Manifestations pour l’emploi à l’approche des élections départementales

Les Réunionnais veulent du travail, pas des illusions

4 février 2015, par Manuel Marchal

L’équipe de France de handball n’est pas la première préoccupation des Réunionnais, ce n’est qu’une illusion. La réalité, c’est toujours le chômage, les emplois précaires et la pauvreté pour la majorité de la population. À l’approche des élections départementales, les mouvements pour l’emploi se multiplient. Un an après les municipales, de nombreuses promesses d’embauche faites pendant la campagne n’ont pas été tenues. À moins de deux mois des élections départementales, la révolte gronde.

File d’attente à un carrefour pour l’emploi. Taux de chômage à près de 30 % et près de la moitié de la population sous le seuil de pauvreté. Certains candidats n’ont pour seul programme que des promesses d’emploi intenables, ce qui n’est pas sans conséquence.

Les campagnes électorales donnent lieu à toutes sortes de promesses de la part de candidats prêts à tout pour obtenir ou garder le pouvoir. Les municipales permettent à la démagogie d’atteindre des sommets à La Réunion. En effet, le taux de chômage est proche de 30 % dans notre île. C’est la conséquence d’une crise qui a vu l’effondrement de l’industrie et de la société de plantation. Pour donner du travail aux planteurs ruinés, il y eut le démarrage du BTP dans les années 1960. Aujourd’hui, ce secteur est en pleine crise, il a perdu 10.000 emplois en quelques années, et il prévoit d’en supprimer encore 3.000 si les pouvoirs publics n’apportent pas un soutien décisif. L’avenir de la filière canne est totalement incertain. Les chômeurs risquent donc de devenir majoritaires dans la population active.
À La Réunion, les principaux employeurs se concentrent dans une fonction publique qui ne respecte pas l’unité de traitement de ses agents. Ce sont l’Education nationale, le Conseil général, la Région et les mairies. Ces dernières sont les premiers fournisseurs de travail dans la plupart des communes de l’île.

Pénurie d’emploi, abondance de promesses

En 2014, les Réunionnais ont élu 24 maires. Chacun a un pouvoir considérable dans une société de pénurie d’emploi : il décide de l’embauche des travailleurs des services communaux.
C’est pourquoi quand vient la campagne électorale, des candidats ou des maires sortants, prêts à tout pour se faire élire ou garder le pouvoir, promettent des emplois. Manifestement, les promesses dépassent les capacités réelles d’embauche de la commune, et nombreux sont ceux qui ont fait campagne pour un maire et qui ne voient pas leur situation s’améliorer.
Les élections départementales sont aussi l’occasion de promesses. Le futur Conseil départemental prendra la succession du Conseil général, la collectivité qui emploie le plus d’agents à La Réunion. Il n’est donc guère étonnant que l’emploi figure au centre des conversations.
Là où le bat blesse, c’est lorsque les élections sont rapprochées. Les déçus ont encore en mémoire la promesse non-tenue qu’ils voient débarquer dans leur quartier des candidats qui déploient comme programme la même argumentation : voter et faites voter pour moi, vous aurez un travail.

« Promesses non tenues »

Pas étonnant que la population ait commencé à manifester un sentiment de révolte.
C’est ce qui s’est passé la semaine dernière à Bellepierre, Saint-Denis. Des chômeurs ont barré la route. L’un d’entre eux a même dit avoir prêté sa cour pour des meetings en faveur de la municipalité sortante, un autre avoir fait campagne pour l’équipe victorieuse des municipales de 2014 en échange d’un travail. Ils affirment donc que les promesses n’ont pas été respectées et ont barré la route. Le mouvement a débouché sur une rencontre avec la Mairie qui a proposé un accompagnement en lien avec Pôle emploi, mais pas de travail pour tous.
Dans l’Est lundi, c’est la CIREST et la Mairie de Saint-Benoît qui ont été prises à partie par des chômeurs de Bras-Fusil. Ils dénonçaient des « promesses non tenues ». Le premier vice-président de la CIREST a dit les comprendre mais a déploré le mode d’action des manifestants. Quant à la mairie de Saint-Benoît, elle a justifié aussi son impossibilité de répondre aux demandes dans les colonnes du « Journal de l’île » : « Nous avons écouté leurs revendications et nous leur avons proposé un accompagnement avec un adulte relais, mais ils doivent comprendre que la mairie ne peut pas embaucher tout le monde ».
Avec l’approche des élections, les promesses de candidats sans programme vont encore se multiplier. La tension va monter et les lendemains seront encore plus difficiles.

Rien ne change pour les abandonnés

Avec la baisse des dotations de l’État, les maires et les conseillers départementaux devront gérer avec des recettes en diminution. La pression va donc augmenter pour les politiciens clientélistes, car d’un côté le chômage augmente, et de l’autre les moyens pour embaucher diminuent. Les abandonnés se révoltent alors contre une classe politique qui a préféré maintenir le système actuel plutôt que de se battre pour le développement de La Réunion.
Pendant que la révolte gronde, des créations médiatiques tentent d’entretenir l’illusion. C’est le cas du parcours de l’équipe de France de handball. C’est aussi la mise en avant d’individus plutôt que de programmes quand il est question de politique.
Tout cela n’apporte rien aux abandonnés du système. Or, ces abandonnés forment à La Réunion la majorité de la population.

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