours plus tôt les maires prirent connaissance des quotas de contrats aidés affectés par l’État dans leurs communes, c’était la stupeur. Il manquait au moins 2.000 emplois pour assurer la rentrée dans des conditions minimales d’hygiène et de sécurité.

Malgré deux rencontres à la préfecture, les maires n’ont pu avoir gain de cause. L’État a consenti à débloquer 900 contrats supplémentaires, tandis que le Conseil général réussissait à en fournir 300 autres aux communes.
Tout cela était insuffisant et il a fallu sortir de l’impasse dans ces conditions.
Les maires ont donc pris sur eux d’ouvrir quand même les écoles, mais en faisant bien comprendre à l’État que le service public allait être dégradé. Cette ouverture se fait au prix de redéploiements de personnels venus d’autres services, et ne permet que d’assurer le strict nécessaire. Le 20 août, les écoles étaient ouvertes dans toutes les communes, dans le désordre et l’inquiétude.

L’exaspération grandit

Depuis un mois, les écoles fonctionnent donc selon un mode dégradé. Dans ces conditions, les parents revendiquent fort justement le retour à un service normal. Ils ne veulent pas que leurs enfants paient le prix des restrictions budgétaires et du partage partisan sous l’ancien gouvernement. Plus le temps passe, plus l’exaspération progresse. Car, à cela s’ajoutent les fermetures de classe imposées par le plan de rigueur lancé par le gouvernement Fillon.
Ce sont alors les maires qui sont en première ligne, parce qu’ils ont la compétence d’ouvrir les écoles et parce qu’ils sont les élus de proximité. Quand ils ont choisi d’autoriser la rentrée, les maires comptaient sur une évolution de la situation qui leur était promise pour septembre.

Une solution pour la Région

Entre-temps a eu lieu la Commission transparence, c’était le 28 août.
En toute logique, c’est lors de cette rencontre qu’auraient dû normalement être mis sur la table les moyens supplémentaires accordés par l’État pour les écoles. Mais il a surtout été question des emplois verts de la Région, sans que des élus de cette collectivité ne soient là pour répondre aux interrogations. Pourtant pour ce dossier, l’État a été capable de trouver rapidement une solution pour les centaines de personnes recrutées quelques mois après l’arrivée de Didier Robert à la direction de la Région. Il a décidé de puiser dans le quota alloué au secteur marchand pour compléter une dotation jugée insuffisante pour la Région.
Mais pour les communes, l’État n’a pas de solution. Cela est pour le moins étonnant lorsque l’on se souvient des conditions contestables qui ont présidé aux recrutements massifs d’emplois verts de la Région : attribution à des associations créées après les régionales, ciblage des cantons renouvelables en 2011, mises en congé forcé des travailleurs à cause de l’absence de chantier au moment de leur embauche… malgré toutes ces entorses, la Région Réunion a obtenu satisfaction à la différence des communes.

Et pour les communes ?

Un mois après la rentrée, le problème reste donc entier : il manque des contrats. L’actualité récente a montré qu’une méthode permet de débloquer la situation : manifester et barrer la route si nécessaire. C’est ainsi que des jeunes de Bellepierre ont obtenu 10 emplois, et qu’une association de Saint-Paul a gagné 12 contrats.
À Saint-Leu, le maire a répondu aux parents d’élèves en colère qu’il s’engage à demander 50 contrats au préfet, et qu’il manifestera devant la préfecture s’il n’obtient pas satisfaction.
Il est clair que la situation ne peut pas rester immobile. L’État devra bien répondre à la pénurie d’emplois dans les écoles... avant que des maires ne soient obligés d’amener les demandeurs d’emploi devant la préfecture pour être entendus.

Manuel Marchal

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