Arrêt du tram-train et remplacement de la NRL Perben par une route en mer

Les Réunionnais paieront longtemps les choix de Didier Robert

27 janvier 2016, par Manuel Marchal

Lundi et mardi, des milliers d’heures ont été perdues dans les gigantesques embouteillages de la route du littoral, en termes de temps perdu, de carburant gaspillé et de durée d’exposition à la pollution automobile. Les Réunionnais paient cher l’arrêt du chantier du tram-train et le remplacement de celui de la nouvelle route du littoral par une route en mer qui a allongé considérablement le délai de réalisation de l’ouvrage. Ce sont deux décisions de Didier Robert.

Temps perdu, carburant gaspillé et durée d’exposition à la pollution automobile : Didier Robert paiera-t-il aux Réunionnais les conséquences de ses choix ?

Nous sommes en 2016, 9 ans après la signature des Accords de Matignon entre Paul Vergès et Dominique de Villepin. Le responsable réunionnais avait réussi le tour de force d’obtenir de la France sa participation à deux travaux essentiels pour la circulation à La Réunion : le tram-train et la nouvelle route du littoral. L’État s’était enfin décidé à assumer ses responsabilités dans l’amélioration de la sécurité des automobilistes entre Saint-Denis et La Possession. Il avait choisi de construire une route à quatre voies s’écartant de la falaise. C’était la NRL version Perben.

Paul Vergès a obtenu l’argent pour les investissements

Les délais fixés étaient les suivants : inauguration du tram-train en 2013, et de la NRL Perben en 2017.

L’accord prévoyait que la Région soutienne le financement de cette route d’État, tandis que la France contribuait à la réalisation du tram-train. Un point important concernait la gestion des dépassements inévitables du chantier de la NRL : la Région et l’État payaient à proportion de leur part initiale de financement. Autrement dit, la majorité des surcoûts devaient être pris en compte par la France.

Le tram-train étant de la compétence de la Région, il a suivi sa progression. Malgré des recours de quelques propriétaires refusant d’être expropriés, le chantier devait entrer dans son régime de croisière et être terminé avant 2016.

Renégociation désastreuse au profit de l’État

Du côté du projet de route, le rythme n’était pas le même. Le transfert des routes nationales à la Région a redonné un coup d’accélérateur.

C’était la situation en 2010, et les Réunionnais avaient la certitude de choisir d’échapper aux embouteillages de la route du littoral. Car à l’heure où nous écrivons ces lignes, le tram-train devait circuler entre Sainte-Marie et Saint-Paul.

À peine élu en 2010 à la présidence de la Région Réunion, Didier Robert a pris deux décisions qui ont tout remis en cause. Il a stoppé le chantier du tram-train et annulé celui de la nouvelle route du littoral pour le remplacer par une route en mer à 6 voies. Il a également renégocié avec la France la répartition de l’argent que Paul Vergès avait obtenu pour les Réunionnais. La plus grande partie a été mise sur la route en mer avec l’effacement de la clause obligeant l’État à contribuer aux dépassements du coût du chantier. C’est une véritable catastrophe financière. Didier Robert avait promis que son projet ne dépassera pas 1,6 milliards d’euros. Tout le monde a aujourd’hui la preuve que c’est faux, et que les Réunionnais devront payer tous les surcoûts. C’est ce qu’a montré l’affaire des roches importées de Madagascar. Les sommes nécessaires à l’extraction des roches d’une carrière près de Tamatave, à leur transport par bateau jusqu’à La Réunion et à leur convoyage jusqu’à la mer seront entièrement à la charge du maître d’ouvrage, c’est-à-dire la Région. L’État ne mettra pas un centime.

Didier Robert paiera-t-il la facture ?

Lundi et mardi, les Réunionnais ont subi les conséquences de ces décisions. Des dizaines de milliers d’automobilistes et de transporteurs ont été pris pendant des heures dans de gigantesques embouteillages. Cela ne serait pas arrivé si le chantier du tram-train avait suivi son cours. Il aurait été inauguré, et les Réunionnais auraient eu le droit de choisir entre les embouteillages et un moyen de transport pas cher, sécurisé et rapide pour aller de l’Ouest vers le Nord et inversement.

L’arrêt de ces chantiers a favorisé l’importation d’automobile, avec encore l’an dernier 27.000 nouveaux véhicules immatriculés.

Autant dire qu’avec la rentrée scolaire, la prochaine fermeture des voies côté montagne de la route du littoral coûtera encore plus cher aux Réunionnais que ce qu’ils ont perdu en temps, en carburant et en exposition à la pollution. La justice veut que Didier Robert paie la facture.

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