Le PCR et la visite du ministre de l’Education nationale

Luc Chatel a « esquivé tous les grands sujets »

21 août 2010, par Geoffroy Géraud-Legros

Hier lors d’une conférence de presse, le Parti communiste réunionnais a fait le bilan de la visite du ministre de l’Education nationale et Porte-parole du gouvernement. Le PCR constate que tous les sujets importants ont été esquivés alors que le gouvernement prépare un budget placé sous le signe de la rigueur et des restrictions. Aucune proposition pour régler la question de l’emploi des Réunionnais dans l’Education nationale à La Réunion lors d’un séjour éclair.

Un voyage politique

« Que reste-t-il de la visite de Luc Chatel ? », demande Maurice Gironcel, soulignant d’emblée que le ministre de l’Education nationale qui a achevé jeudi sa visite dans notre île, porte aussi les casquettes de porte-parole du gouvernement et de cacique de l’UMP. Réponse : pas grand-chose, ou plutôt, pas grand-chose de visible. Cantonné à des visites en terres UMP, le ministre a « esquivé tous les grands sujets ». Faits et chiffres à l’appui Maurice Gironcel a rappelé les chiffres tristement éloquents qui témoignent de la crise qu’endure notre pays : « La récession ? Pas un mot. 1500 faillites annoncées par l’IEDOM ? Silence. Les difficultés grandissantes des communes ? Rien à signaler ». Insensible à ce bilan, M. Luc Chatel s’est plutôt employé à valoriser un dirigeant de Région qui vient de détruire « trois mille millions d’investissements »…et sans doute, à « venir mettre en ordre les troupes de l’UMP pour les cantonales ».

Geoffroy Géraud-Legros

Le Parti communiste réunionnais constate que le porte-parole du gouvernement n’a rien dit sur l’effondrement de l’économie réunionnaise. (photos Imaz Press Réunion)

« On voudrait se foutre de la gueule des fonctionnaires, on ne s’y prendrait pas mieux »

Un soutien médiatique à la casse sociale souligné à son tour par Ary Yee Chong Tchi Kan. Celui-ci a en outre dénoncé l’escamotage du problème de la surrémunération par le titulaire du ministère qui emploie le plus de fonctionnaires.

Alors que la rigueur s’abat et que le Gouvernement taille dans le vif des dépenses publiques, « Chatel n’a pas rassuré les fonctionnaires. Il leur a dit "circulez, il n’y a rien à voir". Comme si nous ignorions que nous sommes aujourd’hui en pleine confection du Budget, et du Budget de l’Outremer. Comme si nous ne savions pas lire, et que nous n’avions pas vu les déclarations d’Arthuis, de Méhaignerie et cie, qui évoquent tous la disparition de la surrémunération ». « Vraiment », a-t-il ajouté, « on voudrait se foutre de la gueule des fonctionnaires, on ne s’y prendrait pas mieux ». A cette diversion s’ajoute selon Ary Yee Chong Tchi Kan le « silence ministériel » sur les fonctionnaires territoriaux, corps miné par la précarité, dont « 25% des membres seulement sont titulaires ».

Geoffroy Géraud-Legros


« On veut évincer les Réunionnais »

Elie Hoarau a abordé la difficile question de l’emploi des Réunionnais dans l’éducation nationale. Une situation inacceptable, a-t-il souligné, dont témoigne le traitement par Luc Chatel du problème des professeurs stagiaires.

Le secrétaire général du PCR a évoqué le reportage diffusé à la télévision, montrant la détresse d’une jeune femme nommée en France hexagonale, sans salaire, sans logement, laissant derrière elle un conjoint et un enfant en bas âge. « Inadmissible » a-t-il déclaré, rappelant que dans le même temps, « 449 nouveaux enseignants débarquaient, dont 59 seulement sont des Réunionnais de retour au pays ». « Inadmissible » plus encore, alors qu’à La Réunion, le chômage touche 37,5% de la population, la moitié des jeunes, et n’épargne pas les jeunes diplômés.

Des solutions existent, a-t-il souligné, rappelant le moratoire proposé en 2006 par le Parti communiste réunionnais. L’histoire enseigne aussi qu’il est possible de créer à La Réunion les fonctionnaires capables d’assumer les fonctions d’enseignement. « On pourrait s’inspirer des expériences telles que le CRIRE, en créant sur place des formations prenant en charge des Réunionnais titulaires de licences ou de maîtrises, et en leur prodiguant le soutien pédagogique nécessaire. Une procédure qui serait bien entendue validée par un inspecteur d’Académie, qui sanctionnerait l’évaluation de l’enseignant » précise-t-il, afin d’écarter les mauvaises querelles et les faux débats habituels.

Cette initiative n’a rien d’utopique : en plus des précédents historiques, elle trouverait une « base juridique dans le droit à l’expérimentation, proclamé par la Constitution ». Une manière, conclut Elie Hoarau, « d’en finir avec une politique au travers de laquelle on cherche à évincer les Réunionnais ».

Geoffroy Géraud-Legros

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