Demain à La Réunion

Les objectifs politiques de la visite d’Yves Jégo

28 janvier 2009, par Manuel Marchal

Yves Jégo arrive demain à La Réunion. Coup de projecteur sur le contexte et le programme de cette visite. Va-t-elle par exemple déboucher sur un renforcement du partenariat entre l’État et les collectivités ? Le ministre annoncera-t-il le remboursement de la dette de 272 millions d’euros que l’État doit au Conseil général ?

Le secrétaire d’État à l’Outre-mer arrive demain à La Réunion pour une visite officielle programmée sur deux jours. Ce séjour d’Yves Jégo se déroule dans un contexte particulier.
Tout d’abord, l’actualité politique française a été récemment marquée par la conjonction d’un remaniement ministériel et de l’arrivée d’une nouvelle direction à l’UMP. Candidat à la tête de liste de l’UMP en île de France, Yves Jégo s’était retiré de la course des régionales. En échange de ce recul, il aurait pu s’attendre à jouer un rôle de tout premier plan dans la nouvelle organisation de l’UMP. Cela n’a pas été le cas. Et au gouvernement, Yves Jégo occupe toujours les mêmes fonctions.
En tant que secrétaire d’État à l’outre-mer, Yves Jégo est le ministre qui a la responsabilité de la mise en œuvre de la future loi-programme. Lors de sa campagne électorale, Nicolas Sakozy avait fait de l’outre-mer une priorité, annonçant un projet présidentiel pour l’Outre-mer. Mais cela fait bientôt deux ans que le président de la République est élu, et le texte n’a toujours pas été débattu au Parlement.

Crise de confiance avec le monde économique

Au lieu de reconstruire un nouveau texte, le gouvernement se contente de modifier le contenu de l’existant, sans ajouter de financement particulier. Il est également essentiel de noter que la loi pour le développement économique et la promotion de l’excellence de l’Outre-mer est déjà plombée avant même d’être débattue. En effet, la loi de finances pour 2009 a déjà fixé le montant des crédits. Ces hésitations du gouvernement ont créé une crise de confiance avec le monde économique qui a même manifesté devant la préfecture au moment de l’examen de la loi de finances. Or, c’est précisément sur le monde économique que le gouvernement comptait s’appuyer pour assurer le succès de sa politique. Résultat, Paris envoie le préfet en première ligne pour dénoncer les banques, les entreprises et les collectivités. Cet effort de communication veut montrer à l’opinion que l’État agit, alors qu’en réalité il ne s’attaque pas aux problèmes essentiels. Par exemple, l’État doit maintenant 272 millions d’euros au Conseil général. Quand remboursera-t-il sa dette ?
Le président de la République avait fait également du pouvoir d’achat une des ses priorités. Yves Jégo arrive à trois jours de l’annonce du nouveau prix des carburants. Cela ne suffit pas à masquer l’échec du gouvernement sur trois dossiers essentiels : l’emploi, le logement et le pouvoir d’achat. Ce sont les trois dossiers qui intéressent le plus la population, ce sont les trois dossiers où le problème reste entier.

Sur les traces du Grenelle

Reste un autre grand chantier lancé par Nicolas Sarkozy : le Grenelle de l’environnement. Et force est de constater qu’il en sera beaucoup question lors de ce déplacement. Yves Jégo vient en effet poser la première pierre de la future plus grande centrale photovoltaïque de la République à Sainte-Rose, il vient visiter la plus grande ferme photovoltaïque en activité à Saint-Pierre. Le ministre se rendra également au Port, première ville solaire de La Réunion. À quelques mois de la visite possible du président de la République, Yves Jégo vient poser des jalons dans un domaine qui constitue un objectif politique important pour Nicolas Sarkozy. Car il ne fait guère de doute que si Nicolas Sarkozy venait à La Réunion, ce serait l’occasion pour lui de prendre appui sur ce qui se fait ici pour justifier ses orientations stratégiques.
Or, toutes les réalisations réunionnaises sont le résultat concret de la politique menée depuis 1998 par le Conseil régional. L’orientation politique de la Région commence à porter ses fruits. Dans ce cas, Paris ira-t-il dans le sens de l’appel au renforcement du partenariat institutionnel lancé par le président de la Région ?

Manuel Marchal


Une illustration du renforcement du partenariat

La volonté de dialogue et de respect mutuel peut rapidement trouver une illustration.
Lorsqu’en Guyane et aux Antilles l’État est intervenu pour débloquer le conflit des carburants, il a financé une partie de la baisse des prix, l’autre part étant payé par les pétroliers. Les collectivités ne sont entrées en jeu que pour assurer le portage d’une partie de la subvention de l’État, en attendant un remboursement intégral.
Puisqu’à La Réunion, la Région a mis à disposition une enveloppe de 2,5 millions d’euros à la demande de l’État pour débloquer la situation, l’État va-t-il adopter la même attitude de partenaire qu’aux Antilles et en Guyane, autrement dit remboursera-t-il à la Région les 2,5 millions d’euros ?


Réforme institutionnelle : le débat lancé

À Mayotte au début du mois, Yves Jégo est intervenu pour lancer un concept : une île, une collectivité, une assemblée. Il faut noter que dans quelques jours, la Commission Balladur rendra son rapport sur les réformes institutionnelles. Dans l’île aux Parfums, Yves Jégo a annoncé que si Mayotte devenait un département d’Outre-mer, elle serait administrée par une assemblée unique regroupant la Région et le Département
Le secrétaire d’État va lancer publiquement le débat sur cette question et en débattre avec ses amis politiques. Il discutera également avec eux du découpage des sept circonscriptions. Derrière tous ces débats se situe un objectif politique : aider l’UMP à se redresser à La Réunion.
Ce redressement se fera-t-il dans l’affrontement institutionnel entre la préfecture et les collectivités locales, ou restera-t-il un espace de partenariat ?

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