Le PCR et l’impact de la crise alimentaire mondiale à La Réunion

Les Réunionnais doivent savoir !

30 avril 2008, par Manuel Marchal

D’ores et déjà, les Réunionnais manifestent des signes d’inquiétude face à la crise alimentaire mondiale. Le PCR appelle les pouvoirs publics à informer les Réunionnais dans la transparence et propose à l’État la tenue d’une table-ronde sur l’évaluation de l’impact de la situation internationale à La Réunion. Cela suppose également que « l’Observatoire des prix et des revenus joue son rôle ».

Elie Hoarau, secrétaire général du Parti Communiste Réunionnais, Sylvie Mouniata et Fabrice Hoarau ont fait part à la presse de l’analyse du PCR sur la situation internationale et des propositions du parti pour surmonter cette crise.
Sylvie Mouniata rappelle tout d’abord que le 9 septembre 2007, un communiqué du PCR avait attiré l’attention sur la hausse des prix des matières premières et des produits de première nécessité, et ses conséquences sur les bas salaires et les minima sociaux.
Aujourd’hui, ces craintes se confirment. Force est de constater « la hausse quasi-continue » du prix du pétrole, souligne-t-elle, ainsi que la raréfaction des sources d’énergie fossile. Parallèlement, on observe des tensions sur les céréales. Cela dénote un « manque d’anticipation de la part des organisations internationales », déclare-t-elle.
Dans l’analyse de la situation mondiale par le PCR, Fabrice Hoarau constate une inquiétude à tous les niveaux. Tout le monde a pu voir les scènes des « terribles images des émeutes de la faim », et « 37 pays sont déclarés en urgence alimentaire ». Les plus grands exportateurs de riz sont contraints de limiter leurs livraisons.
La tension sur les produits de première nécessité est ressentie dans les pays riches, en témoignent les restrictions aux USA. En France, Jean-François Mattéi, ancien ministre et président de la Croix-Rouge, demande un droit à l’alimentation opposable, calqué sur la loi Dalo concernant le logement.

Des causes structurelles

Fabrice Hoarau précise que cette situation a des « causes multiples et profondes » : démographie, changement climatique et emballement de la mondialisation libérale (voir encadré).
Le PCR souligne que cette situation aura des répercussions à La Réunion. D’ores et déjà se multiplient les signes d’inquiétudes. En effet, la Thaïlande, premier fournisseur de riz de La Réunion, a décidé de réduire ses exportations de 25%. « La moindre étincelle peut déclencher un vent de panique », avertit Fabrice Hoarau. Le PCR veut « demander aux pouvoirs publics une table-ronde pour faire le point sur la situation et estimer l’impact de la crise mondiale sur La Réunion ».
L’heure est à l’information la plus transparente afin d’« éclairer le plus grand nombre sur la situation actuelle et à venir », d’autant plus que l’État est le garant de la sécurité alimentaire de La Réunion. « Qu’une voix autorisée s’exprime, et cela ne peut venir que des pouvoirs publics », souligne Elie Hoarau, secrétaire général du PCR, qui précise que cette expression officielle doit se faire sur la base d’une étude (voir encadré).
Les propositions avancées par le PCR pour surmonter la crise (voir encadré) mettent en avant l’expérimentation à La Réunion de la culture du riz et d’autres céréales. Le PCR propose également un renforcement du co-développement pour atteindre l’autosuffisance alimentaire dans les pays de la région. Des partenariats avec Madagascar pourraient faire de la Grande île le grenier à riz de l’Océan Indien.
En conclusion, Elie Hoarau soulève une autre question de fond. Jean Ziegler, rapporteur spécial de l’ONU dans la lutte contre la faim, ne cesse de répéter que la planète pourrait nourrir sans problème 12 milliards d’êtres humains. Cela montre bien qu’il est possible de relever le défi.

Manuel Marchal


« Que l’Observatoire des prix et des revenus joue son rôle »

Lors de son intervention, Elie Hoarau, Secrétaire Général du PCR, fait part de « l’emballement des prix ». En France, une inflation importante a conduit le gouvernement à revaloriser le SMIC dès demain, plutôt que le 1er juillet comme habituellement.
Pour atténuer le choc, le gouvernement propose de faciliter l’implantation de supermarchés à bas prix pour « stimuler la concurrence ».
Dans le contexte réunionnais, une telle mesure est « une fausse bonne nouvelle » pour deux raisons. La première est relative à l’existence même d’une concurrence à La Réunion dans la grande distribution, ce dont doute Elie Hoarau. La seconde touche la structure de la distribution dans notre île. Favoriser l’implantation des supermarchés, c’est menacer les petits et moyens commerces qui sont une part importante du tissu économique réunionnais.
Par ailleurs, La Réunion connaît depuis de nombreuses années une hausse des prix encore plus importante que la France (37% contre 30%, selon une étude de l’INSEE réalisée sur une période de plusieurs années).
Mais quid de l’augmentation récente des prix à La Réunion. C’est précisément ce type d’étude qui entre dans le cadre de l’Observatoire des prix et des revenus, souligne Elie Hoarau, qui rappelle qu’il est l’auteur de l’amendement qui a permis la création légale de cette institution lors du vote de la Loi d’orientation pour l’Outre-mer.
« Mesurer l’augmentation des prix à tout moment, et faire la transparence sur leur formation, c’est la mission de l’Observatoire des prix et des revenus », poursuit-il, « mais aucun objectif n’est atteint ».
« Comment adapter des solutions si nous ne maîtrisons pas les données de la formation des prix ? »,
interroge le secrétaire général du PCR. « Que l’Observatoire des prix et des revenus joue son rôle ».
Pour illustrer la « dérive » des missions de l’Observatoire des prix et des revenus, Elie Hoarau prend l’exemple de l’étude faite sur les carburants. Il n’a pas été possible à l’Observatoire des prix de connaître les raisons qui expliquent la formation du prix « à la source ». C’est-à-dire le prix du carburant au moment où il arrive à La Réunion. « Les services de la Préfecture ne donnent pas cette information », précise Elie Hoarau, « or, il est essentiel de faire jouer la concurrence à la source ».
Le secrétaire général du PCR rappelle qu’une compagnie seychelloise est propriétaire de 5 supertankers, « qui vont chercher au plus près et au plus bas prix » le carburant pour plusieurs pays. « Pourquoi ces bateaux seychellois ne peuvent-ils pas livrer du carburant à La Réunion ? ».
Et de conclure en notant que si l’Observatoire des prix et des revenus ne va pas au fond des choses, cela pose le problème de la participation à cette institution.


Atteindre l’autosuffisance alimentaire dans l’océan Indien

Pour surmonter la crise, le PCR appelle à « l’expérimentation » pour « sortir de la dépendance ». En effet, que se passerait-il si les grands pays exportateurs de riz décidaient de fermer leurs frontières ? Il est important d’anticiper cette éventualité en relançant l’expérimentation à La Réunion de la culture du riz et d’autres céréales. Cela s’inscrit dans la diversification de l’agriculture réunionnaise prenant en compte l’échéance 2014, date du prochain règlement sucrier européen. Car grandes sont les craintes que ce nouvel OCM signifie la fin des quotas et prix garantis, c’est-à-dire la confrontation au prix du marché mondial pour le sucre réunionnais.
Sachant que pour le riz, il n’est pas possible d’être en autosuffisance, le PCR plaide pour renforcer le co-développement avec les pays voisins. « Des accords de recherche et d’expérimentation avec Madagascar pourraient faire de la Grande Île le grenier à riz des pays de l’océan Indien », poursuit Fabrice Hoarau, qui pose la question de fond : « pouvons-nous travailler au co-développement de nos pays dans la perspective d’atteindre ensemble l’autosuffisance alimentaire ? ».
Et de rappeler que lors du dernier Conseil des ministres de la COI aux Seychelles, il a été question de la production agricole.


Des tonnes de nourriture transformées en agro-carburant

Fabrice Hoarau a décliné les causes profondes de la tension actuelle sur les produits alimentaires de base.
C’est tout d’abord l’évolution démographique. Pour la première fois, la consommation de riz dans le monde est supérieure à la production : c’est un révélateur. C’est ensuite le changement climatique. Un grand pays exportateur comme l’Australie connaît une succession de mauvaises récoltes.
C’est également l’emballement de la mondialisation.
La spéculation explique en partie la hausse des cours mondiaux. Il faut aussi tenir compte de surfaces de plus en plus importantes de cultures consacrées aux agro-carburants. Mais c’est autant de moins pour l’alimentation humaine.


Soutien au défilé du 1er mai à Saint-Denis

Elie Hoarau note que la question du pouvoir d’achat sera un point essentiel des revendications du 1er mai. Le PCR appelle donc les Réunionnais à venir nombreux participer au défilé organisé demain à Saint-Denis.

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Messages

  • La crise alimentaire est un souci devenu presque planétaire.Le peuple n’a pas à manger mais on "fabrique" du carburant à partir des denrées alimentaires:céréales et autre espèces végétales.Il faut un minimum vital mais,il ne faut pas,non plus,se croire en temps de guerre:stocker de la nourriture qu’on peut encore acheter, maintenant,de peur de ne plus en avoir.Ne faites pas la fourmi car au lieu de mourir,un jour,de faim on finira par mourir "d’avoir trop mangé de la nourriture avariée" le problème ne sera pas résolu pour autant voire aggravé ! M ANNE DOSITE

    Voir en ligne : LA PENUERIE ALIMENTAIRE


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