Affaire Belliraj, affaire « Le Serpent »

Lorsque des journalistes - des vrais - mènent l’enquête.

6 mars 2008

Entre le 21 février et le 4 mars, « Le Soir » a consacré 25 articles à l’affaire Belliraj, un agent des services de renseignements belges, assassin et chef d’un réseau terroriste.

Jeudi 21 février 2008
Maroc
Lourdes affirmations officielles : Un Belge chef de réseau terroriste ?
Le Premier ministre marocain, Abbas El Fassi, a annoncé hier la dissolution du parti islamiste Al Badil Al Hadari (Alternative civilisation) alors que la police a fait état de la saisie de nombreuses armes à feu lors du « démantèlement d’un réseau terroriste », soit 32 personnes dont trois Belgo-Marocains.


Mardi 26 février 2008
Terrorisme Une dizaine de suspects marocains intéressent les enquêteurs belges : Belliraj avait été entendu chez nous
Les enquêteurs belges partent cette semaine vers le Maroc dans le cadre de l’enquête sur le démantèlement de « réseau Belliraj », soupçonné de faire le lien entre banditisme et terrorisme et de préparer des attentats. Ils ne partent pas dans le cadre très figé d’une commission rogatoire, mais bien pour procéder à un échange d’informations sur les affaires criminelles qui interpellent nos deux pays.


Le Comité R* enquêtera sur Belliraj.
Vendredi 29 février 2008
Le ministre de la Justice Jo Vandeurzen a demandé au Comité R d’enquêter sur la manière dont les services de renseignement s’y sont pris dans leur collecte et leur traitement d’informations dans le dossier autour d’Abdelkader Belliraj, soupçonné par les autorités marocaines d’être le chef d’un réseau terroriste islamiste. Le ministre se dit également inquiet du fonctionnement efficace et correct de nos services de renseignements et de sécurité.

* Comité R : Comité permanent de contrôle des Services de Rensignements


Belliraj était un informateur de la Sûreté de l’Etat
Vendredi 29 février 2008
Abdelkader Belliraj, l’homme soupçonné par les autorités marocaines d’être le chef d’un réseau terroriste islamiste, a été pendant des années un informateur de la Sûreté de l’Etat, annoncent plusieurs médias. Abdelkader Belliraj est un Belge d’origine marocaine qui habitait jusqu’à la fin janvier à Evergem. Il a été arrêté avec des dizaines d’autres suspects le 18 février par la justice marocaine, et est soupçonné d’avoir préparé des attentats. Selon les autorités marocaines, il aurait reconnu six assassinats en Belgique.


Samedi 1er mars 2008
Terrorisme Le mystère s’épaissit encore autour du Belgo-Marocain : Liens entre Sûreté et Belliraj ?
Le mystère s’épaissit autour d’Abdelkader Belliraj, ce Belgo-Marocain arrêté le 18 février au Maroc. Les autorités de Rabat l’ont présenté comme le chef d’un important groupe terroriste. Puis elles ont fait le lien entre cet homme, certains de ses complices et des meurtres commis en Belgique dans les années 80 en Belgique, et jamais résolus par nos services de police.
Terroriste et assassin présumé, Belliraj aurait aussi été un informateur de la Sûreté de l’Etat belge pendant plusieurs années, selon les médias qui ont fait circuler l’information, ce vendredi. Mais comme le dit Armand De Decker (MR), président du Sénat et de la Commission chargée du suivi du Comité R, « il faut faire preuve de la plus grande prudence, les tentatives de manipulation étant possibles dans ce genre de dossier. »
Que la Sûreté dispose d’informateurs, cela ne fait aucun doute. Que Belliraj en soit un, c’est possible. Mais la Sûreté ne le reconnaîtra pas, évidemment. Le ministre de la Justice, Jo Vandeurzen (CD&V), a cependant demandé au Comité R d’enquêter sur la manière dont les services de renseignements ont « géré » le dossier Belliraj.


Samedi 1er mars 2008
Belliraj aurait été recruté par la cellule de Gand
Abdelkhader Belliraj, membre du réseau terroriste démantelé au Maroc, a été, depuis huit ans et la fin des années 1990, un indicateur officiel rémunéré de la Sûreté belge, indique La Dernière Heure samedi. L’homme aurait été recruté par la cellule de Gand de la Sûreté. Selon la Dernière Heure, le recrutement a été opéré après les vérifications de rigueur. En outre, Belliraj était rémunéré, insiste le quotidien. Enfin, selon Het Laatste Nieuws et De Standaard, lorsque le chef du service de renseignements, Alain Winants, a participé le 20 février à une réunion du Comité pour les renseignements et la sécurité, l’organe belge chargé d’évaluer la menace terroriste, il aurait déclaré ne pas connaître le nom de Belliraj.


Lundi 3 mars 2008
Une nouvelle loi pour la Sûreté de l’Etat
Une nouvelle loi est en préparation pour donner davantage de possibilités d’action à la Sûreté de l’Etat. C’est ce qu’écrivent Het Nieuwsblad, Het Volk et la Gazet van Antwerpen. « Mais il faut qu’il y ait un contrôle suffisant de ce que la Sûreté de l’Etat peut effectuer comme missions », estime le sénateur CD&V Hugo Vandenberghe. La polémique fait rage depuis les révélations sur le fait que le dirigeant présumé d’un réseau terroriste islamiste, le belge-marocain Abdelkader Belliraj, arrêté le 18 février au Maroc, aurait été un informateur de la Sûreté de l’Etat.


Terrorisme Six policiers belges s’envolent ce lundi pour le Maroc : Belliraj sème la zizanie
C’est finalement ce lundi que les six hommes de la section antiterrorisme de la police fédérale arrivent au Maroc afin d’y prendre connaissance du « dossier Belliraj ». « J’insiste, rappelle Lieve Pellens, porte-parole du parquet fédéral, il ne s’agit pas d’une commission rogatoire mais bien d’une délégation.


Terrorisme Les six enquêteurs belges sont arrivés à Rabat ce lundi :
Belliraj : des relations suspectes ? Entre 500 et 2.500 euros pour un tuyau
Les six policiers belges annoncés à Rabat y sont bien arrivés ce lundi après-midi. Emmenés par le directeur des opérations de la police judiciaire fédérale de Bruxelles, Eric Jacobs, ils devraient rester au Maroc jusqu’à mercredi ou jeudi afin de prendre connaissance des charges qui pèsent sur Abdelkader Belliraj, ce Belgo-Marocain de 50 ans considéré par les autorités marocaines comme le chef d’un réseau terroriste.

© La Dernière Heure 2008


Un chef d’un groupe islamiste soupçonné de 6 meurtres en Belgique (20/02/2008)
Le chef d’un réseau islamiste démantelé au Maroc est soupçonné d’avoir commis six assassinats et plusieurs braquages en Belgique

RABAT "Abdelkader Belliraj, alias "Ilyass" et "Abdelkrim", né en 1957 dans la région de Nador (nord du Maroc), et possédant les nationalités marocaine et belge, a commis six crimes en Belgique de 1986 à 1989", a affirmé Chakib Benmoussa lors d’une conférence de presse.

"La Belgique n’a pas identifié jusqu’à présent l’auteur. Maintenant que nous savons qui il est, nous allons l’informer pour rouvrir l’enquête à travers Interpol", a-t-il dit.


Selon le ministre, les meurtres ont été commis par Belliraj "avant la mise en place en 1992 des bases du réseau terroriste en question".

Par ailleurs, entre 1992 et 2001, les membres du réseau ont organisé une série de braquages ou de tentatives de braquage, a poursuivi M. Benmoussa, ajoutant qu’en 1996, le réseau avait tenté d’assassiner un citoyen marocain de confession juive et qu’il avait planifié d’autres assassinats en 1992, 1996, 2002, 2004 et 2005.


M. Benmoussa a annoncé que le groupe, dont au moins trois membres avaient la nationalité belge, « Le réseau terroriste +Belliraj+ projetait de perpétrer des attentats terroristes à l’aide d’armes à feu et d’explosifs et d’assassiner des personnalités marocaines en vue. (...) Il avait inscrit comme cible des ministres, des officiers supérieurs et des citoyens marocains de confession juive », a assuré le ministre.


Quelque 32 personnes ont été arrêtées lundi et mardi pour appartenance ou complicité avec un "important réseau terroriste à soubassement jihadiste", selon les autorités marocaines.
M. Benmoussa a souligné que ce réseau avait "des liens avec des groupes et organisations terroristes internationaux, particulièrement Al Qaïda, le Groupe islamique combattant marocain (GICM) et le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC, algérien, devenu Branche d’Al-Qaïda au Maghreb islamique)".

Le ministre a ajouté que "certains membres de ce réseau terroriste ont bénéficié, grâce aux relations nouées par Abdelkader Belliraj avec des organisations terroristes internationales, d’entraînement au maniement des armes et à la fabrication d’explosifs à partir de produits chimiques disponibles sur le marché".

"Les membres du réseau étaient sous surveillance depuis plusieurs années et la police a décidé de démanteler le groupe le 18 février car la vie des gens était en danger", a déclaré à l’AFP un haut responsable marocain.

A la suite de ces arrestations, le Premier ministre marocain Abbas El Fassi a annoncé mercredi la dissolution du parti islamiste Al Badil Al Hadari (Alternative civilisationnelle), autorisé en 2005, alors que la police a fait état de la saisie de nombreuses armes à feu.


La dissolution du parti, dont le chef, Mustapha Moâtassim, et un autre dirigeant ont été placés en garde à vue lundi, a été décidée "compte tenu des liens avérés entre ce réseau (démantelé) et la création même du parti", a indiqué le Premier ministre dans un communiqué.

L’arsenal saisi est notamment constitué de neuf fusils d’assaut Kalachnikov, deux fusils-mitrailleurs, sept pistolets-mitrailleurs, 16 pistolets automatiques et des détonateurs.

Selon la police, les membres du réseau recourent aux "braquages" pour financer leurs activités. En 2001, ils avaient introduit au Maroc une somme équivalant à 30 millions de dirhams (2,7 millions d’euros) issue du braquage commis une année auparavant du siège central de la société Brinks au Luxembourg.


Il aurait commis six assassinats en Belgique (21/02/2008)
Trois résidents marocains en Belgique, dont le chef présumé d’un réseau, Abdelkader Belliraj, arrêtés au Maroc
RABAT Le chef d’un réseau islamiste démantelé en début de semaine au Maroc a commis six assassinats entre 1986 et 1989 en Belgique et ces meurtres n’avaient pas jusqu’à présent été élucidés, a déclaré mercredi le ministre de l’Intérieur Chakib Benmoussa.
"Abdelkader Belliraj, alias Ilyass et Abdelkrim, né en 1957 dans la région de Nador (nord du Maroc), et possédant les nationalités marocaine et belge, a commis six crimes en Belgique de 1986 à 1989 dont les auteurs n’avaient pas été identifiés jusqu’à présent par la justice de ce pays", a affirmé le ministre. "La Belgique n’a pas identifié jusqu’à présent l’auteur (de ces meurtres). Maintenant que nous savons qui il est, nous allons l’informer pour rouvrir l’enquête à travers Interpol", a dit M. Benmoussa.
Selon le ministre, les meurtres ont été commis par Belliraj "avant la mise en place en 1992 des bases du réseau terroriste en question".
Par ailleurs, entre 1992 et 2001, les membres de ce réseau ont organisé une série de braquages ou de tentatives de braquage, a poursuivi le ministre, ajoutant qu’en 1996, le réseau avait tenté d’assassiner un citoyen marocain de confession juive, et qu’il avait planifié d’autres assassinats en 1992, 1996, 2002, 2004 et 2005.
Les membres du réseau recouraient aux braquages pour financer leurs activités. En 2001, ils avaient introduit au Maroc une somme équivalant à 30 millions de dirhams (2,7 millions d’euros) issue du braquage commis une année auparavant au siège central de la société Brinks au Luxembourg.
Les fonds du réseau provenant de différentes activités illicites ont été investis, pour blanchiment, dans des projets touristiques, immobiliers et commerciaux dans plusieurs villes du Maroc, selon la police.
Des bijoux volés en Belgique ont été introduits au Maroc où ils ont été changés en lingots par un orfèvre, également sous les verrous. "Les résultats de l’enquête ont fait apparaître que les personnes impliquées dans le réseau Belliraj (du nom de son chef présumé) ont des liens avérés" avec cinq formations islamistes, selon une source sécuritaire. Il s’agit de la Chabiba Islamya (Jeunesse islamique, interdite), deux groupes présentés sous les noms de Mouvement révolutionnaire islamique marocain (MRIM) et Mouvement des moujahidine au Maroc, le parti Oumma (non autorisé) et Al Badil Al Hadari, autorisé en 2005.
Les autorités marocaines avaient annoncé mardi soir l’arrestation d’un total de trente-deux personnes, dont un officier de police et un journaliste. Trois résidents marocains en Belgique, dont le chef présumé du réseau, Abdelkader Belliraj, figurent parmi les prévenus.
HIer soir, on apprenait auprès de la porte-parole du parquet fédéral, Lieve Pellens qu’un dossier judiciaire a été ouvert en Belgique à la suite de ce démantèlement. Aucun juge d’instruction n’a à ce stade été désigné en Belgique. Le service public fédéral (SPF) Affaires étrangères a confirmé être au courant de l’identité du principal intéressé, Abdelkader Belliraj, et du fait qu’il possède également la nationalité belge. Cet individu habiterait à Edegem, près de Gand.
Mohamed Chakir © La Dernière Heure 2008


Réseau Belliraj : en 89, une adresse à St-Gilles (23/02/2008)
Le cerveau arrêté au Maroc, a quitté la Belgique il y a un mois
BRUXELLES Il n’est pas exclu que six membres de la police judiciaire fédérale belge s’envolent déjà ce week-end pour le Maroc afin d’y obtenir des précisions sur le volet belge du réseau Belliraj. Hier, Bruxelles prévoyait que Rabat officialiserait son feu vert peut-être déjà ce samedi. Selon nos infos, les services belges ont entre-temps déjà pu vérifier qu’entre 1986 et 1989, époque des six assassinats commis en Belgique, Abdelkhader Belliraj habitait effectivement en région bruxelloise. Il y a occupé plusieurs adresses.
En particulier en 1989 - année des assassinats : le 29 mars de l’imam directeur de la Mosquée Cinquantenaire Abdullah el-Hadi et du bibliothécaire Salem el-Behir ; le 20 juin, du chauffeur égyptien Samir Gahez Rasoul de l’ambassade d’Arabie Saoudite ; et le 3 octobre du professeur Joseph Wybran - Belliraj habitait dans la commune bruxelloise de Saint-Gilles, centre géographique de ces exécutions.
Son existence se modifie deux ans plus tard, vers 1991, quand Belliraj rencontre son épouse et déménage Leiekaai à Gand. En 2002, le couple s’installe à Evergem avec leurs trois enfants de 6, 8 et 11 ans.
Selon Mme Belliraj, son mari a quitlé la Belgique pour le Maroc il y a un mois. Elle n’avait plus de nouvelles de lui depuis fin janvier et affirme qu’elle ignorait ses activités.
Son avocat, Me Abderrahim Lahlali, entend défendre la vie privée de sa cliente, qui ne connaissait pas son mari à l’époque des meurtres en Belgique.
Gilbert Dupont © La Dernière Heure 2008


Belliraj en Afghanistan en 2001 (04/03/2008)
Selon les services marocains, il a séjourné avec les talibans, puis, en 2005, dans les maquis algériens
BRUXELLES
Belliraj ne travaillait pas pour la Sûreté depuis huit ans, mais plutôt depuis 12 à 15 ans.
Il n’était pas rémunéré à l’information, ni au résultat ponctuel, mais de façon répétée et très régulière par des salaires quasi mensualisés. Le montant de ceux-ci n’est pas divulgué.

À 13 h 05, hier, six policiers belges se sont envolés pour Casablanca : il s’agit de deux spécialistes du terrorisme, deux du grand banditisme et deux policiers de la Crime. Ils ne seront pas autorisés à rencontrer Belliraj. Et puis, surtout, le silence d’Alain Winants : une scène d’anthologie quand le patron de la Sûreté de l’État, le 20 février dernier, a dû reconnaître que Belliraj - présenté au Maroc et en Belgiqe comme l’auteur possible de six assassinats chez nous - était depuis des années un informateur des services secrets belges, lesquels ne s’étaient jamais doutés de rien.
Nous sommes en mesure de décrire la scène, de façon assez précise, de la manière suivante.
Le procureur fédéral demandait si ce Belliraj était connu chez nous.
C’était au tour de l’administrateur général de la Sûreté, Alain Winants, de répondre. Chacun a pu observer l’embarras de l’ancien magistrat devenu patron de la Sûreté.
M. Alain Winants n’a pas répondu directement mais de façon ambigüe et détournée, apportant la seule réponse qu’il pouvait donner sans mentir, suffisante pour faire comprendre aux initiés comme l’étaient tous les participants, que la réponse était affirmative. Oui, Belliraj travaillait pour la Sûreté.
Avec Belliraj, la Sûreté belge disposait d’une source de première qualité... et l’on s’en rend encore mieux compte aujourd’hui grâce au ministre marocain de l’Intérieur : selon ce dernier, en effet, Belliraj a séjourné en Afghanistan en 2001 - période cruciale pour les partisans de Ben Laden, avec le meurtre du commandant Massoud en ouverture des attentats du 11 Septembre.
Le ministre marocain Chakib Benmoussa ajoute qu’en 2005, Belliraj a rejoint le maquis du Groupe Salafiste algérien pour la Prédication et le Combat, le GSPC. Complétez de l’implication du réseau Belliraj dans un attentat en 1996 contre une personnalité juive à Casablanca.
Afghanistan 2001, Algérie 2005 : de tels déplacements ont-ils pu échapper à la Sûreté belge ? Et si celle-ci a su, que lui ont-ils appris ?
Gilbert Dupont © La Dernière Heure 2008


Des armes de Belgique (05/03/2008)
Et Belliraj était devenu belge... le 30 juin 2000
BRUXELLES Le démantèlement du réseau Belliraj s’accompagne de saisies d’armes sans précédent au Maroc depuis le début des années 1980. Ces armes provenaient de Belgique. Elles ont été introduites au Maroc par des Belgo-Marocains établis en Belgique. Le réseau Belliraj impliquait une filière d’acheminement. Et la police belge n’exclut pas une opération prochaine de démantèlement dans notre pays.
Ces armes ont été introduites, par la route, en deux phases au Maroc, les premières en 1993 et 1994, les suivantes en 2000. Les services marocains y trouvent la preuve d’une structure qui tablait sur le long terme. On sait par où ces armes ont été introduites. Elles sont passées par les postes frontières avec l’Espagne des enclaves de Ceuta et Mellilla. En tout début d’enquête, une liste a été communiquée des premières armes confisquées au réseau Belliraj. La liste ne comprend que des armes typiques en Belgique, soit comme fourniture réglementaire dans nos services de police - c’est le cas du pistolet-mitrailleur israélien Uzi fabriqué sous licence belge pour l’ex-gendarmerie ; du Glock et du pistolet GP 9 mm de la Fabrique Nationale ; soit d’usage courant dans le banditisme belge : des kalachnikovs (calibre 7,62 mm Otan), des Star de fabrication espagnole, des Taurus brésiliens. Les autorités marocaines n’ont plus communiqué le détail de saisies plus récentes faites dans des caches à Nador et Casablanca. Un des objectifs de la présence policière belge au Maroc est de s’assurer que l’arme de 4 des 6 meurtres commis entre 1986 et 89 à Bruxelles ne se trouve pas parmi elles. Au Maroc, en tout cas, elles ont pu servir aux assassinats ciblés (politiques, fonctionnaires et militaires de haut rang) commis dans ce pays en 92, 96 (exécution à Casablanca d’une personnalité juive), 2002, 2004 et 2005.
Hier, De Morgen ajoutait qu’en 2001, en Afghanistan, Belliraj a rencontré le médecin personnel d’Oussama Ben Laden et numéro 2 d’al- Qaida, le chirurgien égyptien Ayman al-Zawahiri, ancien du jihad islamique, soupçonné par les Égyptiens (mais acquitté) de l’exécution du président Sadate et maints attentats (Louxor, Dar es-Salaam, Nairobi). On peut dire qu’avec Belliraj, les Belges avaient une source incroyable ! À quel prix ? Rebondissement supplémentaire : on sait maintenant que Belliraj a obtenu la nationalité belge le 30 juin 2000, avec les facilités de déplacement à l’étranger que procure le passeport belge (cfr l’assassinat de Mahsoud).
La nationalité belge a été accordée sur avis de la Sûreté de l’État au parquet de Bruxelles. Dans l’avis, la Sûreté précisait clairement l’appartenance de Belliraj à des milieux intégristes extrêmes. Comment malgré tout Belliraj est-il devenu belge ? Hier, le ministre de la justice, Jo Vandeurzen, commentait ainsi : "Je ne suis certainement pas le seul à m’interroger sérieusement à ce sujet".
Gilbert Dupont © La Dernière Heure 2008


Belliraj en Afghanistan en 2001
04 mars 2008
(Belga) Abdelkader Belliraj a séjourné en 2001 en Afghanistan et a reçu ses ordres directement d’Al Qaida alors qu’il travaillait comme informateur pour la Sûreté de l’Etat en Belgique, écrivent mardi les quotidiens La Dernière Heure et De Morgen.

Belliraj a séjourné en 2001 en Afghanistan, selon le ministre marocain de l’Intérieur, cité par La Dernière Heure. Selon une importante source policière belge, citée par De Morgen, Abdelkader Belliraj a rendu visite, lors de son séjour en Afghanistan, à Ayman al-Zawahiri, le numéro deux du réseau terroriste Al Qaida et collaborateur direct de son dirigeant Oussama Ben Laden. "Zawahiri a alors confié certaines missions à Belliraj, selon des éléments de l’enquête judiciaire menée au Maroc autour du groupe terroriste dirigé par Belliraj", explique la source policière dans le journal flamand. Selon La Dernière Heure, Belliraj a également rejoint en 2005 le maquis du Groupe Salafiste algérien pour la Prédication et le Combat (GSPC). (GFR)


21 février 2008 à 07:58
Un terroriste soupçonné de 6 meurtres en Belgique
Le chef d’un réseau islamiste démantelé en début de semaine au Maroc est soupçonné d’avoir commis six assassinats et plusieurs braquages en Belgique. Abdelkader Belliraj posséde la double nationalité marocaine et belge.
"Abdelkader Belliraj, alias "Ilyass" et "Abdelkrim", né en 1957 dans la région de Nador (nord du Maroc), et possédant les nationalités marocaine et belge, a commis six crimes en Belgique de 1986 à 1989", a affirmé Chakib Benmoussa lors d’une conférence de presse.
"La Belgique n’a pas identifié jusqu’à présent l’auteur. Maintenant que nous savons qui il est, nous allons l’informer pour rouvrir l’enquête à travers Interpol", a-t-il dit. Selon le ministre, les meurtres ont été commis par Belliraj "avant la mise en place en 1992 des bases du réseau terroriste en question".
Par ailleurs, entre 1992 et 2001, les membres du réseau ont organisé une série de braquages ou de tentatives de braquage, a poursuivi M. Benmoussa, ajoutant qu’en 1996, le réseau avait tenté d’assassiner un citoyen marocain de confession juive et qu’il avait planifié d’autres assassinats en 1992, 1996, 2002, 2004 et 2005.
Des juifs pour cible
M. Benmoussa a annoncé que le groupe, dont au moins trois membres avaient la nationalité belge, avait l’intention d’assassiner des ministres, des militaires et des Juifs. "Le réseau terroriste "Belliraj" projetait de perpétrer des attentats terroristes à l’aide d’armes à feu et d’explosifs et d’assassiner des personnalités marocaines en vue. (...) Il avait inscrit comme cible des ministres, des officiers supérieurs et des citoyens marocains de confession juive", a assuré le ministre.
Quelque 32 personnes ont été arrêtées lundi et mardi pour appartenance ou complicité avec un "important réseau terroriste à soubassement jihadiste", selon les autorités marocaines. M. Benmoussa a souligné que ce réseau avait "des liens avec des groupes et organisations terroristes internationaux, particulièrement Al Qaïda, le Groupe islamique combattant marocain (GICM) et le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC, algérien, devenu Branche d’Al-Qaïda au Maghreb islamique)".
Le ministre a ajouté que "certains membres de ce réseau terroriste ont bénéficié, grâce aux relations nouées par Abdelkader Belliraj avec des organisations terroristes internationales, d’entraînement au maniement des armes et à la fabrication d’explosifs à partir de produits chimiques disponibles sur le marché".
Dissolution d’un parti politique
"Les membres du réseau étaient sous surveillance depuis plusieurs années et la police a décidé de démanteler le groupe le 18 février car la vie des gens était en danger", a déclaré un haut responsable marocain.
A la suite de ces arrestations, le Premier ministre marocain Abbas El Fassi a annoncé mercredi la dissolution du parti islamiste Al Badil Al Hadari (Alternative civilisationnelle), autorisé en 2005, alors que la police a fait état de la saisie de nombreuses armes à feu.
La dissolution du parti, dont le chef, Mustapha Moâtassim, et un autre dirigeant ont été placés en garde à vue lundi, a été décidée "compte tenu des liens avérés entre ce réseau (démantelé) et la création même du parti", a indiqué le Premier ministre dans un communiqué.
L’arsenal saisi est notamment constitué de neuf fusils d’assaut Kalachnikov, deux fusils-mitrailleurs, sept pistolets-mitrailleurs, 16 pistolets automatiques et des détonateurs.
Selon la police, les membres du réseau recourent aux "braquages" pour financer leurs activités. En 2001, ils avaient introduit au Maroc une somme équivalant à 30 millions de dirhams (2,7 millions d’euros) issue du braquage commis une année auparavant du siège central de la société Brinks au Luxembourg.
Avec Belga



MAROC
Un Belge à la tête d’un réseau terroriste
Gérald Papy
Mis en ligne le 21/02/2008
Un coup de filet démantèle un réseau qui, selon Rabat, était dirigé depuis la Belgique.
Le parcours de son chef pourrait permettre d’élucider des crimes en Belgique.
Un coup de filet qui, lundi et mardi, a permis le démantèlement d’un réseau terroriste qui préparait des attentats contre des personnalités politiques et des officiers de l’armée a mis au jour une importante connexion avec la Belgique et, peut-être, des liens avec le Hezbollah chiite libanais. Selon le ministre marocain de l’Intérieur, Chakib Benmoussa, le chef de ce groupe terroriste serait un homme disposant des nationalités belge et marocaine, résidant en Belgique (à Edegem, près de Gand, selon VTM), Abdelkader Belliraj, dit aussi "Ilyass" ou "Abdelkrim".
Apparemment, cet homme aurait, à l’origine, conjugué grand banditisme et combat idéologique. Le ministre a rapporté, mercredi soir, qu’Abdelkader Belliraj se serait rendu coupable en Belgique de six assassinats entre 1986 et 1989 ; des faits qui n’auraient jamais été élucidés. Les autorités de Rabat auraient fait référence à l’assassinat du recteur de la Grande Mosquée de Bruxelles et de son adjoint, le 29 mars 1989, pensait-on par les services de renseignement iraniens pour avoir contesté la fatwa lancée la même année par Téhéran contre Salman Rushdie, et à celui de Joseph Wibran, président du Comité de coordination des organisations juives de Belgique (CCOJB) et médecin à l’hôpital Erasme, à Bruxelles, devant lequel il fut tué le 3 octobre 1989. Le parquet fédéral a annoncé mercredi soir l’ouverture d’une enquête judiciaire.
A partir de 1992, Abdelkader Belliraj aurait accentué la dimension islamiste radicale de ses activités, tout en continuant à les financer par des délits de droit commun. Ainsi, plus récemment, deux hold-up d’envergure auraient fourni aux terroristes des fonds pour soutenir des opérations au Maroc, en l’an 2000 à Bruxelles et à Luxembourg, a précisé à Rabat Chakib Benmoussa. Deux braquages, perpétrés selon le même modus operandi, ont effectivement défrayé la chronique cette année-là. Le 9 octobre, des convoyeurs de fonds de lasociété Brink’s étaient attaqués sur le tarmac de l’aéroport de Luxembourg avant l’embarquement, notamment, de 66 kilos de billets sur un avion de la compagnie suisse "Crossair". Le 31 octobre, même scénario, quatre malfaiteurs braquaient un fourgon de la même société à l’aéroport de Bruxelles-National, emportant des caisses de diamants avant leur chargement dans un avion de la Lufthansa. L’enquête dira si ce sont effectivement ces hold-up qui sont à imputer au groupe d’Abdelkader Belliraj. Le ministre marocain de l’Intérieur a précisé qu’ils auraient été commis avec le concours de truands européens.
Au Maroc, le coup de filet antiterroriste a provoqué une onde de choc parce que parmi les 32 personnes arrêtées (dont deux autres Belges, outre Belliraj), figurent des directeurs de société, des fonctionnaires, dont un policier, un informaticien, un gérant d’hôtel à Marrakech, bref des personnes qui présentent un profil fort différent des jeunes chômeurs de la banlieue de Casablanca qui avaient été impliqués dans les attentats meurtriers de 2004 et de 2007. Le réseau aurait ainsi blanchi de l’argent dans des activités touristiques, des projets immobiliers et commerciaux. Un arsenal militaire a été saisi au cours de perquisitions à Casablanca et à Nador ; il comprend des fusils d’assaut Kalachnikov, des fusils mitrailleurs Uzi et des pistolets automatiques.
Un parti dissous
Surtout, des "liens avérés" ont été établis avec des formations politiques islamistes. En tout cas avec "Al Badil al Hadari" ("Alternative civilisationnelle") puisque deux de ses dirigeants ont été arrêtés, le secrétaire général Mustapha al Motassem et le porte-parole Mohamed al Amin Rakala, et aussi avec le Mouvement de l’Oumma, son chef Mohammed el Marouani étant sous les verrous. "Alternative civilisationnelle" a, du reste, été dissoute. Des soupçons pèsent enfin sur trois autres petites formations islamistes, "Chabiba islamya" ("Jeunesse islamique", interdit), le Mouvement révolutionnaire islamique marocain (MRIM) et le Mouvement des moujahidines au Maroc.
Là aussi, ces révélations ont suscité une certaine consternation à Rabat parce qu’elles démontreraient la collusion entre un groupe extrémiste et des partis dont certains étaient plutôt rangés sous l’étiquette "islamistes modérés". Le ministre marocain de l’Intérieur a en outre soutenu que le réseau d’Abdelkader Belliraj était peu ou prou lié à al Qaeda, au Groupe islamique combattant marocain (GICM) et au Groupe salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC) algérien.
Enfin pour clôturer le tout, les autorités et certains médias marocains soupçonnent une connexion entre le réseau démantelé et le mouvement islamiste proiranien libanais du Hezbollah. Le démontrerait notamment l’arrestation, à la faveur du coup de filet du début de la semaine, de Abdelhatif Sriti, le correspondant au Maroc de la chaîne de télévision al Manar, qui est le canal officiel du Hezbollah.
Cet article provient de http://www.lalibre.be


FILIÈRE TERRORISTE
Plusieurs connexions avérées
Gérald Papy
Mis en ligne le 22/02/2008
Les enquêtes de ces dernières années ont révélé des ramifications en Belgique. Elles passent le plus souvent par le Groupe islamique combattant marocain.
Le démantèlement du réseau terroriste d’Abdel-kader Belliraj est loin d’être la première illustration des connexions entre la Belgique et le Maroc dans le domaine du terrorisme. Plusieurs dossiers ont démontré la présence sur le territoire belge de personnes, le plus souvent issues de la communauté immigrée, qui nourrissaient des projets, au minimum, de soutien à des activités terroristes. Le tableau ainsi dessiné par la juxtaposition de ces affaires révèle, semble-t-il, deux constantes : la Belgique aurait servi en quelque sorte de "base logistique" à des opérations de nature plus violente dans d’autres pays et apparaît en filigrane de tous ces dossiers le Groupe islamique combattant marocain (GICM).
Les experts ès terrorisme situent la création de ce mouvement en 1997, dans les milieux islamistes de Grande-Bretagne. Un an plus tard, des perquisitions rue de Mérode à Bruxelles aboutissent à la saisie, entre autres choses, d’un opuscule qui est le texte fondateur du GICM. Ses auteurs y prônent le renversement du royaume chérifien, alors sous Hassan II, jugé apostat et tyrannique, l’instauration du califat au Maroc et dans tout le monde musulman, la constitution de "brigades internationalistes islamistes", le combat contre les juifs...
A l’instar d’autres groupuscules islamistes qui éclosent alors, le Groupe islamique combattant marocain s’appuie en grande partie sur les "Afghans", ces combattants qui ont bouté les troupes soviétiques hors d’Afghanistan. Cette filiation rapproche naturellement le GICM de la mouvance d’al Qaeda dont l’activisme prend une nouvelle dimension avec les attentats de New York et de Washington en 2001, année au cours de laquelle le groupe marocain serait passé sous la coupole de l’organisation d’Oussama Ben Laden. Dans la foulée des mesures répressives prises contre ces groupes, le GICM est inscrit en 2002 sur la liste noire des organisations terroristes établies par l’Onu.
Cette pression n’empêche pas ses membres de continuer à répandre leur idéologie de haine. C’est ainsi qu’on leur attribue les attentats du 16 mai 2003 à Casablanca (45 morts) et, à tout le moins, une participation aux attentats de Madrid, le 11 mars 2004 (191 morts).
Les craintes nourries à l’encontre du Groupe islamique combattant marocain grandissent donc au cours des années 2000, en même temps que la surveillance et la connaissance de ses ramifications en Belgique. Un coup de filet opéré à Bruxelles et à Maaseik, dans le Limbourg, aboutit en 2005 à la tenue d’un procès devant le tribunal correctionnel de la capitale contre 13 prévenus soupçonnés d’appartenance au groupe terroriste. Il se clôture, l’année suivante, par la condamnation de 9 d’entre eux à des peines allant de 3 ans de prison avec sursis à 6 et 7 ans ferme pour trois accusés considérés comme des dirigeants du GICM. Le tribunal a vu dans ce groupe "une cellule terroriste dormante", "auxiliaire obligé des divisions opérationnelles" qui s’était spécialisé dans le soutien à l’exfiltration de terroristes et de jihadistes.
La Belgique, à l’instar d’autres pays européens, peut donc servir à l’occasion de base arrière pour des projets fomentés au Maroc ou au Maghreb. Pas plus tard qu’il y a une dizaine de jours, du reste, deux Belgo-Marocains ont été condamnés en appel à dix ans de prison. Ils avaient été arrêtés en 2005 et auraient "préparé des actes terroristes", dont des attaques des sièges des services de renseignement marocains à Casablanca et à Rabat. Illustration supplémentaire que des connexions terroristes, il y en a, même si elles ne sont le fait que d’une infime minorité de la communauté marocaine en Belgique.


Le double assassinat de la mosquée du Cinquantenaire
J.-C.M.
Mis en ligne le 22/02/2008
Mercredi 29 mars 1989, en fin d’après-midi. Un adolescent, qui joue près de la mosquée du parc du Cinquantenaire, à Bruxelles, aperçoit trois hommes, le visage masqué par des cagoules noires, s’engouffrer dans une camionnette blanche. Peu après, on découvrira, dans son bureau, le corps sans vie du directeur du Centre islamique de Bruxelles, l’imam Abdallah ah-Adhal, un Saoudien sunnite de 35 ans. A ses côtés, gît le cadavre de Salem el Behir, 41 ans, bibliothécaire du Centre. Les deux victimes ont été tuées chacune de deux balles de 7,65 tirées l’une dans la nuque, l’autre dans la tempe. L’imam était connu pour sa modération et venait de déclarer qu’il était partisan d’un procès pour Salman Rushdie, l’auteur des "Versets sataniques", sur qui pesait une fatwa. Il avait reçu des menaces. L’assassinat avait provoqué un vif émoi et pas seulement dans la communauté musulmane, traversée alors par divers courants. Le 31 mars, le double assassinat était revendiqué, dans un message au quotidien libanais "Al Nahar", par l’"Organisation des soldats du droit", proche de Téhéran. Abdelkader Belliraj et son groupe dans le coup ?


BELGIQUE/MAROC
Belliraj était un informateur de la Sûreté de l’Etat
AFP 29/02/2008
Abdelkader Belliraj, l’homme soupçonné par les autorités marocaines d’être le chef d’un réseau terroriste islamiste, a été pendant des années un informateur de la Sûreté de l’Etat, annoncent plusieurs médias vendredi.

Le chef présumé d’un réseau d’islamistes récemment arrêté au Maroc, Abdelkader Belliraj, soupçonné d’avoir commis plusieurs meurtres en Belgique, a été pendant des années un informateur des services de renseignement intérieurs belges, selon plusieurs médias.
L’homme, de nationalité belgo-marocaine, a travaillé avec la Sûreté de l’Etat belge "pendant plusieurs années", a affirmé vendredi le quotidien flamand De Standaard sur son site Internet, sans citer de sources. La chaîne de télévision flamande VTM précise pour sa part qu’il a été informateur pendant huit ans.
Un porte-parole du ministère de la Justice, dont dépend la Sûreté de l’Etat, s’est refusé à confirmer ou infirmer l’information.
Abdelkader Belliraj, 50 ans, a été arrêté le 18 février au Maroc, avec plusieurs autres personnes, en possession d’un important arsenal d’armes à feu. Il est soupçonné par le Maroc d’avoir dirigé un réseau d’islamistes et d’avoir commis six meurtres en Belgique à la fin des années 1980 et au début des années 1990.
Selon une source judiciaire belge, les autorités marocaines soupçonnent le chef présumé du réseau islamiste de trois assassinats politiques en Belgique en 1989.
Il s’agit de celui d’un représentant de la communauté juive et de deux responsables musulmans qui avaient pris leurs distances avec la fatwa prononcée à l’époque par l’Iran à l’encontre de Salman Rushdie, après la publication de son livre "les Versets Sataniques".
L’homme aurait aussi à son compte, selon la presse belge, un quatrième meurtre politique, celui d’un chauffeur égyptien de l’ambassadeur d’Arabie Saoudite en Belgique, Samir Gahez-Rasoul, 24 ans, tué par balles le 20 juin 1989. La victime aurait été prise pour un diplomate.
Les autorités belges se sont toutefois montrées très prudentes jusqu’ici face à ces accusations. Plusieurs des membres du groupe Belliraj, écroués dans le pays pour appartenance à un "réseau terroriste", encourent la peine de mort. Au total, 35 personnes sont poursuivies.


BELGIQUE/MAROC
Vandeurzen : enquête du Comité R
Mis en ligne le 29/02/2008
Le ministre de la Justice Jo Vandeurzen a demandé au Comité R d’enquêter sur la manière dont les services de renseignement s’y sont pris dans leur collecte et leur traitement d’informations dans le dossier autour d’Abdelkader Belliraj, soupçonné par les autorités marocaines d’être le chef d’un réseau terroriste islamiste.
Le ministre de la Justice Jo Vandeurzen a demandé au Comité R d’enquêter sur la manière dont les services de renseignement s’y sont pris dans leur collecte et leur traitement d’informations dans le dossier autour d’Abdelkader Belliraj, soupçonné par les autorités marocaines d’être le chef d’un réseau terroriste islamiste.
Le ministre se dit également inquiet du fonctionnement efficace et correct de nos services de renseignements et de sécurité.
Le ministre chrétien-démocrate souligne que, à l’annonce des arrestations au Maroc de plusieurs terroristes islamistes présumés dont trois (dont Belliraj) auraient la nationalité belge, il s’est immédiatement informé de l’échange d’informations dans cette affaire entre les différents services en Belgique.
"La loi du 11 décembre 1998 sur la classification des informations ne me permet pas d’en dire plus sur le statut des intéressés. J’ai cependant immédiatement demandé au Comité R de lancer une enquête sur la manière dont les services de renseignements s’y sont pris pour collecter et traiter leurs informations dans ce dossier. Je veux à présent attendre le résultat de l’enquête", explique le ministre de la Justice dans un communiqué de presse.


MAROC/BELGIQUE
Belliraj : des questions sans réponse
Roland Planchar
Mis en ligne le 29/02/2008
Trente-cinq terroristes, selon Rabat. Ils ont été entendus sans rien dire. La Sûreté de l’Etat belge mise en cause. Mais attention : la manipulation n’est pas loin.
Trente-cinq islamistes marocains, supposés membres ou complices d’un "réseau terroriste" dirigé par le Belgo-Marocain Abdelkader Belliraj, ont été écroués vendredi à Salé, près de Rabat, a constaté sur place l’agence France Presse. Ils avaient été entendus dans la nuit de jeudi à vendredi par un juge d’instruction du tribunal antiterroriste de Salé, qui les a placés en détention préventive. Ils sont poursuivis pour 9 chefs d’accusation, dont . Toujours est-il qu’ils se seraient tous refusés à toute déclaration devant le juge d’instruction, souhaitant se concerter d’abord avec leurs avocats et prendre connaissance des procès-verbaux de la police judiciaire - un minimum.
L’affaire qui, au-delà de sa dimension purement marocaine, pose un lourd pied en Belgique, a suscité vendredi un autre développement à Bruxelles. Certains médias ont en effet annoncé que M. Belliraj a été, pendant "au moins" 4 ans, un informateur attitré de la Sûreté de l’Etat. Ce qui pose nombre de questions...
Au plan concret, d’abord : le niveau des "primes" soi-disant payées à l’intéressé ne correspond en rien à ce qui est usuel, pour le genre de situations et d’informations évoquées. Il est très surfait. Ensuite, s’il est connu que la Sûreté entretient (c’est d’ailleurs son rôle) des contacts avec une très grande quantité de personnes, ce n’est pas pour autant qu’une ou des discussions avec une personne font de celle-ci un "informateur". Alors même qu’on ignore si ce fut le cas.
Au plan tactique, ensuite, on s’interroge sur ce qui apparaît surtout comme une attaque à qui perd, perd, contre la Sûreté. Car, vraie ou fausse, l’invérifiable assertion (jamais le nom d’un informateur de la Sûreté n’a été infirmé ou confirmé depuis la dernière guerre...) vise en réalité le service de renseignement lui-même.
Car elle suppose que la Sûreté aurait tenu "commerce" avec un terroriste... sans s’en rendre compte. L’image de la Sûreté en pâtirait donc, dans la guéguerre des services antiterroristes, belges ou non.
Deux éclairages : le ministre de la Justice, Jo Vandeurzen (CD & V), a demandé une enquête du Comité R sur le sujet. A raison. Et le président du Sénat belge, Armand De Decker (MR), qui maîtrise le sujet, a de son côté rappelé que "dans ce genre de dossier, il y a des tentatives de manipulation et embarrasser la Sûreté peut être un but en soi". De fait. Mais pour qui et pourquoi ? A suivre.

© La Libre Belgique 2008


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