La première partie du budget 2015 adoptée par l’Assemblée nationale

Les Réunionnais savent sur qui ne plus compter

22 octobre 2014, par Manuel Marchal

Six députés de La Réunion sur sept (Huguette Bello, Monique Orphé, Patrick Lebreton, Jean-Jacques Vlody, Ericka Bareigts, Jean-Claude Fruteau) ont refusé de voter contre la première partie du projet de budget 2015. Ce projet prévoit pourtant d’importantes restrictions qui concerneront aussi La Réunion.

Quatre jours après la célébration de la Journée du refus de la misère, les députés du PS et Huguette Bello ont décidé de soutenir ou de laisser faire une politique qui va à l’encontre des intérêts des plus pauvres.

Hier, les députés ont voté la première partie de la loi de Finances 2015. Ce texte constitue une nouvelle étape dans la politique d’austérité voulue par le gouvernement. C’est la première étape du Pacte de responsabilité et du Plan d’économies qui en découle. D’un côté, le gouvernement donne plus de 40 milliards d’euros aux entreprises, de l’autre il prévoit de réduire les dépenses publiques de 50 milliards sur trois ans. Les collectivités seront touchées par une baisse des subventions de l’État. L’État réduira aussi la voilure dans ses domaines de compétence tandis que le social sera lui aussi mis à contribution.
Lors de la visite du président de la République, plusieurs annonces ont été faites : 40.000 emplois d’avenir, 90 millions d’euros par an d’aide pour la canne jusqu’en 2017 et 128 millions après, soutien à un aménagement de la défiscalisation pour attirer plus facilement des capitaux à La Réunion. La loi de Finances 2015 permettra de vérifier leur concrétisation.

L’austérité est déjà là

La semaine dernière, les patrons ont vite déchanté. Le MEDEF notamment se réjouissait d’un amendement déposé le 3 octobre par Victorin Lurel, ex-ministre des Outre-mer, Jean-Claude Fruteau, président de la Délégation des Outre-mer, et Patrick Lebreton. Ce texte prévoyait d’augmenter à 18000 euros au lieu de 10000 euros le plafond de la réduction d’impôt sur le revenu consentie à une personne souhaitant investir dans l’achat d’un logement intermédiaire pour ensuite le louer.

Mais la semaine dernière, au moment de présenter l’amendement à l’Assemblée nationale, personne n’était là pour le défendre. Ni Victorin Lurel, ni aucun des 5 députés socialistes de La Réunion. Faute d’être soutenu, l’amendement a été automatiquement rejeté.

Toujours la semaine dernière, le gouvernement a confirmé qu’il ne comptait plus augmenter sa contribution dans la distribution de bons de réduction pour les billets d’avion. Gérée par la Région Réunion, cette subvention à certaines compagnies aériennes desservant La Réunion voit son montant exploser. L’État ne mettra plus un euro de plus. Ce raidissement est une autre illustration de la politique d’austérité.

Ces décisions inquiètent, car à La Réunion le chef de l’État a fait des promesses devant se traduire par des lignes de crédits dans le budget. L’aménagement de la défiscalisation en faisait partie. Cela alerte donc les autres catégories visées par les déclarations de François Hollande à La Réunion : planteurs, usinier, jeunes, travailleurs au chômage. Les promesses seront-elles financées ?

C’est dans ce contexte qu’intervient le vote de la première partie du projet de loi de finances pour 2015. C’est la première décision importante après le vote de confiance au gouvernement.

Les votes des députés de La Réunion

Pour les députés de La Réunion, il a donné le résultat suivant.
A voté contre : Thierry Robert. Ont voté pour : les socialistes Monique Orphé, Patrick Lebreton, Jean-Jacques Vlody, Ericka Bareigts, Jean-Claude Fruteau. S’est abstenue : Huguette Bello.

Il est à noter que les soutiens ou celle qui laisse faire avaient une autre possibilité. Dans le groupe PS, 39 députés se sont abstenus pour montrer leurs réserves devant le projet présenté. Les députés PS de La Réunion pouvaient choisir ce mode d’expression pour mettre en évidence les effets d’un tel projet sur La Réunion. Mais ils ont préféré rester dans les rangs.

Pour Huguette Bello, l’abstention la singularise une nouvelle fois dans son groupe. En effet, les députés communistes ont voté contre le texte présenté par le gouvernement, parce qu’il ne va pas dans le sens des intérêts des plus démunis. L’ex-maire de Saint-Paul ne partage donc pas la position des communistes, car elle s’abstient. Elle est dans la droite ligne de son refus de ne pas accorder la confiance au gouvernement ou la aussi elle n’a pas été solidaire des communistes.

À aucun moment ces députés n’ont expliqué à la population pourquoi ils décident de soutenir activement ou passivement les coupes budgétaires du gouvernement. Les Réunionnais savent sur qui ne plus compter.

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