Saint-Paul : Chemins privés ou communaux...

Les riverains de Sans-Souci veulent l’entretien des voies de passage

18 juin 2004

À Sans-Souci, où l’état de la route communale et des chemins - communaux ou vicinaux - laisse à désirer depuis plus de vingt-cinq ans, des riverains soulèvent la question de l’aménagement des voies de passage. Des travaux sur la route de Sans-Souci et l’installation à la hussarde d’une déviation par un chemin de terre traversant des parcelles privées ont mis au jour un mécontentement larvé et soulèvent bien des questions sur l’entretien par la commune de ses voiries rurales.

Plusieurs riverains de Sans-Souci ont toutes les peines du monde, depuis 1996, à obtenir de la Mairie qu’elle entretienne les voies rurales desservant un quartier pourtant de plus en plus urbanisé et de plus en plus motorisé aussi.
Avec les travaux d’assainissement commencés sur un tronçon de la partie basse de la route de Sans-Souci, ces habitants ont été mis devant un fait accompli nouveau : l’entreprise mandatée par la Mairie, la SPIE CAPAG Réunion, a installé depuis lundi une déviation traversant sur quelques centaines de mètres des parcelles privées dont les propriétaires ont été poussés par la Mairie à bétonner eux-mêmes le chemin d’accès, il y a un an et demi, au prétexte, leur a-t-on alors dit, qu’il s’agit d’un “somin zéritié” (chemin privé).
Aujourd’hui, ils voient qu’on y fait passer une déviation, au nom de "l’intérêt général"... ! L’intérêt général, ces habitants y croient et aimeraient bien que la notion ne soit pas à géométrie variable. Mais que les besoins de desserte d’un quartier en pleine expansion soient réellement pris en compte.

Pétition

Ces habitants ont fait signer par tout le voisinage une pétition demandant la remise en état du “chemin benjouin” - c’était alors son nom. "Nous... avons l’honneur d’attirer votre attention sur l’état désastreux du chemin Sans-Souci contour Benjouins Saint-Paul...", commence la pétition.
C’était en 1996 et les choses n’ont fait que se dégrader d’année en année. Jusqu’à ce que la Mairie leur réponde une première fois qu’il s’agit d’un “somin zéritié” et qu’elle ne peut pas intervenir sur un chemin privé. Cependant, la collectivité “baptise” la voie et lui pose un panneau de la ville de Saint-Paul, avec le logo de la ville et le nom “chemin de la croix glorieuse”. La commune avait aussi fait bétonner le chemin adjacent, dit de l’église Saint-Thomas, conduisant au local d’ATD-Quart Monde. "Un somin zéritié lui aussi", soulignent les riverains ! Allez comprendre...

Cotisation

Lassés d’attendre et d’user leurs véhicules sur un mauvais chemin, les riverains décident de se cotiser et d’améliorer le chemin eux-mêmes sur environ trois cents mètres (voir la photo) . Ils ont bien tenté d’obtenir une aide de la Mairie (en matériaux) : rien du tout !
Neuf riverains - quatre propriétaires et des membres de leur famille - ont acheté eux-mêmes les 13 tonnes de ciment, 14 bennes de camion de tout-venant et une centaine de feuilles de treillis. Coût total : neuf fois 600 euros environ, ce qui n’a pas été sans mal pour ces familles très modestes tirant une partie de leur subsistance de la terre.
Ainsi, depuis un an et demi, ce tronçon du “chemin de la croix glorieuse” est bétonné dans sa partie haute débouchant sur le chemin de l’église Saint-Thomas et défoncé dans la partie basse, qui rejoint la route de Sans-Souci. Et c’est cet hybride, considéré par les habitants comme un chemin communal dont une part d’emprise leur appartient, que la SPIE CAPAG a “réquisitionné” lundi pour faire dévier la circulation de la route pendant une durée d’environ trois semaines (16 juin - début juillet).
Puis le chef du chantier est passé hier (jeudi) chez un propriétaire, M. Louise, pour lui présenter une convention d’occupation temporaire.

Réunion

Les habitants, eux, veulent voir reconnu le caractère "communal" d’un chemin desservant un quartier dont l’urbanisation galope. Et n’a pas fini de galoper car la commune a un projet de lotissement sur un terrain communal situé en aval, dans la partie “somin la pousièr”.
Sur les parcelles privées, les enfants des propriétaires s’installent souvent, cherchent un travail et acquièrent une voiture qu’ils détériorent un peu plus chaque jour en traversant leur quartier.
Engrenage classique d’un sous-développement “entretenu”, dans une société propulsée vers la modernité.
Aussi les habitants sont prêts à prendre le taureau par les cornes, pendant la durée des travaux, pour obtenir une réponse ferme concernant l’aménagement du chemin sur toute sa longueur. La réunion prévue en début de semaine prochaine, si elle ne clarifie pas la position municipale, pourrait être suivie de manifestations plus vigoureuses.

Pascale David


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