La CGT a jugé « totalement orienté » le nouveau rapport du Conseil d’orientation des retraites (COR), en déplorant que le président de cette instance soit « en mission commandée » pour l’Élysée en privilégiant pour préserver le système le recul de départ de l’âge à la retraite.

« Il y a un scandale dans le fait de ne flécher qu’une seule préconisation. Jusqu’à présent, le COR émettait des hypothèses et aux politiques de trancher. Là, c’est totalement orienté », a fustigé le représentant de la CGT Denis Gravouil, chargé de la protection sociale et des retraites, interrogé par l’Agence France Presse.

« Gilbert Cette, (le président du COR, NDLR) est en mission commandée par Emmanuel Macron », a critiqué le syndicaliste, indiquant que le « pré-rapport » a été présenté au lendemain du vote à portée symbolique par les députés d’une résolution pour l’abrogation de la réforme de 2023 prévoyant notamment le recul de l’âge légal de départ de 62 à 64 ans.

Dans son rapport, qui doit être formellement adopté le 12 juin en assemblée plénière, le COR a qualifié de « récessives » trois des quatre pistes pour préserver l’équilibre financier du système.

Parmi ces pistes, il y a la modération de la progression des pensions nettes de prélèvements ; la hausse des contributions retraites des salariés ; la hausse des contributions retraites des employeurs. Le COR suggère une quatrième piste : le « recul de l’âge de départ à la retraite qui permet un accroissement des taux d’emploi ».

« Le COR n’existe qu’à travers les avis de son conseil, il se réunit jeudi. Donc il n’y a aucune orientation sur les retraites qui existe pour l’heure au niveau du COR... sauf à vouloir électriser ou biaiser les travaux du conclave en cours. Ce qui est inadmissible », a déclaré à l’AFP Yvan Ricordeau, secrétaire général adjoint de la CFDT.

Le rapport est publié alors que les négociations pour rediscuter la réforme de 2023 sont entrées dans la dernière ligne droite, en vue d’une conclusion le 17 juin.

Ces discussions orientées par le gouvernement ont poussé les syndicats CGT et FO à se retirer. « Pour la première fois, on a un rapport qui ne retient qu’une hypothèse unilatérale, qui est celle de Gilbert Cette. Les autres hypothèses ne sont pas présentées », a également critiqué le député LFI Éric Coquerel, président de la commission des Finances à l’Assemblée nationale, sur franceinfo.

Gilbert Cette, soutien d’Emmanuel Macron lors de la présidentielle de 2017, a été nommé en octobre 2023, prenant la suite de Pierre-Louis Bras. Ce dernier avait été vivement critiqué par le gouvernement en déclarant à l’Assemblée nationale que « les dépenses de retraites ne dérapent pas ». Le remplacement de Pierre-Louis Bras par Gilbert Cette avait été dénoncé par les syndicats.