« En 2004, avec un commune et six conseillers généraux, nous avions fait 45.000 voix et un député élu, Jean-Claude Fruteau. En 2009, nous avons 5 communes dont Saint-Denis, 11 conseillers généraux, potentiellement une base électorale élargie et nous faisons 8.106 voix de moins ! C’est un échec, nous n’aurions jamais dû perdre cette élection » : ce constat de Jean-Jacques Vlody est partagé par Patrick Lebreton, député-maire de Saint-Joseph ; Blanche Javelle, conseillère régionale ; Didier Dalleau, conseiller général de Saint-Philippe ; Guito Ramoune, maire de la Petite-Île ; Axel Vienne, conseiller général de Saint-Joseph ; et par de nombreux élus et militants du PS.
Cette analyse des résultats des élections européennes est totalement différente de celle du premier secrétaire fédéral, Gilbert Annette. « On ne peut pas se satisfaire de réduire l’écart avec un partenaire, notre objectif c’est de devancer l’UMP, mais contrairement à 2004, l’UMP est devant nous », poursuit Jean-Jacques Vlody.

Faible mobilisation à Saint-Denis

Ces européennes sont un « échec cuisant » pour la fédération et sa direction. Les socialistes "ruraux" constatent la faiblesse de la mobilisation autour de la candidate dionysienne à Saint-Denis : 37% des suffrages dans la capitale, soit bien moins de 10.000 voix. Dans le même temps, Ericka Bareigts est arrivée en tête largement dans les communes du Sud dirigées par le PS.
Cet échec s’explique par une absence de légitimité de la candidate, qui n’a jamais gagné une élection au suffrage universel direct, qui n’est pas disponible et pas expérimentée alors que, rappelle Patrick Lebreton, Jean-Jacques Vlody a pris des responsabilités dans l’agriculture au Conseil général pour justement se former à ces dossiers européens complexes.
« À aucun moment il n’y a eu débat pour la désignation de la candidate », poursuit le député-maire de Saint-Joseph, « cette désignation s’est faite dans l’avion et à Paris ». À cela s’ajoute une « mauvaise campagne », où « rien n’a été fait pour l’unité ». Et de préciser à l’attention de Gilbert Annette qu’« à force de pointer des minorités, les minorités finiront par faire l’unité des minorités ».
L’analyse de ces responsables socialistes est claire : « tous les ingrédients étaient réunis pour aller à l’échec politique ». Ils appellent à « ne pas se laisser embarquer dans la stratégie solitaire et suicidaire » du premier secrétaire.

« Notre électorat est parti voter Vert »

Une conséquence de cette stratégie est le progrès des Verts, dû au fait que « c’est notre électorat qui est parti voter Vert ».
Ce qui veut dire que pour les régionales, il est hors de question de continuer à porter un projet où la CINOR et Saint-Denis sont les seuls concernés par les infrastructures. Patrick Lebreton pointe du doigt le Boulevard Nord, indiquant que le Sud a besoin d’infrastructures.
Les socialistes "ruraux" pensent que le cycle commencé en 1971 à Epinay est fini depuis 2002, et l’échec de Lionel Jospin dès le premier tour de la présidentielle. Ils indiquent que le PS ne pourra pas renouveler son succès électoral de 2004 aux régionales où il a emporté en France 20 Régions sur 22.
Pour sortir du mur dans lequel se trouve le PS, les socialistes "ruraux" proposent une dynamique de rénovation à la tête du Parti socialiste et au niveau local. Il s’agit d’œuvrer pour que le PS redevienne un parti de militants plutôt qu’un parti d’investitures. Au niveau de l’organisation, Patrick Lebreton constate qu’il y a « intérêt au niveau des départements d’outre-mer à créer un lien nouveau avec le national ». Les élus du Sud mettent aussi en avant le courant Espoir à gauche et le NPS pour renverser la tendance. Et un débat doit aussi être lancé de manière urgente sur le contenu. Car « pour conduire des politiques de droite, les électeurs préfèrent des gens de droite ».

M.M.